Michaël Tauxe, ostéopathe, nous parle du trail.

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Les intervenants

Michaël Tauxe : Ostéopathe

Juliette Corgnet : Physiothérapeute

Transcription du podcast

Juliette : Bonjour et bienvenue sur le podcast Santé Sport de CapRol. Aujourd’hui, on se retrouve avec Michaël Tauxe, ostéopathe à Sion. Bonjour Michaël. Est-ce que tu peux te présenter s’il te plaît ?

Michaël : Alors comme tu as dit, je m’appelle Michaël Tauxe, j’ai 35 ans. Je suis ostéopathe à Sion depuis 2015 en tant qu’indépendant. Je me suis spécialisé dans la prise en charge des coureurs, des patients coureurs, dans la prévention et la prise en charge des blessures en course à pied. Grâce à des formations que j’ai fait à la Clinique du Coureur.

Juliette : La fameuse clinique du coureur connue de tous !

Michaël : Oui, elle est maintenant bien reconnue. Je suis parti au mois de juin à Québec faire le cours expert chez Blaise Dubois. S’il nous écoute, je le salue.

Juliette : Tu as fait toutes les formations, tous les modules de la clinique du coureur ?

Michaël : Pas tous, Non. Car il y a certains modules, avec des thématiques qui jusqu’à présent m’intéressaient un peu moins. Tout ce qui est nutrition, ce n’est pas mon domaine, donc je ne l’ai pas fait. Je pourrais le faire d’un point de vue personnel, ça viendra, mais pour l’instant ce n’est pas le cas. J’ai vraiment axé sur les blessures en course à pieds.

Juliette : Pour pouvoir faire le cours expert, il faut quand même déjà avoir fait passablement de modules. Donc tu en a fait déjà une énorme partie ! Ils t’en reste quelques uns.

Son entraînement personnel en tant que traileur et ostéopathe

Juliette : Au niveau sport, tu fais du trail, c’est ça?

Michaël : Oui, exactement. Alors dans le privé, j’ai une compagne et un petit garçon de quatre ans. Et, je fais du trail. De la course en général, mais axée trail en compétition. Avec en moyenne six entraînements par semaine, pour aboutir aux résultats que j’espère avoir.

Juliette : Au niveau de ton entrainement, il est constitué de quoi ? Que de la course, ou tu inclus d’autres choses ?

Michaël : Dans les six entraînements par semaine, il y a en tout cas une fois du vélo, une fois du renforcement musculaire. Une à deux fois du renforcement, cela varie en fonction des semaines et de quand sont les courses. Mais ce n’est pas que de la course, non !

Juliette : Donc il faut un petit peu de tout. Il ne faut pas que courir pour être performant en trail.

Michaël : Exactement.

Qu’est-ce que le trail ?

Juliette : Est-ce que tu peux nous expliquer à quoi correspond le trail ?

Michaël : Alors le trail, il y a plusieurs définitions. Ce n’est pas clair. Qu’est-ce que le trail ? On parle de trail running, donc de la course en sentiers, donc de la course en nature. Pour la différencier de la course à pied sur route qui est de la course sur du bitume ou sur de la piste. C’est la différence. Quand tu vas courir dans un parc en ville, le long des bisses ici, en montagne, c’est du trail. Le trail ce n’est pas forcément de la course en montagne comme pas mal de gens le pensent.

Juliette : Ok, donc c’est plus général que juste de la course en montagne.

Michaël : Exactement. Après tu as vraiment la course de montagne spécifique, les formats en compétition course de montagne qui sont différents des courses de trail, c’est vraiment ce qui se passe en montagne pur. C’est de la montée, c’est que de la montée généralement. Puis après tu as encore d’autres catégories comme le sky running ou bien les kilomètres verticaux qui sont aussi du trail, mais encore spécifiquement, en haute altitude sur des trucs techniques. C’est assez assez vaste, et flou.

Juliette : Et encore plus dur !

Michaël : Effectivement.

Quelles capacités physiques pour du tail ?

Juliette : Est-ce qu’il y a une capacité physique qu’il faut avoir en plus pour pratiquer du trail en comparaison à la course sur route ?

Michaël : Alors là aussi, je crois qu’il n’y a pas de généralité. Généralement, il y a un peu des profils types quand même, mais il y a des trucs qui se regroupent j’ai l’impression. C’est vrai que sur route, on a souvent des gens qui sont assez légers, assez sveltes. Alors qu’en trail, à priori, pour encaisser les montées, les descentes, il faut un peu de masse musculaire. Maintenant, je pense que ça dépend aussi les distances qu’il y a en trail.

Juliette : S’il y a beaucoup d’endurance ou pas ?!

Michaël : Si tu allonge les distances … Disons que sur les courses rapides, c’est vrai que cette masse musculaire te coûte de l’énergie aussi en terme de rapidité donc c’est plus compliqué. On a des traileurs qui sont très bons en montagne, en montée, sur des courtes distances. Ils ont des profils type marathoniens. On voit les Kenyans sur les courses qu’ils y avaient par là, Thyon-Dixence, Sierre-Zinal, qui ont un profil type marathonien et qui performent sur des courses comme Sierre-Zinal.

Michaël : Après, si tu prends de l’ultra distance, c’est vrai que là tu as plutôt des gens qui ont des bonnes cuisses, des bons mollets pour vraiment tolérer cet effort là, qui est plus long, qui est plus géré, qui est un peu moins rapide quand même.

Juliette : Ok. Quelque part c’est pour pouvoir encaisser toute la pression exercée. Il y a toujours un débat entre la musculature protège, mais en même temps la musculature coûte, parce qu’elle coûte en poids, elle est plus lourde et elle consomme aussi plus d’énergie. Donc il faut trouver le juste milieu. Après chacun fait en fonction de sa morphologie, je pense. Si tu es plus apte à faire tel ou tel type d’activité.

Michaël : Par exemple, tu as un exemple typique. Enfin tu as plusieurs exemples, mais quelqu’un comme Mathieu Blanchard, qui a quand même des bonnes cuisses, qui est performant sur des ultra distances, il a quand même fait 2 h 22 au marathon de Paris. Donc ça court quand même assez vite. Donc ils sont capables de le faire. Et puis comme je disais, à l’inverse des marathoniens qui explosent des records sur des courses en montagne qui restent assez performants, et eux, ils n’ont pas forcément de la grosse musculature. Donc il y a quand même un peu aussi un côté peut être génétique.

Juliette : La génétique et la capacité de récupération certainement. Et moi je mettrais énormément d’importance sur le mental. Au final s’ils veulent, ils peuvent. Matthieu Blanchard, s’il voulait faire son marathon, il était parti pour faire son marathon.

Michaël : C’est vrai que le mental fait énormément.

Juliette : C’est vraiment tout un ensemble !

Débuter la course à pied en version trail ou sur route ?

Juliette : Pour un débutant qui n’a jamais fait de course à pied. Toi tu conseillerais d’aller courir version trail soft ou sur route?

Michaël : Bon, un débutant,… J’y réfléchis souvent. Où il veut aller en fait, c’est surtout ça d’après moi.

juliette : Son objectif.

Michaël : Son objectif en fait. Parce que si c’est l’idée de faire un peu de course en nature, dehors, pour moi, il peut commencer directement sur du terrain type trail. Pour autant qu’il y ait une notion de progressivité vraiment assez importante, qui est sur route ou sur chemin, de ne pas de ne pas y aller trop rapidement et trop fort. Donc il pourrait commencer comme ça. Il enchaîne, il progresse gentiment, il écoute son corps et selon moi, ça doit bien fonctionner.

Michaël : Après, si tu veux entrer dans le côté, je veux m’améliorer, j’ai tout à coup un chrono sur une course parce qu’il y a un challenge familial ou autre. Je pense qu’il y a intérêt à faire de la route d’abord. Pour le côté développement de ta foulée, ta biomécanique de course. Pour travailler la vitesse. Tu fais un peu ta vitesse, tu augmentes ta VO2, tu travailles ta foulée par de l’école de course par exemple, tu fais des fractionnés, … Puis ensuite tu passes sur du sentier où là tu intègre un peu plus de volume et du dénivelé. Du dénivelé qui peut venir un peu au bout. Mais quand tu as fait cette base avant, ça peut être intéressant dans l’aspect, je veux commencer à performer.

Juliette : Peut-être aussi à sentir aussi, ce que cela provoque sur ton corps au niveau fatigabilité. C’est peut être plus facile de faire ça sur un sol plat, où tu n’as pas à gérer le sol.

Michaël : C’est peut-être plus gérable.

Juliette : Toi tu travailles un peu sur piste ou pas du tout.

Michaël : Personnellement, oui. Je fais généralement une fois par semaine la vitesse sur piste, dans les sorties de course. Donc finalement je fais du trail, une fois du vélo 1 à 2 fois du renforcement, une fois de la piste, il n’y a plus énormément de côté trail. Il ne reste pas beaucoup de séances.

Juliette : Tu travailles pour le trail !

Le travail de vitesse

Michaël : Travailler la vitesse, dans l’aspect performance. Même en trail si tu fais du dénivelé, comme on le disait avant, il faut de la musculature pour encaisser ça. Mais si tu travailles la vitesse pour les formats que je fais, … j’ai oublié de préciser que jusqu’à présent je fais des maximum de 50 kilomètres. Donc, ce côté vitesse, si tu veux faire ta meilleure performance, elle est importante. Il faut la bosser. C’est moins le cas sur de l’ultra distance je pense où tu as d’autres approches qui te permettent aussi d’aboutir à un sacré résultat.

Juliette : Donc la vitesse il faudrait vraiment la travailler sur du plat et travailler en intervalles.

Michaël : Pour moi c’est comme ça que cela se fait le plus facilement, plat piste ou plat route, effectivement.

Juliette : Ce que les coureurs du dimanche comme moi ont beaucoup de difficulté à faire, parce que c’est pas fun.

Michaël : Il faut être motivé. Il faut faire ça sous forme de challenge.

Juliette : Après il faut aimer. Mais c’est bien parce que comme tu le montres au niveau du programme, ce n’est pas : j’aime faire du trail, je ne fais pas que du trail ! Je protège en faisant du renforcement musculaire, je travaille la technicité vraiment à la limite sur piste. Tu travailles la mobilité aussi à certains moments, quand tu sens que ton corps est un peu raide. Tu fais vraiment tout l’ensemble.

Michaël : Exactement.

Juliette : C’est comme dans tout les sports. C’est ce que je rappelle souvent, les gens vont faire un sport et en fait ils sont dans ce sport là. Mais ils oublient qu’il faut préparer le corps à ce sport. Et ils ne font pas de renforcement, de mobilité et ils finissent par se blesser.

 

Il faut préparer son corps à son sport !

Les blessures les plus fréquentes en course à pied concernent le membre inférieur.

Juliette : Au niveau de tes patients ou de ton entourage, quelle est la blessure la plus fréquente que tu rencontres en course à pied ?

Michaël : Ça concerne vraiment les membres inférieurs, ce qui est logique.

Juliette : Il y a très peu de dos ?

Michaël : Il y en a un petit peu, mais en course à pied, ce n’est pas ce qui ressort. Quand les patients disent, je fais de la course, je me suis blessé, j’ai une douleur liée à ma pratique, pour moi, jusqu’à présent, ce n’est pas énormément de dos. Contrairement à la patientèle, parce que je ne fais pas qu’en course à pied, j’ai tous types de patients, c’est clair que les maux de dos dans la société actuelle, il y en a énormément. En course à pied, c’est pas tant le cas, c’est vraiment les pathologies plutôt genou. J’ai énormément de genou en fait, que ce soit syndrome de la bandelette ou le syndrome rotulien ou des tendinopathies …

Pourquoi plus d’atteinte du genou que de la cheville ?

Juliette : Comment tu l’expliques que ce soit plus le genou que la cheville? Est-ce que toi tu as une idée du pourquoi ?

Michaël : Je sais pas. Non, je ne sais pas. Probablement, parce qu’on n’est pas certain, mais probablement lié à la biomécanique de course des gens. Peut-être leur façon de courir, peut-être que le matériel rentre en ligne de compte aussi, qui va favoriser des mouvements de grande amplitude et des grands pas. La cadence assez basse, qui chargerait plus les articulations genou, bassin. Mais ça charge aussi le bassin. Et c’est vrai qu’il y a plus de genou parce que l’anatomie complexe du genou avec des ménisque, des ligaments croisés, …

Juliette : Des fois on n’est pas forcément très stable au niveau du genou. Mais je me dis que les gens se préoccupent beaucoup de l’entorse de cheville. Donc peut-être aussi que si tout bêtement, les gens se préoccupent tellement de l’entorse de cheville qu’ils font plus attention à leurs appuis au niveau du pied. Mais quand la force remonte, ils n’ont pas le schéma neuromusculaire de dire il faut que je stabilise mon genou. Tu vois ce que je veux dire ?

Michaël : C’est vrai que la cheville, elle fait peur, liée à l’entorse. C’est clair, quand tu cours sur sentier, c’est le premier truc. Et effectivement, ils ont probablement peur de ça car c’est hyper connu.

Juliette : Ils font peut-être plus attention.

Michaël : Plus de focus.

Le syndrome de l’essai glace

Juliette : La pathologie nommée le syndrome de l’essuie glace est très connue. Est-ce que tu peux l’expliquer ?

Michaël : Le syndrome de l’essuie glace ! Donc, il y a une bandelette sur l’extérieur de la cuisse qui est tendue par un muscle, le tenseur du facial lata (TFL). Jusqu’à présent, on a appelé ça syndrome de l’essuie glace parce qu’on pensait que c’était dû à des frottements tel un essuie glace.

Michaël : Il semblerait que ce ne soit pas le cas. Je crois que c’est assez débattu encore jusqu’à présent. Mais il semblerait que ça soit plus un phénomène de trop de tension et trop de compression au niveau de la bourse qui gère le plan de glissement. Qu’il y ait trop de compression sur ça et que cela crée une irritation et une inflammation de cette zone. Donc, c’est une problématique, qu’on appelle de répétition. C’est une problématique qui est hyper fréquente chez les coureurs route, qui vont tout à coup faire plus, plus de volume, plus d’intensité, trop vite, trop fort on va dire. Et du coup, ils irritent cette zone, parce qu’il y a ce mouvement répétitif. Ça se voit aussi en descente sur les trails, des gens qui commencent à faire beaucoup de descentes, qui ne sont pas adaptés encore ou qui ne travaillent pas en renforcement à côté pour pallier un peu ça. Ils peuvent vite développer cette problématique. Contrairement au syndrome fémoro-patellaire, ou au syndrome rotulien qui est plus un problème de charge. Là on en a un peu moins sur route j’ai l’impression. Il y en aura toujours, mais c’est plus le côté j’ai fait trop d’intensité, j’ai été trop rapide, que ce soit en montée, en descente ou sur plat.

Le syndrome de l’essuie glace est un problème de répétition. Contrairement au syndrome fémoro-patellaire ou syndrome rotulien qui est un problèmes de charges.

Juliette : Il y a toujours cette notion de progression, où le corps doit s’adapter à l’effort qu’on lui demande. Il faut qu’il y ait un certain effort pour avoir une adaptation. S’il n’y a pas suffisamment d’effort, il n’y a pas d’adaptation. D’où l’intérêt des fois de faire des entraînements sur piste pour travailler la vitesse, etc. Mais il faut quand même que ce soit progressif, il faut s’écouter.

Michaël : Il y a cette phrase le corps s’adapte dans la mesure où le stress appliqué n’est pas plus forte que ses capacités d’adaptation. Ça, c’est la clinique du coureur, ils la disent. Et c’est vrai !

« Le corps s’adapte dans la mesure où le stress appliqué n’est pas plus grand que sa capacité d’adaptation ». La clinique du coureur

Juliette : Par contre sur une pathologie type essuie glace, qu’est-ce qu’on doit faire dans un premier temps ou quel symptôme doit-on surveiller ? Par exemple quand tu as une douleur sur la face externe du genou, que tu as couru, que tu sais que tu n’as pas été super progressif, que tu as un petit peu abusé. Est-ce que tu dois directement m’inquiéter ? Est-ce que tu dois t’arrêter ? Qu’est-ce que tu préconiserai ? Alors après c’est toujours pareil, on n’a pas le patient en face. Là on parle de généralités, on essaye d’amener des réflexions. Selon le patient, les choses à faire sont souvent différentes. Mais de façon générale, comment tu décrirai la chose?

Il est important d’écouter sa douleur

Michaël : Bon, moi j’accorde beaucoup d’importance à cette notion de douleur, que ce soit là ou ailleurs. Pour moi, dès qu’il y a une douleur, il faut la prendre vite au sérieux. Parce que le corps nous indique qu’il y a eu quelque chose qu’il ne tolère pas. Que ce soit un syndrome de l’essuie glace, on commence à avoir mal, c’est ok. J’ai mal, pourquoi ? Déjà essayer de comprendre un peu ? Est-ce que j’ai fait quelque chose de différent ? Est-ce que j’ai changé quelque chose ? Est-ce qu’il y a eu une modification qui me permet déjà de comprendre ? Si c’est le cas, tant mieux. Parce qu’ainsi on met le doigt assez vite dessus.

Michaël : C’est peut être un repos, très rapide le repos, jusqu’à ce que la douleur se calme. Et puis reprendre progressivement, sans répéter les mêmes erreurs, forcément. Après, si on n’a rien changé, ça arrive aussi. A priori, les patients disent qu’ils n’ont rien changé et qu’ils ont mal. Il faut prendre encore un peu plus de recul et de voir dans leur situation. Il y a probablement un changement, que ce soit même au job, dans leur vie privée, etc… et qui s’accumule avec la charge qu’on a avec le sport en question. Et ça il faut la prendre en compte.

Michaël : Maintenant c’est vrai que lorsqu’il y a une douleur qui est là et qui peine un peu à passer ou qui revient, même si on a fait un jour de pause, deux jours de pause ou quelques jours, je pense que d’aller vite consulter un professionnel de la santé qui saura aiguiller sur ce que c’est et comment la prendre en charge. Parce que dans ces pathologies là, je parlais de répétition ou de surcharge. On ne va pas forcément préconiser la même chose pour aller vite mieux. Moi je ne suis pas partisan du fait de stopper, de ne plus rien faire, repos six semaines. Dans le monde médical, on entend souvent le nombre six. Il est assez marrant six semaines, six mois…

C’est quoi cette histoire de 4-6 semaines ?

Michaël : Et pourquoi, en fait il y a une douleur, il faut faire six semaines de pause ?Avec la course, ne plus rien faire. Ça, je ne suis pas forcément pour, parce qu’il y a une désadaptation qui est énorme. Après ça va mieux, c’est clair qu’on ne fait plus rien, donc ça va mieux. Mais le patient, il recourt et puis il recourt un petit peu moins que ce qu’il faisait avant par exemple. Mais très vite, ça revient en fait.

Juliette : Parce qu’il s’est totalement adapté et qu’il devrait courir beaucoup, beaucoup, beaucoup moins. Mais on a la même chose en physio. On le voit assez fréquemment sur des pathologies plus ou moins graves. Au final, ils immobilisent les gens, 4 à 6 semaines, et vous allez voir le physio au bout de six semaines. En fait moi je me retrouve parfois, quand les patients me connaissent, ils m’appellent et selon la pathologie, je leur dis vous venez à J1. Il y a plein de choses qu’on ne va pas faire. Parce qu’au niveau médical, personnellement, je pense qu’ils ont, ils ont mis en place des protocoles de sécurité. Ils font une généralité sur les gens et par sécurité ils immobilisent ou ils mettent une attelle pendant 4 à 6 semaines sans explication autre parce qu’ils n’ont pas le temps.

Juliette : Donc ce n’est pas pour les dédouaner mais en fait ils se sécurisent. Alors que quelque part, c’est vrai que si vous pouvez avoir accès à un professionnel de santé à J1 J2, vous êtes blessé, le professionnel va pouvoir avoir un regard plus rééducationnel. Et dire l’attelle oui, mais vous pouvez l’enlever pour faire cet exercice par exemple. Après vous remettez l’attelle. Le médecin il n’a pas le temps et quelque part il se dit que le patient va mal faire l’exercice.

Juliette : Souvent c’est un peu le problème. Et nous on se retrouve, avec des gens qui sont complètement enraidis. Où ensuite on va perdre du temps à récupérer des amplitudes articulaires. Et ça c’est un peu problématique. Mais je ne suis pas sûr qu’on ait une solution idéale d’un point de vue prise en charge médicale. Parce qu’ils sont obligés de suivre des protocoles. Et il y a tellement de différences entre les sportifs athlètes, des sportifs de base et les gens sédentaires, que c’est compliqué.

Michaël : D’où le fait que ce soit ostéo, physio ou coach, qu’ils aient ces notions là c’est important. D’échanger, discuter, d’écouter et après d’éduquer. C’est vraiment de l’éducation.

Juliette : On a un rôle d’éducation. Et puis après les gens, comme tu l’as dit tout à l’heure, quand ils se blessent, quand il y a une douleur, ce que je trouve intéressant, c’est de ne pas se dire j’ai mal, je me suis blessé. C’est de dire, tiens, qu’est-ce qui a changé ? Et ce n’est pas le premier réflexe. Nous, c’est notre premier réflexe parce qu’on est thérapeute. Mais pour les gens au quotidien, ce n’est pas leur premier réflexe. C’est directement de se dire mon Dieu, je me suis blessé, il faut que j’aille voir le médecin. Oui, c’est bien d’aller voir le médecin, mais déjà si vous arrvez vers un thérapeute en lui expliquant un petit peu votre propre analyse et ressentis, le diagnostic est déjà plus facile. Et après par la suite, c’est de discuter avec coach, ostéo, physio ou autre.

Juliette : Et pour moi c’est le patient qui doit faire qui doit faire ses choix. Le médecin il a dit quatre semaines d’attelle. Si on discute et qu’au bout de deux semaines on considère ou que moi par exemple, je considère qu’il peut l’enlever, c’est au choix du patient de l’enlever ou pas. Après le médecin, il a donné ses indications, moi j’ai donné mon ressenti et le dernier décideur, ça devrait, pour moi, être tout le temps le patient. Mais c’est vrai que pour ça il faut que tout le monde lui apporte l’éducation qu’on peut lui donner, avec les regards différents.

Deux exemples de blessures durant le cours d’experts au Québec

Michaël : On a eu un exemple à Québec, enfin même deux dans la cohorte où on était. On était quinze à suivre le cours expert, il y a eu le trail là-bas de la clinique du coureur durant cette période. On l’a un peu tous fait, sur plusieurs distances et on a eu deux cas de fracture parmi les quinze. Il faut savoir que là-bas ce n’est que des racines, c’est du trail, c’est en forêt et tu ne mets pas souvent le pied sur de la terre. C’est que de la racine, c’est hyper technique. Peut-être qu’on n’est pas habitué, mais on a eu un cas de fracture de la base du cinquième métatarsien et une fracture de la fibula.

Fracture du 5ème métatarsien

Michaël : Et là du coup, c’était intéressant parce qu’on était quinze jours ensemble. C’était tout au début en plus. On a fait des cas cliniques avec eux. Le cas de la fracture au niveau méta, il y a quand même une radio qui a été faite pour voir où c’était. Sachant que ça peut être dans ce cas là une fracture de stress, et que c’est une zone à moins bon pronostic. Il a été immobilisé.

Juliette : Il était en décharge ?

Michaël : Il était avec une botte de décharge. Durant ces quinze jours, vu qu’on avait beaucoup d’activités en course à pied, alors c’est clair que lui ne pouvait plus courir. Mais il a tout compensé en vélo. Il a fait du vélo avec sa botte de décharge, etc. L’idée c’était que dès qu’il avait moins la douleur, c’était d’enlever. Après il est retourné chez lui, et on a eu des feedbacks. Il n’a pas attendu ce délai de six semaines. On a eu des échanges avec un ortho québécois là-bas qui disait que 6 c’était le chiffre miracle en médecine. Étant physiothérapeute, il était peut-être un peu plus protecteur de par son rôle, mais que c’était valable de faire aussi en fonction de la douleur. Et c’est vrai qu’il a assez vite enlevé sa décharge, il a assez vite rechargé le pied et maintenant ça se passe bien, alors qu’il n’a pas suivi ce protocole qu’il suivrait ici.

Suspicion de fracture de la fibula

Michaël : L’autre cas de la fibula, là il n’y a rien qui a été fait. En gros, c’était écouter les symptômes. C’est un très très bon coureur d’ailleurs.

Juliette : C’était une fracture ou c’était une fissure ?

Michaël : Alors ce n’est pas déplacé. On n’a pas eu de radio. Mais effectivement, il y a une suspicion de fracture assez notable.

Juliette : Ils n’ont pas fait de radios ?

Michaël : Non, Ils n’ont pas fait de radios. Lui, il pouvait marcher. Alors il marchait, il boitait un peu, il avait un peu mal mais c’était gérable. Il a fait pas mal de vélo et puis maintenant il est reparti comme avant. C’était au mois de juin, donc ça date un petit peu. Mais j’ai souvenir qu’assez rapidement après il nous a fait des vidéos photos de lui. Il habite sur l’île de la Réunion, il a fait des vidéos photos de lui en train de recourir etc… Alors qu’il n’a rien suivi en terme de protocole médical.

Juliette : À écouter sa douleur.

Michaël : Il a écouté sa douleur. Voilà, c’est peut-être une prise de risque parce que s’il avait mal écouté …, lui il est dans le domaine donc il connaît bien. C’est vrai que c’est un patient assez facile, mais ça aurait pu être plus risqué si effectivement il gambadait, qu’il avait toujours mal, que ça consolide mal…

Juliette : C’est ça un peu la difficulté et c’est pour ça que c’est le patient pour moi qui doit qui doit faire le choix. Mais là tu es face à des physio qui connaissent bien leur corps, qui connaissent les pathologies, qui ont un recul avec des patients. Donc le fait d’avoir eu des patients, d’avoir eu les ressentis des patients, ça fait quand même une expérience. Ils ne l’ont pas vécu, mais ça reste une expérience intéressante. Alors que face à des patients X, qui n’ont pas forcément de schéma corporel, c’est plus difficile. Ou quand tu prends à l’inverse des sportifs qui parfois n’ont pas de schéma corporel non plus et qui sont dans la souffrance de dire je pousse, je pousse, je n’ai pas mal, j’y vais encore. Et qui même aime se faire mal, pas par plaisir, mais parce que lorsqu’on veut évoluer dans le sport, il faut quand même un peu de souffrance. C’est toujours dur de leur dire écoute la douleur.

Difficile de dire à certains sportifs de se fiers à leur douleur

Juliette : C’est dur de dire écoute la douleur face à certains sportifs. Moi j’ai des difficultés parce qu’on est face à une population qui n’a jamais mal.

Michaël : Ils n’ont jamais pas mal.

Juliette : Oui, c’est ça.

Michaël : C’est clair que dans le cas des sportifs élite même pro, il y a une charge telle que des douleurs, il y en a, c’est sûr. Maintenant, il faut voir à quel point c’est une douleur, ou une gêne. Dans un monde idéal, il faudrait l’écouter. Maintenant, si tu réduis un petit peu un moment et que tu trouves des activités de transfert de charges, etc… pourquoi pas. Mais c’est vrai que s’il faut plus de temps, c’est compliqué. Ils ne vont pas le faire, ils vont rester là dedans et pour eux c’est normal d’avoir mal.

Juliette : C’est pour ça qu’il faut aussi des fois pouvoir les diriger. Ça reste du coaching. Accompagner le patient, que ce soit à distance ou pas. De poser des questions : tu te sens comment là ? Est-ce que tu as des douleurs ? Comment sont tes performances. Rien que l’absence d’évolution dans les performances, ou une régression, ça nous donne des informations. Puis trouver des activités de transfert. Qui sont moins en charge sur le membre problématique.

Michaël : Ça c’est sûr. Mais même pour un patient en course à pieds, qui court pour le plaisir 1 à 2 fois par semaine, et qui se fait mal, lui dire de stopper, c’est compliqué. Parce qu’il avait plein de bonne volonté de commencer. On le stoppe, ça ne va pas. Et pour la cicatrisation, pour la récupération, pour tout, pour son corps en général, ce n’est pas bon de faire un repos strict. On revient sur ce truc arrêter trop longtemps c’est pas bon. Donc très rapidement, faire des activités de transfert de charges qui permettent quand même de bouger, ça c’est important, ça permet aussi de mieux cicatriser. Et puis dès que possible, reprendre l’activité en question progressivement.

Juliette : À un niveau moindre de là où on en était. Des fois, il oublie aussi.

« Pour la cicatrisation, pour son corps en général, ce n’est pas bon un repos strict ». Michaël Tauxe

Importance de la quantification du stress mécanique

Michaël : Il y a cette cette schématisation à la clinique du coureur, la quantification du stress mécanique dans ses prises en charge. Fondamentalement, c’est ce que pas mal de gens font instinctivement. Là, il y a un mot, il fallait trouver un peu un titre mais c’est exactement ça. C’est de la mise en charge progressive pour stimuler suffisamment afin de générer de l’adaptation, mais sans dépasser ce que les structures peuvent tolérer pour ne pas continuer à les irriter. C’est un jeu entre en faire assez pour se renforcer, mais pas trop pour ne pas irriter.

Que faire en cas de douleur de genou lorsqu’on débute en course à pied ?

Juliette : Après, c’est difficile. J’ai l’exemple d’une amie qui commence à faire un peu de course à pied et elle me dit qu’elle a mal au genou. Elle revient courir et je lui demande si elle a toujours mal. Elle me dit : oui, mais tu m’as dit que ce n’était pas bien d’arrêter. On est parfois un peu dans l’entre deux. Parfois tu te retrouves face à des gens qui ne sont pas des coureurs, qui ont la volonté de se mettre à la course à pied pour X ou Y raison et qui sont super motivés, mais qui n’ont pas forcément la masse musculaire adéquate aussi pour supporter. Donc des fois tu as envie de leur dire, fais moins de course à pied et fait plus de squat, de renforcement, etc… Mais c’est compliqué parce qu’à ce moment là tu es déjà en train de leur mettre un programme qui au niveau planning ou autre, ils n’avaient prévu pas prévu.

Michaël : Un plan, qui peut faire peur.

Juliette : C’est compliqué quand tu dis la course à pied a quand même énormément de bienfaits, donc c’est bien courez, courez. Il ne faut pas que je la limite trop, il faut que je la stimule. Mais en même temps, moi j’aimerais bien qu’elle fasse un peu plus de squats. C’est un peu compliqué.

Juliette : Toi, face à un semi sédentaire ou quelqu’un qui au niveau des membres inférieurs ne fait pas d’activité qui muscle, et qui te dit la course à pied me fait mal aux genoux. Qu’est-ce que tu réponds?

Michaël : Ça ne devrait pas.

Juliette : Au début s’ils ne sont pas en forme, c’est soit les genoux, soit je suis en train d’étouffer parce que mon cardio ne suit pas.

Michaël : Avec la douleur, de nouveau, c’est de voir en fait le sédentaire qui a des bonnes résolutions de début d’année qui se met à courir… Ça dépend aussi du passé des gens, les antécédents et ce qu’ils ont pu faire auparavant. Mais s’il a de bonnes volontés, qu’il n’a plus fait de sport depuis quelques années, qu’il se remet à la course, mais qu’il n’est pas fort musculairement, et qu’il se fait mal au genou. C’est peut être qu’il a été trop fort. Des fois on ne se rend pas compte, mais 20 minutes de course à pied le long du Rhône, ici, il y en a des impacts. Et ces structures, si les tissus ne sont pas adaptés à ça, et bien ça va vite crier, ça va vite faire mal.

Juliette : C’est ça qui est difficile. Quand tu es un groupe d’amis et que tu essayes de faire de la course sociale, les gens suivent et c’est difficile de leur dire, non, aujourd’hui tu ne viens pas avec moi parce que c’est trop pour toi.

Michaël : On est vite entraîné par le groupe, et par les réseaux sociaux, c’est clair que ça stimule. Ça fait aller trop vite, trop fort je pense. Maintenant c’est clair que ce sédentaire, s’il a mal après une course de 20 minutes, il doit en faire moins au début. Et là ça implique quelque chose que beaucoup de gens ne veulent pas. C’est-à-dire qu’ils se disent que le temps de mettre les chaussures si ils doivent aller courir cinq minutes, et bien non. Alors que oui, en fait, en théorie. Si ils chargent progressivement, ça peut aller assez vite. Mais il y a des gens pour qui moins que 20 minutes, ça n’en vaut pas la peine. Et c’est dommage ! À ce moment là, pourquoi pas essayer de discuter et de travailler avec un côté renforcement musculaire. Qui dans tous les cas serait intéressant. Et dire vous allez courir cinq minutes, vous faites un peu de renforcement,… ça se discute de le faire pendant. S’il veut courir 20 minutes, du coup là, il fait une pause, il a mal au genou, il fait peut être pas mal de renforcement pour renforcer ce genou. Puis il essaie de reprendre 20 minutes, pourquoi pas.

Juliette : Ou calmer selon les impacts, en faisant de l’intervalle gentil.

Attention en cas de changement de chaussure

Juliette : On a la même chose dès que tu vas changer les chaussures. Si tu changes pour des chaussures un peu plus minimalistes, il faudrait y aller progressivement. Personnellement j’ai changé de chaussures et j’avais dit, ce que je n’ai pas fait, je vais sortir dix minutes avec des chaussures minimalistes, je vais revenir et puis je vais reprendre avec mes anciennes chaussures pour faire le reste.

Michaël : Ça, c’est ce que tu t’es dit.

Juliette : C’est ce que je m’étais dit. Et c’est vrai que c’est difficile à suivre au niveau progression. Je l’ai peut faire. En contrepartie, avec les chaussures minimalistes, je n’ai pas couru autant. J’ai couru beaucoup moins dans la semaine et j’ai couru sur un temps beaucoup plus petit. Simplement parce que je sentais que je chargeais beaucoup mes jambes et mes mollets. Je n’avais pas envie de forcer parce que je connais le risque de blessure.

Juliette : Parfois, certaines personnes se permettent de ne pas suivre la progression. Mais dans ces cas là, faut vraiment compenser par l’écoute, par du repos, par de la mobilité derrière. Ce qui ne veut pas dire que durant le premier mois, à chaque fois je me disais : tu fais des bêtises, tu fais des bêtises. Mais par chance je ne me suis pas blessée. Mais il y a toujours cette notion de progression dès que tu changes une activité ou du matériel d’ailleurs.

Michaël : Exactement. Pour les chaussures, c’est clair que c’est le côté transition. Quelqu’un qui est intéressé par changer de gamme de chaussures, minimaliste, le maximaliste ou je sais pas comment on l’appelle exactement, il y a l’entre deux aussi. D’un coup ils veulent changer, souvent ils ne savent pas dans quelle catégorie ils se situent. La plus part du temps ils ont de grosses chaussures. Sur le marché, on en trouve beaucoup, en tout cas dans les commerces ici il y a beaucoup de grosses chaussures. Donc c’est clair que là, le changement de chaussures ça passe normalement facilement.

Michaël : Maintenant, des gens qui veulent passer plus sur du minimaliste, il y a la nécessité d’une transition. On parle d’un mois de transition pour chaque tranche de 10% de différence à l’indice minimaliste (la clinique du coureur). Donc en fonction du genre de chaussures, tu en as vite pour quatre, cinq mois, voire plus. Et du coup il faut être sacrément motivé.

Juliette : Quand tu changes de chaussures pour des chaussures identiques mais neuves, les premières courses, j’aurais vraiment tendance à dire qu’il ne faut pas faire comme s’il ne s’était rien passé. La chaussure est neuve, elle n’est donc pas aussi souple. La semelle elle n’est pas faite. Même si c’est la même marque, j’aurais tendance à dire, vous faites la moitié de ce que vous faites d’habitude la première semaine pour voir si les choses s’adaptent de façon naturelle ou pas.

Michaël : Même le même modèle, de la même marque, effectivement une usée ou pas usée, elles n’auront pas forcément exactement les mêmes contraintes. Tu as des variations liées à l’usure de la semelle, etc. Puis effectivement du coup, on ne peut pas repartir sur un volume de 60 km par semaine avec des nouvelles chaussures juste comme ça, c’est clair.

Les bâtons en trail

Juliette : D’ailleurs, j’avais une question sur le matériel, les bâtons en trail. Est-ce que tu peux m’expliquer à quoi ça sert, comment ça marche, comment on les utilise ?

Michaël : Les bâtons en trail, c’est débattu. Il n’y a rien de clair là dessus, mais rien. Beaucoup de trailers sont contre parce qu’ils trouvent que ce n’est pas dans la nature de la course d’avoir ce matériel. Et ils font sans par principe. Après je trouve que ça a quand même une utilité particulièrement en montée, sur des montées raides. Tu viens quand même soulager tes membres inférieurs par la poussée des bras. Donc il y a plusieurs techniques, en double planter dès que c’est vraiment assez en pente ou en alterné. Tu viens quand même soulager indéniablement ta musculature. Tu peux le compenser par pousser avec les mains. On le voit beaucoup, mais ça demande quand même plus d’énergie.

Michaël : D’autres voient l’utilité en descente. Moins souvent quand même, mais il y en a quelques uns qui voient l’utilité en descente par rapport à l’équilibre. C’est probablement des gens qui ont peur de se casser la figure. Bien que ça comporte un risque. Tu coinces le bâton dans un caillou, ça te fait pivoter… Ou des gens qui sont partisans de planter en descente les bâtons et puis de faire des « vols ». Moi, je ne suis pas persuadé. Je pense que l’impact est énorme en descente. T’as intérêt à plutôt gérer, à freiner, à faire des petits pas et puis laisser aller dès que c’est plus roulant.

Michaël : L’utilité pour moi, c’est en montée. Alors personnellement je connais pas mal de gens qui quel que soit le trail qu’ils font, ont les bâtons que ce soit 12 km, 20 km, 100 km etc… Moi j’ai un peu ma limite. Généralement au delà de 30 km, plus que 1800 de dénivelé, ça commence à bien chauffer chez moi en tout cas. Et là je prends les bâtons, parce que c’est une aide. Après, ça dépend aussi du profit de la course. Mais en règle générale, c’est comme ça. Moins que 30 km, j’arrive à faire sans par exemple.

Michaël : Et le désavantage des bâtons, c’est que c’est un peu du poids en plus. Alors on s’entend, ils sont légers maintenant les bâtons, mais ça reste quand même quelque chose à prendre. Ça fait gling gling gling derrière quand tu cours, c’est assez pénible. Pour moi, le plus gros désavantage, c’est que durant les courses, tu te questionnes un petit peu, je sors ou je ne sors pas les bâtons ? Est ce que la pente elle est suffisamment longue pour les sortir ? D’où le fait de connaître le profil. Si tu es constamment en train de les prendre, les ranger, les prendre, ça coûte pas mal d’énergie. Ça c’est le désavantage. Mais c’est une décision personnelle.

Juliette : Sur un syndrome de l’essuie glace, ça pourrait être une aide pour la reprise par exemple ? Ou au final, s’il reprend et qu’il y a des bons dénivelés qui nécessitent des bâtons, c’est qu’il ne doit plus avoir de douleurs ?

Michaël : Moi je pense que c’est plutôt sur cet axe là. Car de toute façon, la reprise, il la fait progressivement. Il a plutôt intérêt de le faire sans aide pour aboutir à augmenter progressivement sans sa douleur jusqu’à un point. Le jour où il prend les bâtons, qu’il ait un essuie glace ou pas, il va avec les bâtons et il aura de toute façon pas mal. Tandis que de reprendre peut être avec des bâtons en post blessure comme ça et que tu ne vas pas forcément les utiliser par la suite, il y a peut-être un risqueque la stimulation soit un peu différente et puis que ça refasse mal.

Juliette : Oui ce n’est pas forcément rentable.

Michaël : Moi je ne m’aventurerais pas avec ça, mais peut être.

Le renforcement musculaire pour le trail

Juliette : Au niveau renforcement musculaire, est-ce tu renforces spécifiquement certains muscles pour le trail ou tu fais du général ?

Michaël : Alors moi j’axe beaucoup, et je conseille aux gens d’axer sur les membres inférieurs. C’est assez vaste, on est d’accord. Je trouve surtout que c’est au niveau cuisse mollet que ça se joue. Et un grand oublié dans le renforcement c’est le pied. Très très peu de gens font du gainage du pied alors que c’est lui qui est en ligne de front, aux premiers contacts.

Juliette : Ce que tu appel le gaignage du pied, c’est des positions de semi entorse, de contre appui sur le pied ?

Michaël : Pas forcément, non. Vraiment, travailler la musculature intrinsèque du pied par des exercices. Tu peux prends un linge, que tu tires gentiment. Tu peux mettre un papiers sous tes orteils et tu écrases la feuille avec tous tes orteils sauf le premier que tu essayes de soulever… Écarter tous les doigts de pied. Et c’est assez intéressant de voir que très peu de gens sont capables de coordonner tous le éléments du pied, d’écarter les doigts, de serrer… de faire ce genre d’exercices. Il n’y en a pas beaucoup qui sont capables de le faire. Nos pieds à l’heure actuelle sont hyper rigides, et désadaptés de par les chaussures qu’on a au quotidien.

Juliette : Sur certains patients, tu as dû le voir aussi. Lorsqu’on explique ces exercices, tout le monde panique car ils n’y arrivent pas. Et petit à petit, ils sentent que le mouvement apparait. Alors ce n’est jamais un truc extraordinaire, mais de sentir qu’il y a des choses vivantes dans leurs pieds et qu’ils arrivent à les bouger, c’est assez fun.

Michaël : Mais le pied, c’est un peu le tabou. Parce que même si tu fais du gainage du pied, contrairement aux cuisses, aux mollets ou bien au gainage de la sangle abdominale, le bénéfice du gainage, l’aide que ça te procure elle n’est pas aussi grande, je trouve. Si tu fais un peu des cuisses tu es plus puissant et plus fort.

Juliette : Elle est moins visible.

Michaël : Les pieds on n’en prend pas beaucoup soin. C’est dans des chaussettes, dans des chaussures. Les ongles, c’est détestable en course à pied. C’est vraiment un oublié en terme de soins et de renforcement.

 

Le pied est un oublié en terme de soins et de renforcement.

Juliette : Toi , est-ce que tu vas chez la chez la pédicure-podologue ?

Michaël : Non

Juliette : Dans le passé j’ai rencontré un formateur à la clinique du coureur qui disait que depuis qu’il s’était accordé un budget pédicure ça avait changé sa vie. Simplement parce que les cors qui sont dus à la course à pied, les ongles, etc… Le nettoyage du pied de façon générale, l’assouplissement du pied, lui, il voyait que c’était bénéfique, moins de crispation dans le pied, donc moins de crispation qui remontent. Lui, il a vraiment vu un changement. Comme tu dis, je pense qu’on ne s’en occupe pas assez. Alors qu’il est vrai que si tu fais tes squats, rapidement tu vas voir la différence, tu vas sentir que tu montes plus vite, tu vas sentir que tu fatigues moins vite. Mais si tu fais tes exercices de pieds, tu ne vas pas forcément sentir grand chose. Mais en contrepartie, au niveau prévention des blessures intrinsèques aux pieds, de surcharge, fracture de fatigue au niveau des méta ou autres, ce n’est pas négligeable je pense.

Michaël : C’est clair. Et même de manière générale, le pied, c’est quand même le premier contact au sol. Donc s’il est faible, tu as beau être tout fort des mollets, des cuisses, des abdos et de tout, cette faiblesse, elle aura un impact global sur le corps. Elle sera compenser par le reste peut être, mais elle aura un impact quand même.

Pied creux, pied plat, que penser ?

Juliette : Entre un pied creux et un pied plat, quel est le meilleur pied pour toi ? C’est question piège. J’adore cette question.

Michaël : Je reste d’avis, mais je n’ai pas une grande expérience avec ça, que ce n’est pas un problème. Ni l’un ni l’autre n’est bon ou mauvais.

Juliette : On fait avec ce qu’on a.

Michaël : C’est un peu ça. Et de nouveau, le corps s’est adapté avec un pied plat, s’est adapté avec un pied creux. Donc en général ce n’est pas un problème. Maintenant, il y a peut être des cas particuliers qui nécessitent une correction ou une attention particulière, mais je pense que ce n’est pas un grand problème.

Juliette : Après c’est le même principe quand tu as déjà une petite scoliose. Alors on ne parle des cas chez les enfants, mais chez les adultes, ça sert à rien de sur corriger. Il faut aussi voir comment on est fait et voir si c’est une faiblesse ou pas.

Juliette : Après j’avais vu un chirurgien orthopédiste justement, qui nous avait posé cette question, donc face à des physio ou tout le monde s’est dit c’est le pied plat mais on sait que ce n’est pas le pied plat. Mais dans notre tête, inconsciemment, culturellement, on nous avait toujours dit ça. Et il nous dit, en fait le meilleur pied c’est le pied plat pour lui. Pourquoi ? Parce que c’est un pied qui absorbe mieux alors que le pied creux est plus rigide. En même temps, à la limite, on peut dire que pour courir, c’est le meilleur pied puisqu’il qui va permettre de transmettre la force plus facilement. Donc il y en a un qui absorbe mieux, mais l’autre qui transmet mieux la force. Donc c’est quoi le mieux ? En fait, il y en a pas un des deux.

Michaël : Après ça fait typiquement partie des trucs où c’est beaucoup des mythes ou des ancrages qu’on a depuis très très très longtemps. Les choses ont pas mal évolué, mais certaines choses sont restées ancrées comme ça. Et puis on reste là dessus.

Juliette : Le principe il ne faut pas bouger parce qu’on a mal, par exemple.

Michaël : Ce qu’on entend souvent aussi dans ces mythes : j’ai mal au genou. J’ai de l’arthrose donc je ne peux pas courir, ça je l’entends encore énormément. Ou je suis en surpoids, je ne peux pas faire de course à pied sur route.

Juliette : J’ai mal aux genoux, donc il ne faut pas courir, il n’y a pas de logique.

Michaël : C’est clair, ça fait partie des mythes. Donc le pied creux plat, pied plat, je pense qu’on a pas mal de mythes là dessus.

Ne pas attendre avant de consulter

Juliette : Après il faut garder cette notion, comme dirait aussi la clinique du coureur, la quantification du stress mécanique, y aller progressivement. Au final, notre corps s’adapte. Donc on fait avec le corps qu’on a, on regarde l’objectif qu’on veut et puis après on est censé y aller progressivement. Maintenant, si on n’est pas capable de le faire seul, il faut se faire accompagner. Et puis quand il y a blessure, comme tu disais par rapport à la douleur, c’est pourquoi j’ai mal, et aller consulter, ne pas attendre.

Juliette : Lorsqu’on a une inflammation au genou, ne pas attendre trois mois pour consulter car ça ne passe pas. Alors qu’entre temps on a continué son entraînement en serrant les dents. Ce n’est pas intéressant non plus.

Michaël : Et ça, malheureusement, c’est ce qu’on voit tout le temps. J’ai peu de patients qui me disent que c’est depuis la semaine passée et qui sont très alertes. Alors il y en a qui font attention, et ça va probablement passer, mais ils ne le font peut être pas assez attention. D’autres qui arrêtent complètement, ce qui n’est pas très bon. Et puis ils recommencent deux semaines après et ça revient. Mais c’est vrai que j’ai très peu de patients qui sont très réactifs. Souvent c’est des gens qui disent que ça fait deux mois, trois mois, voire plus, une année, deux ans qu’ils ont une douleur. Et là le problème c’est qu’effectivement, il faut comprendre qu’il y a des compensations qui s’installent. Il y a de l’irritation qui s’est chronicité. Et face à ça j’explique que ce n’est pas parce que tout à coup ils viennent voir un professionnel que ça ira tout de suite mieux. Quand ça fait quatre, cinq mois, une année ou deux qu’il y a une douleur, ce n’est pas en une ou deux séances, ou en deux semaines que ça va passer. Et là, je pense quand même que si on le prend à la base le problème, donc rapidement, oui, ça peut passer vite. Ça peut passer beaucoup plus vite, que si on a laisser la situation s’installer pendant plusieurs mois.

Juliette : Comme tu dis, il y a de compensation qui se sont mis au niveau des tissus aussi. Parce que les gens vont penser aux compensation par rapport à la hanche par exemple, mais rien qu’au niveau des tissus il y a des compensations qui s’installent. On peut aussi parler des changements au niveau du schéma corporel, au niveau des appuis, la prise de conscience, des choses s’installent dans la chronicité, et pour les enlever, ce n’est pas un thérapeute qui va réussir à les faire disparaître en claquant des doigts.

Michaël : Au niveau neurologique aussi, inconscient. Cet échange neural qui avec ces douleurs sera modifié.

Juliette : Y a tout un ensemble. Plus on prend tôt, mieux c’est. Après, il y a un problème dans le système de santé. Car ce n’est pas forcément évident d’avoir accès au médecin tout de suite. Donc il y a aussi cet élément qui retarde la prise en charge et le diagnostic. Je dis souvent ne traînez pas trop, mais je comprends qu’on ne consulte pas tout de suite.

Juliette : Et ensuite c’est l’expérience. Si vous vous êtes blessé une fois. Oui, parfois vous allez devoir aller payer de notre poche un thérapeute ou autre chose. Mais l’objectif c’est d’apprendre. D’apprendre de cet événement et de ne pas se reblesser par la suite. Parfois, il faut passer par des cliniques privées ou autre chose. C’est dommage, mais le système de soins fera, de plus en plus, que ça sera compliqué. Donc soit on aura les patients tard, soit on aura les patients tôt. On verra comment les choses évolueront. Maintenant, il y a énormément d’infos sur le site de la clinique du coureur, par exemple. On a accès à notre époque a beaucoup d’informations.

Michaël : En libre accès.

Les informations en libre accès, et les consultations à distance

Juliette : Alors on dit souvent aux patients de ne pas aller regarder sur Google. Là, on parle quand même de problématiques souvent mécaniques. Donc oui, sur Google, il faut que ça fasse le buzz. Donc la première chose qui va apparaître, c’est un truc catastrophique. En général ce n’est donc pas ça que vous avez Mais ça peut être intéressant d’aller s’instruire sur tous les réseaux sociaux pour voir un petit peu ce que je dois faire ou ne pas faire.

Michaël : Certains canaux effectivement spécialisés que ce soit sur la clinique du coureur, que ce soit chez Volodalen ou d’autres organisations. Je pense qu’il y a des canaux de confiance et qu’on peut aller voir. Le seul risque, c’est que face à une douleur de genou qui est mal différenciée, il ne faudrait pas prendre de raccourci. Il y a quand même des tests cliniques qui permettent de s’assurer que du diagnostic. Et comme je disais tout au début, on ne fait pas la même prise en charge en termes de coupure de volume, coupure d’intensité pour continuer à maintenir l’entraînement, ce n’est pas la même chose en fonction de certaines pathologies.

Juliette : C’est toujours le problème avec les réseaux. Les réseaux vont pouvoir nous éduquer. Mais toute thérapie, c’est du cas par cas. Donc c’est une face à face entre le patient et le thérapeute. Et il n’y a rien qui remplacera votre thérapeute en face et et vous qui lui communiquer vos ressentis. Et c’est pour ça que de toute façon il faudra à un moment ou à un autre consulter. Mais c’est vrai qu’il faut se préparer dans l’avenir à avoir justement des petits repères de référence parce qu’il y aura certainement de l’attente au niveau médical.

Michaël : Moi je fais un truc jusqu’à présent, à voir si je maintiendrai longtemps. C’est que je reste très disponible, que ce soit sur les réseaux ou bien par téléphone. Alors là aussi, je n’ai pas le patient en face. Tout ce qui est tests cliniques qui permettent d’orienter, vers telle ou telle pathologie, ils ne se font pas. Mais déjà on a un peu le côté coaching. Je ne suis pas coach donc je ne fais pas de plan d’entraînement. Mais je viens coacher dans la blessure, ça c’est plus mon truc forcément. Et par téléphone, on peut déjà aider. Je suis assez joignable justement à faire ça les choses comme ça. J’ai mal là depuis deux jours, qu’est ce que je fais ? On peut déjà pas mal orienter. Ce n’est pas tout de suite, viens au cabinet, on va voir ça. Parce que souvent, dans ces pathologies de course à pied en ostéopathie, je ne fais pas énormément de choses.

Juliette : Il n’y a pas forcément beaucoup de manipulation au départ.

Michaël : Il n’y a pas de manipulation. Dans certains cas, oui, ça ne va pas être mal de rééquilibrer. C’est clair qu’il y a des tensions donc ça ne va pas faire de mal. Mais le 80 % du job, ça va être cette quantification du stress mécanique. Et qui peut être mise en place déjà comme ça, par téléphone, sans forcément de diagnostic précis. C’est à dire ok tu réduis, … , essaye de faire comme ça ces deux ou trois prochains jours et puis on refait le point en fin de semaine. Et si ça ne change pas, il faut peut être venir comme ça, on est sûr de ce que c’est. Et puis là on prend en charge de manière encore plus ciblée. Mais le côté ok, j’ai réduit, j’ai fait un peu, ça va passer, réaugmente un peu progressivement sur une ou deux semaines. Très vite, les gens atteignent de nouveau leur potentiel d’avant. Et en fait, la petite alerte, elle est assez vite passée quoi.

Juliette : Oui et puis ça leur permet de se concentrer sur eux et de voir si par la suite il y a des choses à changer dans leur entraînement. Mais je pense que nous ostéopathes, physiothérapeutes, les coachs ils le font déjà, on sera amené à faire des consultations à distance, pour essayer de compenser la difficulté de consultation avec les médecins. Et c’est vrai que parfois juste sur la direction a donner, comme tu le dis, par téléphone, on arrive déjà a faire des choses.

Michaël : C’est pas idéal parce qu’il n’y a pas la personne en face. On peut pas toucher, c’est clair. Mais très rapidement ça peut donner une ligne de conduite à très court terme, qui peut être assez vite changer dans un sens ou dans l’autre.

Juliette : C’est toujours un peu compliqué. On verra comment les choses évoluent parce qu’on veut tout, mais en même temps, comme tu le dis, ce n’est pas idéal. En même temps, on ne peut pas toujours voir les patients. En même temps on va se poser la question sur les erreurs diagnostic … C’est compliqué, mais je pense que oui, à distance, on arrive de toute façon à faire des choses. C’est pour ça que lorsque vous êtes suivi par un coach, il faut en parler et lui même, il peut déjà commencer à diriger un petit peu. Maintenant, ça dépend des connaissances de chacun.

Michaël : Si il y a une douleur, c’est quelque chose à prendre en compte. Donc s’il y a un coach, il est censé le prendre en compte dans leur planification. Si un coach n’arrive pas à réadapter ce qui a été fait lors de l’apparition d’une douleur, je pense qu’il manque quelque chose. Mais beaucoup y arrivent, et revoient le plan, il est reconstruit à partir de là. Alors c’est assez assez optimal.

Juliette : Quand tu es accompagné dans ton sport, c’est souvent plus facile parce que tu as directement quelqu’un vers qui te tourner. Il y a cet aspect manque de progression, il y a aussi l’aspect de la charge mentale dû au stress de la vie. J’appellerais ça aussi la charge au niveau nutrition. Une nutrition qui n’est pas bonne ou au final tu récupères pas bien. Ça aussi c’est à prendre en considération.

Michaël : Oui, on parle souvent de charges d’entraînement. C’est cette courbe qu’on a en fonction de la charge qu’on met. Mais elle est à prendre en compte dans son contexte global de vie. C’est sûr que la fatigue, le job, le stress, la nutrition, enfin tout finalement charge le corps et en même temps on manque de récupération. Donc c’est clair que la récupération est un point clé aussi dans la prévention des blessures. On va accumuler des contraintes et puis à un moment donné ça peut casser.

Juliette : Après c’est toujours le même message, c’est qu’au final chaque individu est différent. Donc un programme doit être adapté à l’individu. La douleur, la prise en charge d’une douleur doit être aussi adaptée à l’individu. Il n’y aura jamais un message type. Globalement, le message il s’adapte à la personne qui est en face. Après il faut regarder la globalité, penser à la progression et y aller doucement, et s’écouter. Et puis aller interroger les professionnels de la santé ou les professionnels du sport pour pouvoir évoluer et progresser en toute sécurité.

La musculature du dos en trail

Juliette : L’importance du dos. Est-ce que pour toi la musculature du dos est importante ? J’ai vraiment le sentiment qu’on ne travaille pas assez le buste de façon générale, mais aussi les muscles du dos. On travaille toujours les abdos, etc …, mais les muscles du dos, … rien que pour la descente. C’est un apriori de ma part ?

Michaël : Non, les problèmes de lombalgies en course à pied, c’est des problèmes d’amplitude. Donc effectivement, c’est pas mal la descente, où on fait des foulées différentes, on laisse plus aller, etc… Avec un travail musculaire qui est différent aussi. Donc on a tout intérêt à avoir un dos qui est bien solide. Moi j’ai un peu cette notion en course à pied, en trail, cette notion de bas du corps. Pour moi le dos il est important au niveau lombaire en course à pied. Le gainage est important dans tous les sports, une sangle abdominale tonique pour tenir le bassin et le dos justement, c’est important. Mais ce n’est pas qu’une notion de grands droits, ce n’est pas que les abdos, ce serait de faire aussi les lombaires, les paravertébraux. Après, ce qui est plus haut du dos, ce serait de façon bien de le renforcer, ça ne ferait pas de mal. Mais je le trouve un peu moins important. Peut-être que des préparateurs physiques ont un autre avis.

Juliette : Il est peut-être plus important pour la vitesse ?

Michaël : Peut-être, ça je ne sais pas exactement. C’est moins mon domaine. Mais le côté lombaire, c’est certain. C’est certain qu’il faut le travailler. Si tu as des douleurs de dos après, pendant un effort c’est hyper handicapant de toute manière.

Les courbatures

Juliette : Je ne parle pas d’un trail longue distance ou d’un entraînement vraiment intensif, mais si tu fais un entraînement de charge moyenne, et que tu as des petites douleurs, des petites courbatures, elles devraient durer combien de temps, d’après toi ?

Michaël : Je ne sais pas le temps qu’elles peuvent durer. De nouveau c’est discutable. Mais pour moi, des courbatures, c’est normal. Il y a eu un effort, qui était peut être un peu plus fort que ce que le corps pouvait tolérer. Mais on n’est pas dans la blessure. Si on écoute ça, que ça passe assez vite, on peut très vite repartir. Et c’est qu’il y a eu au moins de l’adaptation. Quelqu’un qui fait quelque chose en sport, puis il y a rien. Alors soit c’est qu’il a fait le truc dans lequel il était très bien adapté, soit ce n’était pas assez fort pour générer de l’adaptation.

Michaël : Donc le fait d’avoir des courbatures, moi je suis assez content quand j’en ai. Parce que l’effort que j’ai fait la veille ou deux jours avant était suffisant pour au moins générer des modifications. Mais je sais que ça va passer. Là je reviens du trail de la Vallée de Joux, j’ai encore de bonnes tensions dans les cuisses. Mais potentiellement demain elles seront encore moins importantes. On est déjà à trois jours donc les tensions sont très bonnes. J’ai eu d’autres problèmes durant la course. Mais en fin de semaine, je pourrai reprendre mon plan d’entrainement sans problème.

Juliette : Il faut savoir s’écouter pour pouvoir redémarrer gentiment. Comme tu dis, si tu as des courbatures, c’est que tu as engendré une charge suffisante pour créer des adaptations. Mais on peut faire aussi une activité physique comme entretien. Si vous n’avez pas de douleurs, ça ne veut pas forcément dire que le sport que vous avez fait vous a servi à rien. Pas du tout.

Michaël : Non, non. C’est que c’est de l’entretien. On est peut être dans le côté je suis adapté, pleinement adapté à ce que je fais et j’entretiens ça. Je maintiens un peu sur cette charge là.

Juliette : Si je veux de l’adaptation, oui, il est normal. Mais si au final je cherche à faire mon activité sportive pour le plaisir, pour m’entretenir et pour bouger, je ne dois pas forcément avoir des courbatures.

Michaël : Et pour générer de l’adaptation, il n’y a pas spécialement besoin de courbatures non plus. On peut très bien faire un entraînement très spécifique en montée, ne pas avoir de courbatures le lendemain, c’est pas pour autant que ça n’a pas travailler. Mais cette notion de courbatures, elle indique juste que l’effort était peut-être un tout petit peu plus que ce que le corps pouvait tolérer. Donc il réagit comme ça. Mais ce n’est pas mauvais pour moi.

Juliette : À la limite, c’est l’indication de où se trouve votre charge. Là j’ai une bonne courbatures, je sens qu’elle va mettre quelques jours, je ne vais peut-être pas encore grimper l’intensité parce que là, peut être que je me dirigerais vers la blessure.

Michaël : Effectivement c’est une indication.

Juliette : Tu as déjà eu durant une course un énorme spasme musculaire qui t’a obligé de t’arrêter ? Comment on réagit à ce moment là ? Parce que je présume qu’on a envie de finir sa course. C’est difficile de savoir si on est en train de se faire une déchirure, un claquage ou si c’est simplement un spasme. Comment toi, tu as réagi ? As-tu des conseils par rapport à ça ?

Michaël : Je parle des crampes. C’est un vaste sujet, les crampes, très peu connu. Très peu traité, parce que de mon point de vue, pendant la course, tu n’as pas grand chose à faire. Au trail de la Vallée de Joux, j’ai eu des grosses crampes, parce que j’ai dû courir un peu plus vite pour rattraper le temps. Les crampes sont venues donc des deux côtés progressivement. À différencier de la déchirure qui peut arriver comme un coup de couteau, un coup de poignard généralement sur quelque chose d’intense. Donc tu accélères, tu as le coup de poignard, ça c’est clair qu’il y a un problème. Ça ne passe pas et ça te fait mal. Tu t’arrêtes, tu ne peux plus, à mon avis, à un moment donné, il faut stopper.

Juliette : On distingue bien la différence entre les deux.

Michaël : Une crampe, tu sens que ça commence à arriver. Qu’est-ce qu’il y a à faire pendant ? Soit tu serres les dents et que tu essayes de jongler avec ça. Généralement, d’expérience, elles ne passent pas trop. Mais tu peux moduler ça. Donc tu varies l’allure, tu fais de la marche, de temps en temps tu reprends et ou bien tu dis sur une allure où ça n’apparaît pas.

Michaël : Soit, sinon tu t’arrêtes. Tu essayes un peu d’étirement, du massage, c’est assez discuté scientifiquement sur l’intérêt réel. Mais ça va faire du bien, c’est clair. Quand tu t’arrêtes, lorsque tu repars peut-être que pendant quelques minutes, tu n’auras plus de crampes mais probablement qu’elles vont revenir. À l’heure actuelle, les crampes, on ne met plus le point sur le déficit en électrolytes ou sur la déshydratation. Si tu n’est pas bien hydraté, ça ne va probablement pas aider. Mais il y a plein de gens déshydratés qui n’ont pas de crampes.

Michaël : C’est plus une fatigue musculaire. Ce que je vois parmi les trailers, les coureurs, c’est qu’on part trop fort par exemple. En début de course, on a de l’énergie, et on grille nos cartouches. La fatigabilité musculaire est importante et c’est là que ça crampe. C’est cet arc réflexe qui ne module plus la contraction – relâchement.

Michaël : À l’heure actuelle tous ces produits miracles, jus de cornichon, poudre de magnésium qu’on prend durant une course, de bouillons… il n’y a rien de avéré en fait là dedans.Ça aide des gens.

Juliette : C’est pour ça que tu axes le renforcement musculaire, quand tu parlais des mollets, etc… pour vraiment qu’ils soient habitués à la charge.

Michaël : C’est clair que si tu n’es pas renforcé, si tu n’as pas travaillé ça, c’est compliqué. Et puis même en étant renforcé, si tu pars plus fort que ce que tu devrais faire sur telle ou telle course, c’est un risque qui peut arriver. Mais voilà, du coup, moi je serre les dents et puis je finis comme je peux. Tu perds du temps, c’est dommage parce qu’on cherche à gagner du temps au début, on a l’énergie, l’adrénaline, etc… Et au final, on en perd beaucoup plus après, parce qu’on a ce phénomène là.

Juliette : C’est pour ça que tu dois calculer comment tu veux faire ta course. Si tu donnes l’énergie au départ, quelle forme physique tu as, comment tu penses que ton corps va tenir selon les kilomètres que tu dois faire ?

Michaël : Si ça arrive, selon moi, il n’y a pas grand chose à faire, entre ces deux cas, serrer les dents, finir d’une manière ou d’une autre ou s’arrêter. Par contre, analyser pourquoi pour empêcher que ça arrive. Donc s’en tenir à son plan de course, pas partir trop vite et être reposer. Si tu es dans un état hyper fatigué avant une course, c’est clair qu’il y a un impact là-dessus. Être adapté aussi, une notion de climat qui peut jouer un rôle. Si tu habites dans des pays qui sont super humide, et que tu vas faire le marathon des Sables ou l’inverse. Il y a peut-être des choses physiologiques à prendre en compte.

Michaël : On parlait du renforcement, effectivement dans la notion de crampe, le renforcement est un élément important. Mais une part importante c’est l’assouplissement, que je ne fais pas beaucoup, et que peu de gens font. Mais c’est vrai que sur la notion de crampe, de travailler sur les étirements, ça peut aider à prévenir.

Les rouleaux d’auto massage et l’électrostimulation

Juliette : Est-ce que tu utilises les rouleaux d’auto massage ?

Michaël : Moi je l’utilise et je le conseille beaucoup. Il y a une douleur, il y a une fatigue musculaire, il y a une petite tension parce que c’était un effort important, travaillez le rouleau, c’est vraiment un bon outil, je trouve.

Juliette : C’est facile.

Michaël : C’est facile et ça peut faire mal sur le moment, mais on voit assez vite un relâchement. Ça ne prend pas énormément de temps. Et puis c’est assez efficace.

Juliette : C’est plus facile que de faire une session de mobilité ou de stretching.

Michaël : Ouais, c’est clair, ça parle plus aux gens.

Juliette : Par contre ça ne compense pas. Il faut faire un petit peu de stretching, un petit peu de mobilité.

Michaël : Oui ça ne compense pas. Ce qui ressort souvent aussi, c’est le complexe ou les appareils d’électro stimulation. Pour la récupération et le renforcement musculaire. Pour la récupération, je l’utilise assez souvent. Je trouve que ça ne fait pas de mal après une sortie. Par contre ça prend un peu de temps, de poser la machine. Après bon moi j’ai l’appareil avec les fils, donc du coup une fois que t’es posé, …

Juliette : Oui mais une fois que tu es posé, tu es zen. Ils ont démontré que tous ces appareils, ce n’était pas Evidence-Based Medicine. Par contre si ça amenait la personne dans une atmosphère positive de récupération, au final, ça favorisait la récupération. La même chose avec le massage de récupération. J’ai l’exemple d’un sportif professionnel (football) qui ne supportait pas de se faire masser. Sauf qu’après chaque match toute l’équipe se faisait masser. C’était un moment ou il se crispait, par conséquent le massage allait à l’inverse de l’objectif initial qui était de favoriser la récupération.

Juliette : Si tu utilises quelque chose qui t’amène dans une atmosphère cool, relaxe, de mise au repos, je pense que ça favorise la récupération. Ça sera une aide.

Michaël : Ce n’est pas le plus efficace, mais c’est au moins une aide qui est toujours bonne à prendre.

Juliette : Il n’y a rien de magique. Soit ça te correspond ou pas. Moi le Compex pour la récupération, ça va plus m’énerver qu’autre chose. Ça dépend de chacun.

Juliette : Le rouleau, il a quand même un petit côté mécanique. Mais c’est le même principe que pour le massage. Allez vous faire masser pour récupérer ? Ce n’est pas forcément démontré. C’est toute l’atmosphère autour. Car bizarrement, vous allez mieux manger, vous allez mieux vous hydrater, ainsi de suite. Donc si ça amène du bien être, c’est le bien être qui va permettre une meilleure récupération, je pense.

Michaël : Le rouleau c’est le côté le côté actif ou les gens, alors ça dépend à quel niveau… Mais que ce soit celui qui court une deux fois par semaine, il n’a pas forcément envie de faire du rouleau trois ou quatre fois dans la semaine. Et puis l’athlète élite qui s’entraîne deux fois par jour, il faut encore lui caser du rouleau actif en plus … , il n’en n’a pas spécialement envie. C’est pour ça que ça dépend pour qui. Moi j’aime bien ce côté rouleau. C’est un bon atout, une bonne arme pour des douleurs, des tensions. Le Complex, ou le TENS ça peut marcher aussi, ça a un côté plus passif où tu peux faire autre chose en même temps. Pour autant qu’il t’aide, il ne fera pas de mal à priori. Le rouleau ou les appareils électriques peuvent peut-être faire du mal, mais on le sent tout de suite à mon avis. Donc effectivement, si on sent que ce qu’on est en train de faire, est en train de péjorer la problématique, il faut stopper, ça c’est clair. Mais si c’est fait de manière tranquille et qu’on voit qu’il faut y aller, c’est assez intéressant.

L’électrostimulation

Juliette : Mais c’est vrai, comme tu dis, si c’est sur des gens qui manquent vraiment de temps, mettre des patchs, le programme de récupération et faire autre chose en même temps ça peut être intéressant. Si tu apprécies le côté un peu vibratoire.

Michaël : Il faut aimer. Ma compagne, elle déteste. En renforcement, par contre, c’est vrai que ça peut être intéressant, ces électrostimulations, mais en complément d’un renforcement actif. Ou en même temps, je ne sais pas, je n’ai jamais testé en même temps . Je ne sais pas vraiment l’intérêt qu’il y a. Mais pour moi ça me parle, ça parait assez logique. Mais c’est vrai qu’il y a pas mal de gens qui comptent sur ces appareils là pour ne pas faire de renfort.

Juliette : Le problème c’est que ça fait de la gonflette, mais niveau neuromusculaire, … Personnellement, je l’utilise de moins en moins à part en post opératoire, simplement pour essayer de maintenir un petit peu de la masse. Sinon, la fonte, elle est énorme, donc on récupère quand même beaucoup plus vite. En réveil musculaire c’est intéressant. Peut-être que j’y reviendrais, mais je l’utilise moins chez les sportifs une fois qu’ils arrivent à un certain niveau en même temps que les exercices.

Juliette : Parce que j’ai vraiment pas le sentiment qu’il y ait vraiment une plus value. Et en contrepartie je trouve que ça perturbe la personne d’avoir cette électricité et cette stimulation neuro musculaire par la machine. Parce que c’est quand même un peu douloureux. Moi, ce que je cherche, c’est le contrôle. Maintenant on manque de temps aussi. Si la personne je la voyais quatre fois par semaine, peut être que je lui ferais une fois dans la semaine.

Juliette : Mais actuellement je le fais de moins en moins en actif, en réhabilitation parce que je vois pas de plus value et que je me dis que je perds du temps par rapport à ce contrôle neuromusculaire, ce contrôle vraiment actif du patient. Mais ce regard est très personnel.

Juliette : Mais peut être que j’y reviendrai. Et puis, c’est du cas par cas. Si on a un patient où ça le motive et il a l’impression que ça l’aide, pourquoi ne pas le faire quoi. Je ne pense pas que ça lui fasse de mal en tout cas.

Juliette : Est ce que tu aurais autre chose à rajouter?

Michaël : Non, je ne crois pas comme ça.

Juliette : Je te remercie de ton temps.

Michaël : Merci à toi.

Juliette : Et puis si on veut te trouver, il y a les réseaux sociaux, il y a ton cabinet qui a Sion. Sinon on va te suivre dans tes courses, et on va te souhaiter bon courage et bon entrainement.

Michaël : Merci à toi. Ciao !

La réadaptation cardiaque – Episode 2

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Les intervenant

  • Marisa Azevedo : Physiothérapeute à l’HRC.
  • Juliette Corgnet : Physiothérapeute

Transcription du Podcast

Juliette: Bonjour et bienvenue sur le podcast Santé Sport de CapRol. Aujourd’hui, nous allons reparler de la réadaptation cardiaque, épisode 2 avec Marisa Azevedo. Bonjour Marisa !

Marisa: Salut Juliette !

Juliette: Peux-tu brièvement te représenter pour ceux qui n’ont pas vu l’épisode 1 ?

Marisa: Je suis physiothérapeute, je travaille à la HRC (Hôpital Riviera Chabalais) à Rennaz. Et je suis une des référentes en réadaptation cardiaque. J’ai fais le CAS à l’HUG.

La fonction du coeur

Juliette: Peux-tu nous expliquer à quoi sert le cœur, quelle est sa fonction ?

Marisa: Le cœur, c’est la pompe de notre organisme, qui va jouer un rôle très très important dans la circulation sanguine. Il va permettre au sang de venir oxygéner tous nos organes. Et ça, pendant toute notre vie. D’où l’importance de bien le travailler.

Juliette: C’est le principe du moteur.

Marisa: Exactement.

L’anatomie du coeur

Juliette: Peux-tu nous parler, nous expliquer un petit peu l’anatomie du cœur ?

Marisa: Le cœur c’est un gros muscle à l’arrière du sternum, qui bat constamment, involontairement. Il est enveloppé dans un sac à deux enveloppes qui permet les mouvements normaux du cœur.

Marisa: Ensuite, après cette paroi, on a le myocarde. C’est la partie principale du muscle, ce qui fait les contractions. Et, plus à l’intérieur, on a ce qu’on appelle l’endocarde, les parois internes de notre cœur.

Juliette: Donc, il a différentes couches. Et puis, apparemment, il a aussi différentes cavités. Est-ce que tu peux nous expliquer les différentes cavités du cœur?

Marisa: Donc on a ces trois couches. Et puis le cœur, il a deux parties, même si c’est un gros muscle. Il a deux cavités le ventricule droit et le ventricule gauche. Et deux oreillettes aussi de chaque côté, avant l’entrée de ces cavités les ventricules. On a aussi les grosses artères qui permettent que le sang passe vers les poumons et tout l’organisme.

Une pompe qui permet la circulation du sang

Juliette: Le coeur a donc quatre cavités, quatre chambres cardiaques. L’ensemble est une pompe qui va permettre la circulation du sang. Est-ce que tu peux nous expliquer à quoi ça correspond, comment tout cela fonctionne ?

Marisa: Oui, les quatre chambres cardiaques … Donc tu te réfères aux oreillettes qui sont au niveau supérieur de notre cœur et les ventricules un peu plus inférieurement.

Marisa: Le côté droit de ce cœur va recevoir notre sang qui n’est pas riche en oxygène, désoxygéné. Sang qui va entrer par les veines cave dans l’oreillette droite.

Marisa: Une fois le sang désoxygéné dans l’oreillette droite, cette oreillette va se contracter. Permettant ainsi le passage du sang dans le ventricule droit.

Marisa: Le sang va par la suite sortir du ventricule droit pour aller vers le poumons.

Marisa: Il pourra alors bien s’oxygéner et revenir des poumons vers le cœur gauche.

Marisa: Le sang oxygéné partira du coeur gauche pour aller dans tout l’organisme enrichir nos tissus en oxygène, et ainisi avoir un bon fonctionnement.

Juliette: OK, donc le coeur permet vraiment l’oxygénation des tissus. C’est un peu un système de recyclage. Le sang arrive désoxygéné dans le cœur et revient oxygéné dans le cœur pour repartir dans la circulation générale. Pour pouvoir nous nourrir.

Marisa: C’est tout un travail de coordination. Tu as tout un tas de structures dans ce cœur, des oreillettes, des valves qui se ferment, qui s’ouvrent … En se fermant, elles empêchent le reflux dans le mauvais sens. D’autres s’ouvrent pour que cela passe dans le bon sens, c’est incroyable.

Juliette: Donc on peut avoir quand même passablement de dysfonctions cardiaques qui peuvent entrainer des soucis assez importants.

Marisa: Oui exact.

La réadaptation cardiaque muscle le coeur ?

Juliette: On dit souvent que la réadaptation cardiaque c’est muscler le cœur. Mais en réalité, la réadaptation cardiaque correspond à quoi ? Vous muscler quoi ? Quelles sont vos caractéristiques ? Comment travaillez-vous ?

Marisa: En réadaptation cardiaque, on travaille le cœur … Une fois qu’on sollicite le cœur, on est en train de travailler tout notre système cardio vasculaire. Il n’y a pas que le cœur, il y a tout le restant des muscles, la circulation … Tout est travaillé. Mais une fois qu’on le sollicite, on le rend plus performant. On le voit par exemple, chez les grands sportifs. Ils ont une fréquence cardiaque au repos plus basse. Justement parce que leur cœur est en bonne santé. Il a donc besoin de battre moins vite pour apporter la même oxygénation dans tout l’organisme.

Juliette: Il est plus efficace, plus performant. Donc il a moins besoin de battre rapidement.

Juliette: Quelqu’un qui n’est pas entraîné, lorsqu’il va commencer à courir un peu son rythme cardiaque va grimper directement.

Marisa: Le but, c’est vraiment d’essayer de l’entraîner pour qu’il travaille moins à chaque effort. On l’observe à la fin du traitement, la fréquence cardiaque au repos est diminuée par rapport au début. Et à l’effort, pour un même effort le ressenti en début et en fin de traitement sera différent. Les patients vont nous dire que c’est plus facile ; et là on pourra aller de l’avant, faire un peu plus.

Juliette: L’entraînement du cœur, lui permettra d’être plus performant, plus efficace. Mais si la musculature est aussi plus efficace, l’environnement est alors favorable. C’est toujours un ensemble.

Marisa: C’est tout un travail. C’est pour ça qu’on fait du renforcement global. On travaille avec les APA chez nous. Leur rôle, c’est de faire du renforcement surtout. Mais il y a aussi le côté endurance. On le fait sur des vélos, sur des tapis. On ne fait pas un travail de force mais surtout un travail de mouvement sur le long terme.

Travail en endurance ou en force

Juliette: Justement, est-ce que c’est plus intéressant de travailler la force ou l’endurance ? Est-ce qu’en fait il y a un élément particulier qui prédomine l’un par rapport à l’autre ?

Marisa: L’un va avec l’autre. Si on n’a pas de force, on n’aura pas d’endurance. Et si on n’a pas d’endurance, on ne pourra pas vraiment être efficace quand on travaille la force. Donc les deux sont importants.

Juliette: Toujours la notion de globalité. Au final, il faut toujours travailler un petit peu de tout.

Marisa: Oui, on ne peut pas avoir l’un sans l’autre.

La fréquence cardiaque maximale

Juliette: Au niveau de la fréquence cardiaque, souvent, on parle de fréquence cardiaque maximale. Peux-tu nous expliquer cette notion?

Marisa: La fréquence cardiaque maximale en théorie, et cela s’utilise de moins en moins, pour une personne en bonne santé en fait un calcul qui est FCmax = 220 – l’âge. Ce calcul théorique s’utilise de moins en moins. La fréquence cardiaque maximale est individuelle pour chaque personne. On va l’atteindre quand on atteint l’effort maximal que l’on arrive à faire. A partir de là, on peut faire des entraînements et rester un peu en dessous de cette valeur là.

Juliette: Comme tu le disais tout à l’heure, chacun a sa propre fréquence cardiaque. Et en plus d’un point de vue individuel, la fréquence cardiaque va varier en fonction de la capacité physique, et de l’entraînement. La fréquence cardiaque n’est pas la même chez une personne entraînée et une personne sédentaire.

Marisa: Exactement, c’est ce que j’allais dire. Avec le même âge et le même poids entre une personne sportive et une personne sédentaire, la fréquence cardiaque maximale ne peut pas être la même. Et pour les gens qui ont des problèmes cardiaques, dans ce cas, c’est le cardiologue qui fait un test d’effort ou autre pour trouver sa fréquence cardiaque maximale. Lors de l’entraînement, le cardiologue va nous donner les consignes de jusqu’où on peut aller avec le patient. C’est vraiment au cas par cas. Chaque personne est différente. Et puis il faut qu’on se base sur des valeurs individuelles. On ne peut pas avoir un chiffre global.

Approche physiothérapeutique chez les patients sédentaires

Juliette: Dans le cadre d’un patient sédentaire, peux-tu nous expliquer ce que tu fais comme exercices ? Tu commences par quoi ? Quelle est ton approche?

Marisa: Ça dépend. Comme je dis toujours, chaque personne est une personne. Si je vois un patient sédentaire, obèse, qui arrive à peine à marcher, parce qu’il ne sort jamais de son fauteuil, et regarde la tv toute la journée. Je vais lui proposer peut être de débuter l’entraînement sur un cyclo ergomètre assis. Et commencer par travailler doucement les jambes et progresser dans ce sens là. Par la suite faire des exercices avec des passes de ballon assis aussi. Puis progresser, pour la marche, augmenter le périmètre de marche. Compter le nombre de pauses qu’il doit faire pour un même périmètre, et essayer de diminuer ces pauses au fur et à mesure et progresser dans ce sens là.

Marisa: Il y a d’autres sédentaires qui bougent, qui font un peu de marche la journée. Et dans ce cas, je vais l’aborder autrement. On peut essayer de faire du tapis, mettre une pente plus élevée. Travailler en endurance peut être dans un premier temps. Faire du renforcement avec des TheraBand. Tu connais les élastiques où on peut avoir plusieurs résistances. Et progresser aussi dans ce sens là.

Approche physiothérapeutique les patients sportifs

Juliette: Dans le cadre d’un sportif, quelle serait la différence ? Je présume que tu ne ferais pas la même chose ?

Marisa: Ah non, pas du tout. Les sportifs souvent, on a deux cas principaux. Soit le grand sportif qui a peur parce que cela lui est arrivé quand il était en train de faire son entraînement. Il a donc peur que cela lui arrive à nouveau. Il va avoir beaucoup d’appréhension. Dans ce cas là, on va essayer d’utiliser ses activités à lui, de faire un entraînement dans son champ de confort, d’activités qui lui sont habituelles. Et lui faire comprendre ses limites. C’est-à-dire qu’on a déjà les consignes du cardiologue, par exemple la fréquence cardiaque. On va expliquer au patient qu’il a atteint chez le cardiologue une valeure X au niveau de sa fréquence cardiaque et donc que le cardiologue nous dit qu’on peut aller jusque là. On va s’entraîner, et faire quelques séances comme ça. On demande au patient de nous donner son ressenti. Et au fur et à mesure de l’entraînement, cela va être de plus en plus facile et on progressera comme ça. On va donc lui faire connaitre ses limites et progresser dans ce sens, avancer dans ce sens.

Juliette: Et lui donner confiance en lui aussi.

Marisa: Lui donner confiance aussi. Et on a le deuxième cas, qui ne comprend pas ce qui lui est arrivé et n’accepte pas. Et donc veut continuer à avoir sa vie sportive normale. Et donc là, on lui explique sa mise en danger. Il faut lui faire comprendre encore une fois où sont ses limites. Il faut qu’il les regarde pour ne pas que son cœur souffre et pour ne pas qu’il ait une récidive. On va faire à peu près le même entraînement que dans le premier cas mais avec une approche différente. Donc le premier cas la patient a peur, le deuxième cas n’a pas peur parce qu’il n’accepte pas la situation. Mais dans ce dernier cas, il faut que le patient comprenne jusqu’où il peut aller. Là, on va utiliser la fréquence cardiaque maximale qui nous a été donnée par le cardiologue, ainsi que ces ressentis. Et évoluer dans ce sens là.

Juliette: C’est toujours un accompagnement individuel par rapport aux patients et par rapport au vécu du patient.

Le bienfait ressenti de la réadaptation cardiaque

Juliette: Comment vous voyez, objectiver le bienfait de cette réadaptation cardiaque en fin de traitement?

Marisa: Comme je te l’ai dis, pour un même effort fait en début de traitement, le ressenti ne va pas être le même. Le patient sera beaucoup plus à l’aise parce que cet effort va être beaucoup plus facile. Et il verra qu’il arrive à faire beaucoup plus d’effort, en ayant moins de difficultés. Par rapport par exemple à l’essoufflement, à sa force musculaire. Par rapport à son endurance, parce qu’il arrive à faire, par exemple le vélo plus longtemps. C’est cela qu’on voit en fin de traitement. Ils sont contents.

Juliette: Majoritairement, ils le ressentent tous ? Les patients ont souvent tendance un peu à oublier l’état dans lequel ils arrivent.

Marisa: Ça arrive souvent. Mais on a un tableau, où on note à chaque fois plusieurs paramètres. Dont l’échelle de Borg, qui correspond à leur ressenti pour un effort déterminé. On note leur fréquence cardiaque à chaque fois et on leur montre le tableau à la fin du traitement. Souvent ils nous disent: « Ah ouais, quand même, au début, ce n’était pas génial ». Et puis je leur dis:  » vous voyez, maintenant, vous arrivez à faire ça. Et votre cœur, il souffre moins parce qu’il a même baisser sa fréquence cardiaque pour un effort plus élevé.

Juliette: Vous leur montrez, leur expliquez, de façon chiffrée leur évolution. ils objectivent ainsi qu’il y a eu du changement.

Marisa: Mais il y en a d’autres qui le voient. Ils nous disent : « Ah ouais, maintenant, j’arrive à mieux respirer, j’arrive à aller en montagne sans trop m’essouffler ». Donc ils reprennent une vie normale, quasiment comme avant. Mais en connaissant leurs limites. Et ils font plus attention maintenant à leurs symptômes. Parce que notre corps a une mémoire aussi. Donc ils vont reconnaître s’il y a quelque chose qui ne va pas. Ça, c’est aussi important.

Juliette: Leur apprendre à être à l’écoute d’eux-même.

Marisa: C’est ça, oui.

L’entraînement physique ne suffit pas

Juliette: Est ce que tu aurais d’autres notions qui te paraissent importantes à communiquer par rapport à cette pompe, à ce coeur ?

Marisa: Bon, il n’y a pas que l’entraînement physique. Ça, c’est une partie très, très très importante qu’il ne faut pas oublier. Mais il faut en prendre soin. Il faut avoir une alimentation saine aussi. Il faut diminuer le stress. Il faut savoir se détendre parce que ça, c’est hyper important aussi. Donc, je le dis à chaque fois. Et voilà, si on fait tout ça …

Juliette: Nous, les physiothérapeutes, on travaille au niveau physique, même si on travaille aussi plein d’autres choses en accompagnant le patient. Mais c’est vrai qu’à côté, la nutrition, l’hygiène de vie, le fait d’être bien dans son corps et dans sa tête. Comme tu le dis, diminuer le stress, la charge mentale, c’est quand même très important pour notre santé de façon générale.

Marisa: Et ça, on le connaît. Les gens qui ne sont pas bien moralement et qui sont tout le temps en stress, ont souvent des petits soucis cardiaques.

Juliette: Donc au final, la grande conclusion c’est toujours la même chose bouger plus et essayer d’être heureux.

Marisa: Oui, oui.

Juliette: Merci Marisa.


Juliette: Merci et à bientôt sur le podcast Santé Sport de CapRol.

Lutter contre la sédentarité

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Les intervenants

  • Juliette Corgnet : Physiothérapeute
  • Gabriel Duchemin : APA – Thérapeute du sport

Transcription du Podcast

Juliette: Bonjour et bienvenue sur le blog Santé Sport de CapRol. Aujourd’hui, nous allons parler de sédentarité, de mobilité, de motivation avec Gabriel Duchemin. Salut Gabriel. Peux-tu te présenter stp ?

Gabriel: Alors je m’appelle Gabriel Duchemin, je suis thérapeute du sport et je travaille à l’hôpital Riviera Chablais, situé à Rennaz, à plein temps avec l’équipe de physiothérapie.

Lavaux Performance

Juliette: Nous faisons cet interview chez toi au sein de Lavaux. On peut y voir un super spot derrière nous, pour faire de l’activité physique en extérieur. Apparemment tu as ouvert cet endroit il y a peu de temps ?!

Gabriel: Oui, c’est un petit projet que j’ai appelé Lavaux Performance. On a eu une année pour aménager notre jardin familiale. Je viens d’une famille de vignerons. On a aménagé le terrain pour pouvoir faire de l’activité physique en plein air.

Juliette: L’activité physique pour lutter contre la sédentarité par rapport à ce qui se passe à l’heure actuelle et à l’époque actuelle, j’aurais tendance à dire ?!

Gabriel: Absolument, c’est d’une part lié à la sédentarité, on va en parler. Et d’autre part, un projet amené suite à une réflexion, qui est le produit des circonstances actuelles, liées essentiellement aux virus. Circonstances qui ont amené beaucoup de gens a prendre plaisir d’aller se dépenser à l’extérieur pendant le confinement. Ils ont redécouvert un petit peu la nature. Ils ont découvert de magnifiques lieux comme celui dans lequel on se trouve et ont pris plaisir à se dépenser en extérieur. Du coup, on s’est dit qu’on pouvait certainement proposer quelque chose : du plein air pour des gens qui ont peut être, liée à ces circonstances, une crainte d’aller s’essouffler dans les espaces cloîtrés, en intérieur. On a voulu proposer quelque chose pour répondre à ce besoin.

Juliette: Pour rappel, on est en novembre 2021 et, on parle du fameux virus, le coronavirus. Donc là, on a tout ce qu’il faut pour travailler en extérieur et travailler pour être en bonne santé. Est-ce que tu pourrais me définir avec tes propres mots à quoi correspond la sédentarité ?

La sédentarité, c’est quoi ?

Gabriel: La sédentarité, je l’opposerais par définition, simplement à l’activité physique. Quand on bouge, quand on utilise nos muscles, quand on est en mouvement, c’est de l’activité. Par opposition, la sédentarité, c’est lorsqu’on est inactif. Par définition, lorsqu’on ne dépense pas, ou peu d’énergie. J’avais vu passer une définition qui disait que la sédentarité correspondait à une dépense de moins de 1,5 METS. Les fameux équivalents métaboliques. C’est un rapport de l’activité qu’on fait, sur la dépense qu’utilise le corps pour simplement se maintenir au repos pour fonctionner (le métabolisme de base). En somme, la sédentarité est une diminution ou une forte diminution des dépenses énergétiques. Être inactif, tout ce qui est assis, lecture, lorsqu’on est couché …

MET : Metabolic Equivalent of Task. On définit le MET comme le rapport de l’activité sur la demande du métabolisme de base.

Juliette: On peut aussi relier la sédentarité, à la majorité des personnes qui ont des métiers assis ?!

Gabriel: Absolument.

Juliette: Avec la crise du coronavirus, il y a eu beaucoup de home office. Les gens, en plus d’avoir un métier assis, ne marchaient plus pour aller au travail. Ils ne sortaient plus de chez eux. Cela a donc augmenté la sédentarité. Comme tu l’as expliqué, cela a entraîner une diminution de l’activité de façon générale.

Juliette: De plus la position assise est une position statique. Je dis souvent aux patients que le problème, ce n’est pas forcément le home office ou le poste de travail, même si on peut l’aménager. Mais c’est la position statique qui nous pose soucis. Le fait de ne pas bouger, de ne pas changer de position, … le corps est censé être en mouvement.

Gabriel: C’est surtout ça. On est conçu pour ça. Je pense, comme tu le dis, que le corps est conçu pour bouger. Il n’y a pas forcément de posture mauvaise dans l’absolu. C’est plutôt le maintien d’une position quelle qu’elle soit durant des temps prolongés qui va vraiment être néfaste. Et conduire à des risques pour la santé. C’est sur cela que l’on travaille à l’hôpital avec le service de physiothérapie. Lorsque des personnes sont hospitalisées, viennent à l’hôpital pour une raison X, fatalement elles risquent un problème Y à cause de l’inactivité qui est induite par l’hospitalisation, et les temps prolongés passé à être inactif au lit, en chambre. Donc on essaie de casser ces périodes prolongées d’inactivité. Pour éviter que les patients qui viennent à l’hôpital, repartent avec un autre problème.

Précédemment sur le blog santé sport de CapRol, Gabriel Duchemin nous avait expliqué son initiative au sein de l’HRC pour faire bouger les patients en chambre durant la crise du Covid : Article.

Juliette: C’est aussi ça le souci, la sédentarité engendre un certain nombre de pathologies. Même s’il y avait déjà des pathologies qui ont engendré la sédentarité, la sédentarité engendre d’autres pathologies.

La sédentarité, responsable de diverses pathologies

Juliette: Est-ce tu aurais des exemples de problématiques, de pathologies dues à la sédentarité ou qui pourraient être causées par la sédentarité ?

Gabriel: A titre personnel je placerais vraiment la sédentarité comme une cause de pathologies. C’est quelque chose qui est au centre, c’est un problème véritablement de santé public, qui peut engendrer des pathologies. Tout ce qui est cardio-vasculaire, diabète, obésité, hypertension artérielle, … Tout ce qui va correspondre à un syndrome métabolique. Je pense que toutes ces maladies, on peut les appeler des maladies dites de société. Quand on remonte dans le temps, si on a une perspective évolutive, ce sont des maladies qu’on trouvait infiniment moins. Même si les gens, à ce jour, vivent plus longtemps grâce aux fabuleux progrès de la médecine, on passe aussi un plus grand nombre d’années en mauvaise santé. C’est un gros problème.

Juliette: Parce que d’une certaine façon, on bouge beaucoup moins et que la nourriture, est certainement beaucoup moins saine, et beaucoup plus en profusion qu’à une autre époque. L’accès à la nourriture dans nos pays européaniser ou dits développés, est partout. On mange beaucoup trop et on bouge beaucoup moins !

Gabriel: Je pense aussi que c’est ça qui conduit à toutes ces maladies dites de société. Ce n’est que mon avis, mais pour moi c’est aussi lié un petit peu à notre bagage, ce pourquoi on est fait, on est conçu, donc nos gènes et puis ce qu’on fait réellement dans l’environnement. C’est-à-dire que si on reprend un peu cette perspective évolutive, nos ancêtres bougeaient infiniment plus que nous, ce n’est pas comparable. Toi comme moi, on est sédentaires comparé à eux. Quand bien même on est actifs. L’être humain dans l’histoire de la planète, on est une espèce assez jeune. On a donc encore un petit peu ce bagage génétique de nos ancêtres qui se dépensaient infiniment plus. Au final, quand on regarde sur l’échelle du temps, cela fait globalement depuis deux générations, depuis la guerre mondiale, que nous en faisons de moins en moins. Depuis la révolution de la technologie, des transports, de l’industrialisation, … ces évolutions nous ont amèné à tout avoir à portée de main. Et donc à en faire de moins en moins. Ne serait-ce que pour les déplacements. Et cela peut conduire fatalement à toutes ces problématiques et ces maladies que je qualifie de maladies de société : obésité, diabète, explosion des maladies cardio-vasculaires et j’en passe. Tout ce qui va être aussi psycho-social … On voit que toutes ces problématiques sont accentuées avec les circonstances actuelles.

Juliette: Je rajouterais à cela toutes les pathologies rhumatismales, tout ce qui va être petite douleur inflammatoire du genou, de l’épaule, … tout ce qui est troubles musculo-squelettiques. Puisqu’au final, à partir du moment où vous êtes sédentaire, vous ne faites pas marcher votre organisme, vous ne faites pas marcher tout le système. Je ne dirais pas que le système se rouille, mais c’est un peu le principe. Lorsque vous avez des pathologies lourdes, graves la médecine va pouvoir vous traiter. Mais vous avez aussi ce qu’on pourrait qualifier de blessures, mais des blessures relativement handicapantes, dûes simplement au fait d’être sédentaire.

Gabriel: Par rapport à cette image de rouille, cela me parle beaucoup. Je dis justement aux patients pour les sortir du lit, que le corps est un peu comme de l’eau. Il y a souvent des carafes d’eau sur les tables basses. Je la secoue un petit peu et je leur explique que si cela reste en mouvement, l’eau va rester assez claire, assez limpide. Par contre, si ça ne bouge pas pendant un temps prolongé, il va y avoir des algues, ça va croupir, ça ne va pas sentir bon. Moralité si vous voulez ne pas puer bougez vous.

Juliette: Ça leur donne envie de boire à l’hôpital, sympa (lol).

Des astuces pour bouger plus

Juliette: Est-ce que tu aurais des petites astuces pour essayer de lutter contre la sédentarité ou pour amener notre entourage à bouger plus sans forcément qu’il s’en rendre compte ?

Sportif mais sédentaire

Gabriel: Il y a beaucoup de points. Je ne saurais pas par où commencer. Par contre, je voulais vraiment souligner, qu’on peut pratiquer une activité physique, typiquement être abonné à une salle de sport, faire une heure de sport par jour, mais être considéré comme sédentaire. C’est hyper important de le comprendre. Il y a des personnes qui sont par exemple étudiantes, ou qui travaillent au bureau (beaucoup assis), et qui font une heure de sport le soir. Ces personnes là, on va les considérer comme sédentaires. Parce que, ce n’est pas l’heure de sport qui va être déterminante pour le bon fonctionnement de l’organisme. Dans la mesure où la majorité du temps ils sont en position statique. Le sport c’est super positif, c’est excellent ! Mais là, ça ne va pas dans le bon sens si, les 23 heures restantes, on a un mauvais sommeil, on est stressé, on est inactif, on mange peu sainement, …

Juliette: Cela ne va pas forcément compenser. C’est aussi le principe des gens qui vont faire une heure de fitness toutes les deux semaines. C’est toujours la même chose, on retrouve la même chose dans la performance. Si on veut être performant, il faut avoir une certaine régularité. Si on veut être en bonne santé, il faut avoir aussi une certaine régularité. Maintenant, il faut être honnête, je pense que toi et moi, on fait des excès. Je ne dis pas que ce sont des excès calculés, mais il faut que la majorité du temps, on ait une certaine logique et une certaine hygiène de vie. Qu’on est un comportement qui s’oriente plus dans la prévention que dans le plaisir et la sédentarité de façon générale.

La motivation

Gabriel: C’est ça, c’est de la discipline aussi quelque part. Les gens oppose souvent, la discipline et la motivation. Ils disent qu’ils ont de la peine à trouver la motivation. Cela n’engage que moi, ce n’est que mon avis, mais je trouve qu’à un moment donné, la rigueur et la discipline doivent primer sur l’aspect motivation. L’air du temps est d’être motivé. C’est important d’être motivé, mais la motivation ça fluctue. La rigueur, c’est un choix, on le fait, ou on ne fait pas. L’aspect motivation fluctue d’une personne à l’autre, et en fonction des circonstances. Je ne pense pas qu’il faille voir la motivation comme quelque chose qui nous pousse à faire et à entreprendre. Par exemple, de faire de l’exercice ou de s’activer. Mais plutôt comme un bonus. C’est à dire qu’on a notre discipline, notre organisation de base; et les jours où on est motivé, on le voit comme un bonus qui nous pousse a faire à un étage de plus, a faire quelques répétitions en plus, 100 mètres de plus …

Juliette: J’aurais tendance à dire qu’en hiver, la motivation, comme tu le dis, c’est le plus. C’est le jour où, là, on a envie. Alors que le reste du temps on n’a pas forcément envie. Je dis à certains patients un truc tout bête. Surtout quand ils ne sont pas bien parce que qu’ils sont malades ou qu’ils ont des douleurs. C’est simplement de sortir de chez eux. De marcher autour du pâté de maison ou autour de l’immeuble, 10 minutes. Ce n’est rien. Je leur explique, que le fait de prendre l’air, d’être en extérieur, de ne pas toujours être enfermé dans des bureaux ou à la maison, de ne pas forcément réfléchir, de ne pas avoir d’objectif, est un élément positif. On vit dans une société où on doit toujours avoir un objectif, où l’on a toujours quelque chose à faire. J’explique aux patients qu’en sortant 5-10 min, c’est du temps qu’ils s’accordent à eux-même, où ils sont en « off ». Et je pense que cela crée certainement un peu de libération d’endorphine, du bien être ou une sorte de remise à jour.

L’activité physique, un médicament !

Juliette: Il ne faut pas oublier que l’activité physique, c’est le premier moyen pour lutter contre la dépression. Si vous êtes déprimé, faites de l’activité physique. Au début, pas forcément beaucoup. Parce que vous ne savez pas comment faire, parce que vous n’avez pas envie. Et en fait, petit à petit, cette activité physique va vous faire du bien. Vous en aurez besoin. Et c’est là qu’on retrouve cette notion de rigueur qui se met en place sans forcément s’en rendre compte. Parce que c’est le bien être qui va primer. Evidemment, il y a des rechutes, c’est normal. Mais lorsqu’on a analysé et compris tout ça, on peut aussi se dire, à certains moments : je ne suis pas bien, je m’accorde une semaine au fond du lit parce que ça ne va pas et je décide d’être sédentaire pendant une semaine. Mais la semaine prochaine, je reprend a bouger car je sais que ça me fait du bien, que ça fait du bien à ma santé, mais aussi à mon moral. Quand on y pense, c’est quand même plus sympathique d’être heureux et joyeux, de profiter de la vie que de ruminer toute la journée.

Gabriel: On est d’accord. Après, il faut encore en avoir conscience. Au niveau des mœurs, notamment dans le domaine médical, cela évolue. Avant,on était vraiment focus sur l’aspect médicamenteux. Le marché pharmaceutique est immense, c’est colossal. On n’a pas idée de ce que cela représente en terme de chiffres. J’avais l’impression, qu’au niveau du discours médical, ce dernier correspondait à : il faut absolument que vous preniez vos pilules, et une liste pas possible de médicaments; et ça ne serait pas mal si vous bougiez un peu plus. L’activité physique était perçue un peu comme un bonus.

Gabriel: A ce jour, je trouve que le discours a bien changé. Maintenant on propose des programmes, on sort les gens rapidement du lit lorsqu’ils sont hospitalisés ou qu’il y a des problématiques aiguës ou chroniques de la santé. C’est formidable. J’ai encore eu une cliente qui est venue ce matin faire une séance. Elle disait justement que pour un problème de sciatalgie, elle est allée consulter sa doctoresse. Cette dernière l’a mise en 70%, et lui a dit « Je fais le choix de vous mettre 70%. Mais par contre, les jours où vous êtes libre, c’est obligatoire, vous allez sortir dehors, vous allez marcher ». Elle lui a dit de se procurer une de ces montres qui compte les pas. Et l’a informé qu’il fallait faire 10.000 pas par jour. On rentre dans les recommandations, et c’est bien. C’est bien de voir l’activité physique comme comme un médicament. Quand on voit tous les effets positifs que cela a. Ne serait ce que sur tous les aspects bio-psycho-sociaux, sur le corps, sur la santé mentale, sur l’estime de soi, sur les interactions avec les autres et tout ce qui est purement physiologique. C’est fantastique qu’aujourd’hui, l’activité physique soit perçue comme un médicament. Et je te mets au défi de trouver un médicament qui regroupe tous les effets bénéfiques que procure l’activité physique, et qui n’a pas d’effets secondaires. Alors, c’est sûr qu’il existe le surentraînement par exemple, mais ça ne concerne pas la majeure partie des personnes. Mais c’est chouette de constater une évolution des mœurs, et une prise de conscience.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de faire au moins 10 000 pas par jour pour lutter contre les effets de la sédentarité et maintenir une bonne santé.

Juliette: C’est vrai, je trouve aussi qu’il y a eu un changement au niveau médical. Maintenant l’activité physique passe en premier plan. Ils se sont certainement rendu compte, je suis un peu méchante, mais qu’on a tellement « bourré » les gens de médicaments qu’il y avait un certain nombre d’interactions médicamenteuses. On a alors chercher a donner moins de médicaments. On a fini par réaliser en fin de compte, que le fait de bouger était déjà une bonne chose pour les patients. Bouger draine le corps, ce qui draine les substances administrées. C’est certainement une bonne chose d’un point de vu médical, mais il faut aussi drainer un petit peu le tout.

Gabriel: Pour rebondir sur ce que tu dis, il faut voir l’activité physique, en tout cas comme un médicament. Si une personne prend un médicament pour une raison X, et que ce médicament marche, elle le prend régulièrement. Et dès qu’elle ne le prend plus, il ne fait plus effet. L’activité physique c’est pareil, ça doit être régulier. Il est vrai, que lorsqu’on parle d’activité physique, cela peut faire peur aux gens. Ils se disent souvent : c’est du sport, il faut s’équiper. Mais ce n’est pas nécessaire. On peut le faire en habit comme ça.

Juliette: Rien que de marcher …

Gabriel: Aller marcher, c’est fantastique.

Juliette: Certains parlaient du CrossFit et expliquaient que certains exercices de CrossFit étaient basés sur la vie quotidienne. Et c’est vrai que l’on fait des squats pour aller chercher des assiettes en bas du placard, par exemple, ou pour vider le lave vaisselle. Faites des squats ! Pourquoi vous ne maîtrisez pas votre corps ? Vous êtes en train de descendre pour chercher votre assiette sans gainage du tronc. Lorsqu’on leur explique cela, les gens réalisent qu’au quotidien, quand ils montent les marches, ils sont en train de faire du step d’une certaine façon.

L’activité physique en premier plan pour une bonne santé

Juliette: Par rapport à ce que je voulais dire, c’est qu’il est vrai que les médecins maintenant ont compris que l’activité physique était primordiale et le voient au premier plan. La deuxième étape serait que les patients le voient aussi en premier plan aussi. Je pense que dans notre société, on n’en est pas encore là. Et c’est ça aussi notre rôle.

Gabriel: Là, on entre dans l’aspect prévention. Il est vrai qu’à ce jour, on agit souvent lorsque le problème de santé est déjà là, donc fatalement trop tard, trop tardivement. Entrer dans les aspects de la prévention de la santé en s’y mettant avant, en agissant avant, ça serait la prochaine étape.

Juliette: Lorsqu’on se retrouve face à des patients ou des clients, qui ont eu des douleurs ou qui ont mal quelque part, … on doit les instruire sur le pourquoi du comment. Si la personne comprendre pourquoi elle en est arrivé là, au final, dans l’avenir, elle va lutter pour que cela n’arrive pas de nouveau. Elle va alors changer sa façon de voir. L’activité physique, ce n’est pas faire du sport et être fit. En fait, l’activité physique, c’est pour pouvoir mieux vieillir, bien vieillir. Et pouvoir profiter de tout ce qui nous entoure plus facilement.

L’activité physique pour bien vieillir

Gabriel: J’aime bien le terme « bien vieillir ». J’avais un débat là dessus, justement. C’est marrant que tu dise ce terme parce que je vais prochainement participer à un séminaire sur cet aspect de bien vieillir, de vieillir sainement. La question du titre de ce séminaires s’est posé. Au début, le titre était « antiaging ». En discutant je disais que le terme « antiaging » faisait penser à un truc négatif. On a eu un débat là dessus. Je disais que les gens n’appréciaient pas de vieillir. Mais dans l’absolu, la meilleure chose qui puisse arriver, c’est de prendre de l’âge. On ne veut pas y passer à 30 ans. Donc autant mettre toutes les chances de son côté, s’activer et bouger.

Gabriel: Pour rebondir sur ce que tu dis par rapport aux autres activités de la vie quotidienne : les tâches, les squats en allant chercher les assiettes, les escaliers et autres. C’est ça, surtout qui va être déterminant dans les dépenses d’énergie au quotidien. Pour revenir sur ce qu’on disait avant, ce n’est pas l’heure de sport qui va être déterminante, c’est aussi ce qu’on fait le reste du temps. On appelle ça les NEAT (Non-exercise activity thermogenesis). Cela correspond à toutes les dépenses qui sont faites dans des activités qui ne sont pas prévues en tant que sport.

Juliette: L’exemple des sacs de courses. Il y a façon et façon de porter les sacs de courses. On le voit sur les problèmes d’épaule. Quand j’explique aux gens qui ont des soucis d’épaules, qu’à chaque fois qu’ils portent leur sac de courses en se crispant, ils accentuent l’inflammation, et l’installation des tensions. Je leur demande de prendre le sac juste devant eux près du corps avec les deux bras, et leur explique que plus le sac est lourd, plus ils doivent gainer. Il y a toujours un petit blocage au début, car il faut changer les habitudes. Il faut changer la façon de faire. C’est là aussi où, quand on va faire du travail actif avec eux, ni vu ni connu, on amène certains exercices. Et puis ensuite, on fait le rapprochement. Vous avez vu, vous êtes en train de porter 10 kg, et ça va… La prochaine fois avec votre sac de courses de 10 kg, vous penserez à moi. C’est comme ça qu’on inculque des notions qui peuvent se mettre en place.

Gabriel: C’est vrai que voir une progression c’est très encourageant pour les personnes. Voir une progression, participer avec autrui, ça peut aussi être intéressant pour des personnes qui ont un peu du mal à s’y mettre. Peut être avec un proche ou en groupe, ou trouver quelque chose qui nous convienne. Cette notion de plaisir est quand même intéressant. Avant, on parlait de l’aspect discipline, qui selon moi prime sur la motivation. Et de voir la motivation comme un bonus. Mais il faut aussi qu’on s’y retrouve dans tout ça. Il faut donc expérimenter, tester des trucs et s’y retrouver.

Juliette: Si on n’a pas la discipline, on peut toujours trouver soit des voisins pour aller marcher, soit des groupes de marche. Avec le covid, cela nous a quand même apporté pas mal de choses vis à vis de cela, des groupes où les gens se regroupent pour faire des activités ensemble. Je trouve qu’il y a toujours moyen.

Juliette: J’ai l’exemple d’une patiente. Elle n’aime pas faire les courses, et elle habite au cinquième étage. Je lui dis de ne pas faire ses courses en une fois. De toute façon elle va au travail tous les jours. Au lieu de revenir avec ses 15 sacs, avec lesquels elle va galérer pour monter ses cinq étages, je lui ai dit de le faire deux fois. Au lieu d’aller à la boulangerie, puis ensuite chez un boucher, … si vous avez le temps, allez à la boulangerie, revenez et ensuite, l’après midi, repartez chez le boucher pour essayer d’accumuler des petites choses au quotidien. Il n’y a pas toujours besoin de faire six heures de sport. Même si je le rappelle : on perd notre masse musculaire avec l’âge. Le renforcement musculaire, personne ne va le remplacer.

Juliette: De plus, cette lutte contre la sédentarité est synonyme de mobilité. On voit bien que lorsque l’on n’est pas bien, qu’on est un peu malade, on perd cette notion de mobilité. Je dis souvent une patient : Vous savez ce sont vos muscles qui font votre mobilité, il faut les activer. Quand on se tient mal ou lorsqu’on va chercher l’assiette au fin fond de l’armoire … et qu’il n’y a aucune tenue au niveau du tronc, qu’il n’y a aucun gainage nulle part; Au final, qu’est ce qui travaille? C’est plus de l’agression que du travail musculaire. Sauf que ce sont les muscles qui vous font bouger. Donc plus on va les bouger, mieux ça va être.

Gabriel: Il y a en effet un peu dose – réponse, comme on dit.

Les bonnes résolutions

Juliette: On est au mois de novembre, mais bientôt arrive le mois de janvier avec sa phase de nouvelles résolutions. Comment tu vois cette période de nouvelles résolutions, quel est ton avis sur ce sujet ?

Gabriel: La fameuse période des bonnes résolutions. On sait que cela marche une semaine. Et puis, après les gens abandonnent. Je dirais que c’est chouette d’avoir des bonnes résolutions et tout, encore faut-il s’y tenir.

Juliette: C’est bien de se challenger de temps en temps.

Gabriel: C’est très bien. Pour que concrètement, cela se passe bien, il serait important de procéder par étape. Et de revoir un petit peu les exigences, d’être un peu plus raisonnables, c’est important. Par exemple, quelqu’un qui se dirait du jour au lendemain, dès le 1er janvier, j’y vais. Je fais une heure de footing par jour. C’est illusoire, ça ne va pas durer …

Juliette: Tu sais que tu fais peur à certains … tu leur parles d’une heure de footing par jour …

Gabriel: On va développer. Plutôt que de se dire ça, … Par exemple, si je prend mon cas. Moi, il serait bien que je fasse un peu plus de méditation. Je vais me dire, dès demain, je m’y mets, je fais mon heure de méditation. Mais pour faire une heure de méditation ou de sport, il faut être dans une certaine disposition physique, mentale. De plus, il y a les circonstances de la vie de tous les jours. Le quotidien qui fait, qu’une heure ça peut ne pas être évident. Ce n’est pas simple à appréhender, la vie va à 100 km/h dans le quotidien des personnes. Se dire, la prochaine heure il va falloir que je fasse ça … mais il peut se passer beaucoup de choses. Il peut y avoir le voisin qui vient déranger, la famille, quelqu’un qui sonne, le téléphone qui sonne,le chien, le chat… un imprévu, que sais je ? Donc, en une heure, il peut se passer beaucoup de choses. Je pense qu’il est intéressant pour ceux qui souhaitent se mettre à faire une activité, d’être raisonnable, réaliste. Commencer par dix minutes. Si, par exemple, je souhaite faire 1h de méditation, je vais me mettre à faire 10 min. C’est assez simple, je trouve à appréhender. Je me dis OK, là, ce sont mes 10 min de méditation que je fais un jour sur deux. A ce moment là, je vais couper le téléphone, je vais fermée à clé, et je vais me mettre dans de bonnes dispositions. Dix min, c’est quoi ? Donc, je le fait. Je ne fais pas une minute de plus, je ne fais pas une minute de moins. Et si cela me convient bien, j’essaye de pérenniser la chose. Dans un second temps, peut être que je passe à un quart d’heure. Puis à vingt min. Peut être que 20 min, c’est trop. Dans ce cas là je reviens à un quart d’heure. J’essaye d’installer ça dans le temps.

Juliette: Oui, d’y aller progressivement, et de voir que les choses s’intègrent dans le temps. Sans se dégoûter. C’est un peu le problème quand on va trop vite.

Construire une routine, une habitude

Gabriel: Construire une routine, une habitude. C’est ça aujourd’hui le problème. Tu parles d’aller trop vite, mais c’est que tout va très vite. Et puis, on veut tout, tout de suite. On veut le résultat, on veut le programme miracle, mais les bonnes choses prennent du temps.

Juliette: C’est le programme des six semaines …

Gabriel: Le fameux programme des six semaines. Et puis, on a tellement de chance, c’est ça que je voulais dire tout à l’heure. En Suisse, c’est fabuleux, on a tous les reliefs, on a tous les types de paysages, on a toutes les saisons, tous les climats. Il suffit d’être équipé un petit peu basiquement, de bonnes chaussures, un maillot de bain, éventuellement un vélo. Et on peut tout faire tout, et toute l’année.

Juliette: L’avantage qu’on a ici, c’est que où que vous habitiez, vous avez la nature à proximité. Il n’y a pas forcément besoin de faire une heure d’embouteillage, pour se retrouver dans la première forêt. Il y a quand même des choses qui sont proches. Comme tu le disais, il y a cette notion de quantité de temps. Il faut être réaliste et commencer petit, sachant que le planning n’a que 24 heures. Il y a aussi une notion de quantité de charge. Quand tu parlais d’aller courir une heure par jour tous les jours, certains ont eu peur je pense. Selon votre niveau sportif, rien que d’aller marcher, c’est déjà une première étape. Si vous voulez courir une heure tous les jours parce que vous avez cette quantité en tête, et que vous n’avez jamais couru. Je vous déconseille de commencer aussi vite. Vous devriez déjà commencer à marcher. Et, ensuite faire un petit peu plus de marche rapide. Puis intégrer la course à pied progressivement.

Gabriel: Absolument. Il faut bouger en somme. Ne faites pas rien, faites quelque chose. Et puis, ce n’est pas pour rien qu’il y a ces fameuses recommandations de la demi heure par jour. Les gens prennent un médicament pour aller mieux, dès qu’ils arrêtent de le prendre cela n’a plus d’effet. L’activité physique, c’est pareil, comme on disait avant, il faut le voir comme un médicament.

Gabriel: Les gens disent souvent qu’ils n’ont pas le temps, … Ils invoquent le temps, mais aussi le coût. Ils disent que pratiquer une activité physique ça coûte cher, qu’il faut s’équiper, avoir un abonnement, … Mais en terme de temps et en terme de coût, je trouve qu’il faut voir les choses sur le long terme. Une mauvaise santé induite par l’inactivité, de la sédentarité et une mauvaise hygiène de vie va coûter beaucoup plus de temps et d’argent sur le long terme. Être en mauvaise santé, ça coûte extrêmement cher. Et si on met dans la balance la demi heure de marche un petit peu vigoureuse par jour, en se parkant à 10 min de son travail et en faisant le reste à pied, versus les hospitalisations, les traitements, les visites chez le médecin … les coûts et le temps que cela va prendre, c’est faramineux.

Gabriel: Il ne s’agit pas forcément de parler de sport, cela peut faire un peu peur, mais simplement de s’activer un petit peu. Je vous invite vraiment a réfléchir à votre emploi du temps, à votre quotidien, à vos habitudes. Activité par activité, et vous dire OK, à tel moment de la journée, je fais ça, comment est ce que je peux sans perdre de temps, y placer un petit peu de mouvement ? Par exemple, si je me rends en transports à mon travail, cela me coûte quoi de m’arrêter un-deux arrêts de métro avant, et de faire le reste à pied ? Idem pour le retour. Si j’ai beaucoup de téléphones à faire, qu’est ce que cela me coûte de faire ces appels en position debout, en marchant ? Je vous invite vraiment à avoir une réelle réflexion sur votre emploi du temps, à vous poser la question : A quel moment est ce que je peux caler un peu de mouvement ?

« Ceux qui estiment ne pas avoir de temps pour l’exercice physique, devront tôt ou tard, trouver du temps pour la maladie ». Edward Stanley

Juliette: Réfléchir aux petites choses qu’on peut changer. Ne plus prendre les escalators ni l’ascenseur, mais les escaliers par exemple.

Gabriel: Tout à fait. Il y avait eu d’ailleurs une étude, je crois que c’était aux HUG, dans laquelle ils avaient pris un groupe de collaborateurs auquel ils avaient donné une sorte de badge, de puce, qui les empéchait de prendre l’ascenseur. Ils étaient donc contraints de prendre les escaliers. Ils ont observé des bénéfices. Dans cette étude, il s’agissait en l’occurrence de mesurer tout ce qui était composition corporelle. Sur quelques mois, ça a porté ses fruits. C’est vrai qu’on voit souvent les choses dans l’immédiat, on se dit que 10 min ce n’est rien, et que ça ne va pas avoir d’effet. Mais sur une semaine, simplement 10 min de marche, on voit les résultats. On va plutôt parler de la demi heure, car ce sont les critères … J’avais 10 min en tête parce que c’est ce qu’on peut comptabiliser dans un temps d’activité. Si on fait 10 min d’activité, de mouvement sans interruption, c’est ce qu’on peut comptabiliser.

Il est recommandé de faire 30 min d’activité physique quotidienne d’intensité moyenne. Swissheart.ch

Répartir l’activité physique dans le temps

Gabriel: Quantifier le mouvement est plus intéressant. On revient sur l’exemple de quelqu’un qui fait une heure de fitness par jour, mais qui le reste du temps est assi. Cette personne va être considérée comme sédentaire dans la mesure où, on ne peut pas être inactif cinq jours sur sept et le week end, faire trois heures d’activité physique le samedi et trois heures le dimanche. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Pour prendre un exemple d’une activité de la vie quotidienne. Se brosser les dents, ce n’est pas parce que vous ne vous brossez pas les dents du lundi au vendredi, puis que vous passez une heure à vous brosser les dents le samedi et dimanche, que cela va porter ses fruits. C’est intéressant la répartition. et c’est souvent mieux. Par exemple si on a deux heures où l’on veut faire du sport de façon un peu intensif, il sera préférable de le répartir. De faire sur quatre jours, 30 min chaque jour. Plutôt que de ne rien faire pendant trois jours, et puis le quatrième jour faire deux heures d’un coup.

Juliette: Il faut toujours mieux faire de l’activité de façon quotidienne. Quand on rentre dans le sport, là, on rentre dans le système d’entraînement. C’est un autre débat. Mais de toute façon, il vaut mieux avoir de l’activité un petit peu tous les jours, ça, c’est sûr.

Les enfants et l’activité physique

Juliette: Un autre point qui peut être intéressant, ce sont les enfants. En tant qu’adulte, d’une certaine façon, on leur sert d’exemple. Cela peut être une motivation pour bouger, pour marcher. Si nos enfants nous voient être actifs, ils vont déjà être plus actifs. Il y a aussi la notion de comportement. Quand on les amène à l’école, les arrêter juste devant, les jeter de la voiture, ce n’est pas forcément leur apprendre à être actifs et à bouger. Et comme tu nous l’a dit tout au long de cet entretien, l’activité physique et on ne parle pas de sport, l’activité physique est importante pour être en bonne santé, de façon générale. Pour être bien dans sa vie, dans sa tête, dans son corps. Il faut donc peut être inculquer cela à nos enfants.

Juliette: Je ferais le parallèle avec les trottinettes. Je n’ai absolument rien contre les trottinettes, mais j’ai eu beaucoup de patientes qui me demandaient ce que je pensais des trottinettes chez les tout petits. Je répondais alors, que je n’avais rien contre les trottinettes, à partir du moment où on considérait que c’était un moment, que c’était une activité à part entière. Le problème, c’est qu’on est tous pareils. Les enfants sont petits. En tant qu’adulte, on marche beaucoup plus vite. C’est plus simple pour nous, en tant qu’adulte, d’avoir des enfants qui nous suivent au bord du lac en trottinette qu’à pied. J’avoue que c’est beaucoup plus confortable. Par contre, je pense que ce n’est pas forcément idyllique pour les enfants. Pour la simple et bonne raison qu’ils sont tout le temps en trottinette. La trottinette, ça va très vite. Ils ne prennent donc pas l’habitude d’observer les choses calmement. Ils n’ont pas la frustration d’être le petit qui essaye de suivre les adultes. Tout va trop vite, la notion d’attendre, le fait d’être patient, le fait de prendre le temps. On ne leur apprend pas à prendre le temps. En même temps, la trottinette, peut être une activité physique, mais quand elle est vue comme mode de transport, ce n’est plus le cas. De plus on voit de plus en plus, même les petits, avec des trottinettes électriques.

Juliette: Quand les patientes me posaient la question, je leur cassai un petit peu le truc. Pourtant, je suis très sport de glisse, trottinette, skate, … je trouve ça génial. Mais, vu comment c’est utilisé, c’est discutable. Il est parfois intéressant de prendre du recul et de réfléchir en tant qu’adulte, en quoi l’utilisation de la trottinette nous arrange, nous plaît. La plupart du temps, en tant que parent, ce qui va nous plaire dans la trottinette, c’est qu’il n’y a pas besoin d’attendre l’enfant. Est ce que c’est quelque chose de positif ? Même dans le rapport à ces enfants ? Là, il y a peut être moyen de se remettre en question.

Gabriel: C’est vrai que je ne me suis jamais posé la question, sur cet aspect de trottinette. Je ne suis pas spécialiste de la question chez les enfants, mais il est vrai qu’il y a des étapes dans la vie, de construction, de développement de l’organisme, du système nerveux qui se font par étapes. Les fondations se construisent à certains âges. C’est important que l’enfant soit stimulé, qu’il soit actif, qu’il bouge, qu’il court, qu’il saute, qu’il marche et qu’il fasse des expériences. C’est important qu’il soit stimulé par l’environnement, d’un point de vue sensoriel et avec le mouvement.

Juliette: Le problème avec la trottinette, c’est qu’elle va te stimuler sur beaucoup de choses, sur l’équilibre, sur la réactivité, et plein d’autres choses, ça, je ne le renie pas. Mais en contrepartie, le problème, c’est lorsque la trottinette remplace la marche et qu’il n’y a plus de marche. On ne va plus à l’école à pied, on dépose l’enfant devant la porte. Le week end, lorsqu’on a envie d’aller marcher dans les vignes ou au bord du lac, l’enfant ne marche pas, mais nous suit en trottinette. Souvent, à aucun moment les enfants marchent réellement. On observe de plus en plus les enfants se plaindre rapidement de douleurs partout après avoir un peu marché. Directement, on va penser aux douleurs de croissance, car l’enfant est en pleine croissance. Mais parfois, il faut prendre un peu de recul, car ce n’est peut être pas des douleurs de croissance. L’enfant n’est peut être pas suffisamment stimulé dans cette activité. Activité qui est censée être une activité basique. On est censé marcher avant de courir.

Gabriel: C’est vrai qu’au niveau mécanique, il y a cet aspect contrainte, impact qui va justement stimuler la synthèse osseuse. Donc ça, c’est important, et il vrai qu’on ne retrouve pas tellement cela dans la trottinette, encore moins dans la trottinette électrique.

Juliette: On va parler de trottinette récréatif. Parce que pour ceux qui font de la vraie trottinette sportive, c’est encore autre chose.

Gabriel: C’est encore autre chose, c’est sûr.

Juliette: Comme on l’a vu au final, tout ce qu’on cherche, c’est d’essayer d’être actif, de se remettre en question, de se poser des questions par rapport à son environnement ou son planning. Qu’est ce qu’on peut changer ? Qu’est ce qu’on peut améliorer, sans avoir des objectifs de Jeux olympiques ? Rester simple pour essayer de bien vieillir. Puis peut être arrêter de vouloir la solution miracle tout de suite sous forme de pilule en 2 secondes. Chercher les solutions, c’est bien. Vouloir une solution dans la seconde, ça ne marche pas.

Gabriel: Patience est mère de raison.

Le problème des écrans

Juliette: Est ce qu’il y aurait d’autres choses que tu aimerais partager, d’autres réflexions ?

Gabriel: Alors je trouve qu’on a bien fait le tour et on a bien parlé de la sédentarité, du mouvement, de l’activité physique. Tu nous as aussi parlé longuement de la trottinette (lol).

Juliette: J’aime bien le « longuement » (lol).

Gabriel: C’était très intéressant, mais c’est vrai que je ne m’étais jamais posé la question sous cet angle. Je n’ai jamais vu un enfant sur une trottinette suivre sa maman, et me dire tient elle le prend pour se décharger un petit peu.

Juliette: Elles ou ils, les papas ne le font pas consciemment. On ne le fait pas consciemment.

Gabriel: Mais c’est vrai que lorsque je pense, par exemple à mon petit frère ou aux enfants, actuellement l’aspect le plus problématique, pour moi, lié au manque de mouvement, à l’inactivité, c’est plus les écrans. En l’occurrence tout ce qu’il est accès au téléphone. Pour faire un parallèle avec la trottinette, par exemple, je dis ça sans son jugement et je ne suis pas papa, donc c’est purement un constat. Mais j’ai l’impression que parfois, on met dans les mains de l’enfant un écran, un smartphone pour qu’il ne fasse rien et reste calme. Pour qu’on puisse faire nos trucs tranquille. Que c’est une solution, une facilité.

Juliette: C’est la même facilité que la trottinette. On le fait inconsciemment ou consciemment des fois, mais c’est la même chose.

Gabriel: Je trouve que les écrans, pour n’importe qui, ce n’est pas forcément bien. Après, tout est question d’équilibre et de faire les choses raisonnablement avec les écrans. Sur les téléphone, il y a des options pour voir le temps d’écran. Parfois je confronte mon petit frère au temps qu’il a passé sur l’écran. Cela peut aller jusqu’à 4-5 heures. Il ne se rend pas compte. J’ai parfois l’impression qu’on a peur, et je m’inclue dedans, de ne rien faire. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui auraient du mal si on leur disait : maintenant tu dois durant 5 minutes ne rien faire, tu restes assis et tu ne fais rien. Je pense que beaucoup de gens seraient super mal.

Juliette: Ça, ce serait un test intéressant, face à des gens qui sont continuellement sur leur écran, de les poser face à ce type de panorama (vignes de Lavaux, face au lac) sans téléphone, sans musique, sans rien. Et de leur dire maintenant essaye de profiter de l’instant. S’ils n’y arrivent pas, peut être que ce test les amènerait à se remettre en question et peut être à changer 2-3 petites choses dans leur vie.

Gabriel: Tu prend conscience souvent que tu ne fais pas quelque chose d’utile sur le téléphone. Simplement tu fais défiler, tu navigues ou tu regardes un peu les publications des autres. Dans l’absolu, tu ne fais rien de plus intéressant que de ne rien faire, mais ça donne l’impression de faire quelque chose. Les gens maintenant l’embarquent aux toilettes …

Juliette: Ne pas amener son téléphone aux toilettes.

Gabriel: C’est le seul endroit où à proprement parler tu peux « te faire chier » et même là, les gens ont peur de se faire chier, de ne rien faire. Donc, ils embarquent le téléphone.

Juliette: C’est vrai que c’est la panique quand tu n’as plus ton téléphone, alors que le natel (portable) ce n’est pas si vieux. C’est comme Internet, ce n’est pas si vieux.

Gabriel: Tout va très vite. On ne sait pas encore les répercussions que cela peut avoir. On verra dans quelques dizaines d’années. Il y a forcément des répercussions positives, et négatives. On les constatera plus tard, on ne sait pas encore.

Juliette: Pour l’instant, on ne voit que l’aspect pratique de la modernité par rapport au natel, on ne voit pas les effets négatifs.

Gabriel: Quand je vois les plus jeunes, les enfants, c’est plus cet aspect lié aux réseaux sociaux, au temps passé sur tous les écrans, …

Juliette: Qui diminue les vraies interactions sociales. On le voit quand ils sont en famille. Au final, ils ne sont pas là. Ils sont sur leurs écrans et ils ne sont pas en train de communiquer avec nous. Ce qui n’est pas constructif non plus.

Gabriel: Ça donne l’impression que tu as des interactions sociales, que tu connais du monde. ça augmente l’estime de soi … Il y a tous ces mécanismes de valorisation, s’est construit comme ça. J’imagine qu’ils ne sont pas stupides, tout ce qui est like, le coeur, …

Juliette: Ça peut amener plein d’interactions intéressantes, te permettre de rencontrer de nouvelles personnes …

Gabriel: C’est un outil.

Juliette: En effet, il faut le voir comme un outil. Maintenant, tu le fais assis. En général, tu n’es pas en train de marcher pendant que tu regardes tes réseaux. Si tu marches pendant que tu regardes ton écran, c’est dans ce type de moment qu’on observe des accidents avec les voitures, ou entre piétons, …

Gabriel: Il y a des répercussions. On voit souvent le coté physique, sur les yeux, sur la posture … On est souvent affalé quand on l’utilise.

Les enfants et les réseaux sociaux

Gabriel: Mais il y a toutes les répercussions aussi plus psycho-sociales. Je parle des réseaux sociaux. C’est vrai que ce n’est pas un thème qui concerne forcément la sédentarité ou l’activité physique. Mais si je prends l’exemple, de jeunes qui sont malheureusement harcelés à l’école. Avant quand il n’y avait pas les réseaux sociaux, les jeunes qui subissaient ça, cela se cantonnait un peu aux limites de l’école. De nos jours, la majorité des jeunes sont sur les réseaux. Ceux qui subissent le harcèlement, celui-ci les poursuit jusqu’à la maison. Donc les répercussions sur la santé, et au niveau psycho social sont dévastateurs. On en voit à l’hôpital, en pédiatrie !

Juliette: Ces enfants se renferment sur eux même, et la reconstruction en est d’autant plus difficile. Comme on disait, ce n’est plus qu’au niveau local, c’est 24h/24. Cela prend une ampleur démesurée, c’est la ville d’à coté, c’est le pays d’à coté, ça implique des gens que l’on a jamais vu.

Gabriel: C’est H24. Et comme on disait avant, il y a des choses, des phases précises du développement. Des choses qui ne se construisent qu’à un certain âge. Et si cela se passe mal, malheureusement, ça conduit à des dérives qui peuvent être dramatiques.

Gabriel: On ne vend pas trop les natels (lol). Biensur qu’il y a du positif. Mais on s’éloigne un peu du sujet.

Juliette: C’est cette notion de prendre les choses avec un certain équilibre, de trouver de l’alternance, de prendre la modernité avec ce qu’elle nous apporte de positif. D’avoir conscience des mauvaises choses, que ce soit à cause des natels, ou que ce soit nos habitudes. Il faut essayer de trouver un juste milieu pour évoluer dans le temps de façon la plus optimale et bienveillante possible.

Gabriel: Oui, l’équilibre et faire les choses en connaissance de cause. S’informer. C’est vrai que tout ces outils sont aussi positifs pour s’informer, on a accès à l’information.

Juliette: Merci Google.

Gabriel: Merci Google.

Juliette: Parce que oui, on utilise Google tous les jours. C’est vrai que Google, c’est quand même pas mal …

Gabriel: En somme, on n’a pas de recette miracle et de remède magique à vendre.

Juliette: Essayons de faire simple. De la mobilité classique, de pas chercher les extrêmes, de se connaître par rapport à ses capacités, de se faire accompagner par des thérapeutes, des physiothérapeutes, des thérapeutes du sport, des coachs, … ce que vous voulez. Avancer progressivement en fonction de ses propres capacités.

Gabriel: Je n’aurais pas dis mieux.

Juliette: Autre chose à rajouter ?

Gabriel: C’est bon pour moi. Je te remercie infiniment, en tout cas pour ton temps. Si quelques collègues voient ce podcast, je les embrasse fort et je les salue.

Juliette: Et puis, il faut liker et partager (lol). Merci à tous.

La réadaptation cardiaque – Episode 1

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Les intervenants

  • Juliette Corgnet : Physiothérapeute
  • Marisa Azevedo : Physiothérapeute à l’HRC

Transcription du Podcast

Juliette: Bonjour et bienvenue sur le podcast Santé Sport de CapRol. Aujourd’hui, nous allons parler de la réadaptation cardiaque avec Marisa Azevedo. Marisa peux-tu te présenter stp ?

Marisa: Je suis physiothérapeute. Je travaille depuis quelques années à l’HRC (Hôpital Riviera Chablais) à Rennaz. J’ai fait une spécialisation en rééducation cardio-vasculaire. Je suis une des référente à l’hôpital en ce moment.

A quoi correspond la réadaptation cardiaque ?

Juliette: On a donc la bonne personne pour parler de la réadaptation cardiaque. Est-ce que tu arriverais à nous expliquer à quoi correspond la réadaptation cardiaque?

Marisa: Elle est destinée aux patients qui ont connu un problème, un soucis au niveau cardiaque ou cardio-vasculaire. Notre rôle en tant que physiothérapeute est de les éduquer, pour avoir une hygiène de vie plus saine. Et surtout de les réentraîner à l’effort, pour qu’il puisse par la suite le faire seuls. Nous voulons ainsi éviter une récidive.

Juliette: OK, c’est donc une rééducation, une réhabilitation à l’effort, dont un des buts est d’amener les patients à devenir autonomes dans leur prise en charge. A faire, ainsi en sorte qu’ils reviennent dans la vie de tous les jours, de façon la plus normalement possible. D’une certaine façon, la réadaptation cardiaque c’est le mouvement?

Marisa: Oui.

Juliette: Donc, même si on a eu un accident cardiaque, le premier message qu’on peut déjà retenir, c’est qu’il ne faut pas avoir peur de l’activité physique ?!

« Même en cas d’accident cardiaque, il ne faut pas avoir peur de l’activité physique »

Marisa: Non, il ne faut pas avoir peur ! Bien sûr que lorsque quelqu’un a eu un infarctus, selon la sévérité, il faut qu’il apprenne avec des professionnels de la santé, qu’il apprenne jusqu’où il peut aller au niveau de l’effort. Il a un coeur qui est un peu sensible à l’effort. C’est pour cela qu’il y a ces programmes de réadaptation cardiaque.

Les 3 phases de la réadaptation cardiaque

Phase 1 de la réadaptation cardiaque

Juliette: On veut réadapter le coeur à l’effort, d’où l’intérêt d’aller chez les professionnels dans un premier temps. A ma connaissance, il y a trois phases pour la réadaptation cardiaque. Est ce que tu peux nous expliquer déjà la phase numéro 1 ?

Marisa: Numéro 1, c’est lorsque le patient arrive à l’hôpital. C’est la phase critique, quand il a fait son premier malaise, premier ou deuxième peu importe. Mais c’est la phase d’hospitalisation, où l’on va essayer de résoudre ce problème, vraiment dans une phase initiale. La phase 1, c’est la phase d’hospitalisation si on veut.

Juliette: Donc la réadaptation elle commence déjà au lit du patient, quand on se retrouve à l’hôpital. Vous commencez par quoi, c’est du mouvement ou … ?

Marisa: Cela peut être des exercices respiratoires aussi dans un premier temps, cela dépend vraiment de la sévérité, et de ce qu’ils ont fait comme intervention. Il y a des patients qui ont un problème tellement grave qu’ils n’arrivent pas à sortir du lit tout de suite parce que leur coeur bat trop vite ou qu’ils ont une tension artérielle trop haute. Il faut qu’on contrôle tout cela avant. Mais on peut déjà faire quelque chose. On peut déjà travailler au niveau respiratoire. On peut commencer à bouger un petit peu les bras, voir comment le corps fonctionne. On surveille tout ça avec les médecins, les infirmiers, … On regarde la progression avec aussi la prise en charge médicamenteuse qui va avoir un rôle important dans la phase 1 pour pouvoir progresser dans les exercices. Mais l’objectif principal, c’est de les bouger le plus tôt possible.

Juliette: Donc, il y a vraiment une collaboration très étroite entre l’aspect purement médical, médicamenteux, et l’aspect physiothérapie.

Marisa: Oui c’est sur !

Phase 2 de la réadaptation cardiaque

uliette: La phase numéro 2 elle correspondrait à quoi ?

Marisa: La phase numéro 2, c’est lorsque le patient sort de l’hôpital et qu’il a besoin de poursuivre son entraînement, le mouvement. Un bilan cardiologique est fait chez un cardiologue. A ce moment là, le cardiologue l’envoie chez nous en ambulatoire ou en stationnaire. Je sais qu’il y a des centres qui le font en stationnaire. Il y aura alors, toute une rééducation physique qui se met en place. Mais il n’y a pas que physique. Il aussi des patients qui ont besoin de savoir comment ils mangent parce que ils mangent mal. L’alimentation est primordiale pour notre santé, mais pas que cardiaque, mais pour tout le reste. Donc, il y a toute une prise en charge tellement grande avec ses patients …

Juliette: C’est de la rééducation et aussi de l’éducation.

Marisa: Oui. Nous, notre rôle de physiothérapeute, c’est de les réentraîner, de les faire bouger, et de leur faire comprendre jusqu’où ils peuvent aller. Ce qu’on utilise à l’entraînement, c’est la fréquence cardiaque. On regarde jusqu’où ils peuvent aller, comment ils se sentent, pour ne pas qu’ils fassent de malaise. Et puis, on essaye de progresser l’effort chaque fois que les séances avancent.

Juliette: Puis on les dirige aussi, je pense à gérer la respiration durant l’effort pour éviter que le pulse n’augmente ?!

Marisa: Oui, oui c’est tout un l’entraînement.

Juliette: Donc, à la phase 2, le cardiologue va vous faire un bilan. Selon ce bilan, vous aurez des données chiffrées, qui vont vous permettre de travailler et de rassurer le patient, et de surveiller le patient pendant un certain temps.

Marisa: Oui, il faut qu’on connaisse sans problème et qu’on sache s’il y a des indications spécifiques. Le cardiologue, par exemple ne veut pas qu’on atteigne une fréquence cardiaque X pour ce patient, donc on va respecter ça.

Juliette: Le travail de rééducation est toujours pluridisciplinaire, mais est-ce surtout à la phase 2 qu’on va avoir les diététiciens ou le psy ou d’autres professionnels, ou c’est durant toute la réadaptation ?

Marisa: Ça pourrait déjà commencer dans la phase 1, la phase d’hospitalisation. Mais très souvent, le temps est tellement court qu’on n’a pas le temps de le faire. Ou alors, les diététiciennes ne sont pas tout de suite disponibles, ou bien ils ont un abordage tellement court qu’ils n’ont pas le temps de tout leur dire, ou de tout mettre en place.

Juliette: Elle dure combien de temps à peu près cette phase 2. Y-a-t-il y a un temps déterminé ?

Marisa: Alors ce sont 30 séances de physiothérapie chez nous, trois fois par semaine, donc trois à quatre mois. En stationnaire je pense que ça dure six semaines environ.

Juliette: Donc, ça veut dire que pendant toute la phase 2, le patient peut être demandeur, et c’est à ce moment là qu’il devrait ou qu’il faut qu’il soit demandeur d’aide supplémentaire auprès de vous pour faire intervenir des collègues.

Marisa: Après, nous on peut aussi leur proposer de l’aide. Parce que lorsqu’on connaît le dossier du patient, on sait déjà si c’est un patient qui a un peu de poids , qui a un IMC un peu élevé. Ou si c’est un patient qui a déjà eu une aide psychologique, il faut peut être voir si il a encore cette aide psychologique, si il en a besoin ou autre. Si c’est des fumeurs, voir si ils ont besoin d’aide. Très souvent, lorsque les fumeurs ont un infarctus, ces patients là, et ils arrêtent directement de fumer.

Juliette: C’est le traumatisme qui fait l’élément déclencheur.

Marisa: Excat. Et souvent, ils n’ont pas le réflexe de demander de l’aide. Et là, on les informe qu’on on a des tabacologues à l’hôpital, des psychologues. Et normalement, ils acceptent de l’aide, un premier rendez vous, en tout cas. Et puis ils viennent les voir ou ils prennent rendez vous par téléphone.

Juliette: C’est là où on voit quelque part que notre métier de physiothérapeute, il est global. On traite le patient dans sa globalité. Même si on ne fait pas tous les métiers, notre métier, ça reste physiothérapeute ; On est à l’écoute du patient et c’est aussi à nous d’amener le patient, à aller voir des collègues, que ce soient les psy et que ce soit les nutritionnistes …

Marisa: Mais je pense que les autres collègues ont aussi un peu ce rôle.

Juliette: Oui, la sphère médicale. Nous, on a accès plus facilement aux patients, plus longtemps ?!

Marisa: Après c’est vrai qu’ils passent beaucoup de temps avec nous. Donc on a cette chance de pouvoir les voir pendant deux heures, trois fois par semaine. On discute beaucoup, donc on connaît davantage leurs besoins.

La phase 3 de la réadaptation cardiaque

Juliette: ça c’est intéressant. Et la phase numéro 3 correspond à quoi ?

Marisa: Alors la phase numéro 3, c’est lorsque le patient est passé par la phase 1, la phase 2 et qu’il a pris l’autonomie de se prendre en charge tout seul.

Juliette: Il a tout appris. Il est autonome dans la poursuite de sa rééducation.

Marisa: C’est ça. Donc, le but, c’est qu’il choisisse une activité, un endroit où la faire, avec une régularité par semaine.

Juliette: C’est là où on rappelle que l’important, c’est la régularité. Si on veut obtenir des résultats, il faut une certaine régularité.

Marisa: Oui ça ne serre à rien de faire une par mois …

Juliette: Vous vous avez maintenant la phase 3 à l’hôpital de Rennaz ?

Marisa: Oui, on a des APA qui travaillent avec nous. Ils nous aide à faire la phase 2 aussi, en travaillant en binôme avec nous. Et c’est eux qui prennent en charge la phase 3. En ce moment, ils font une fois par semaine, une heure de temps pour les patients qui veulent faire avec nous. Ils font en fin de journée, surtout pour que les gens qui travaillent puissent venir. Ce sont des groupes donc c’est plus stimulants pour eux. Et comme c’est à l’hôpital, je pense qu’ils sont un peu plus rassurés.Juliette00:10:36La réadaptation est forcément en groupe ou peut être en individuel.Marisa00:10:40Elle peut être en individuel.

Juliette: C’est selon la gravité du patient ou le besoin du patient ?

Marisa: Oui, il y a des patients qui sont très faible et qui n’arriveraient pas à suivre un groupe, au niveau des efforts. Donc, à ce moment là, c’est mieux de les prendre en individuel pour avoir des exercices plus adéquats et être vraiment tout le temps à côté. Parce qu’avec un groupe, on est là, mais on les voit en global, on passe souvent vers les uns et les autres. Mais des fois, on a le dos tourné sur ceux qui sont en train de faire du vélo, par exemple derrière nous. Donc on n’est pas rapprochés tout le temps, autant qu’en individuel.

Juliette: Donc on peut passer à côté. En même temps, l’émulision de groupe, elle est intéressante.

Marisa: Oui, c’est beaucoup plus stimulant et les patients apprécient énormément.

Juliette: Ils font un partage d’expérience, ils se rendent compte qu’ils ne sont pas tout seul.

Marisa: Oui c’est ça !

Evolution des patients ces dix dernières années

Juliette: ça fait longtemps que tu fais de la réadaptation cardiaque. Est-ce que tu as vu une différence dans les patients ? Est-ce qu’ils sont plus jeunes, plus vieux, plus gros, avec plus de comorbidités, plus de femmes? As-tu observé un changement particulier ou pas du tout, sur les dix dernières années ?

Marisa: Pas forcément… Des jeunes, ça dépend quel âge tu entends par jeune ?

Juliette: Mais ça dépend toujours quel âge on a (rire).

Marisa: 50 ans, c’est jeune, 60 ans aussi. Et ça dépend.

Juliette: Vous avez plus de 40 ans, vous avez plus du 70-80 ans ?

Marisa: On a plus de 50 ans.

Juliette: OK, plus de 50 ans.

Marisa: Oui, je pense que les jeunes, maintenant ont tellement d’informations qu’une bonne partie arrive à avoir une hygiène de vie plus saine qu’il y a 30 ans en arrière. Mais on a aussi des jeunes, mais moins fréquemment, heureusement. Mais c’est très souvent des pathologies génétiques. Ce n’est pas des pathologies dégénératives, si on peut le dire comme ça …

Juliette: Est-ce qu’il y a une différence entre les hommes et les femmes par rapport au risque cardiaque ? Est ce que vous avez plus de patientes ? Est ce que vous avez plus de patients ?

Marisa: On a clairement plus de patients hommes que de femmes. Les femmes, elles sont un peu protégées par les hormones, jusqu’à la phase initiale de la ménopause. Et puis après, les risques sont les mêmes que les hommes. Donc on n’a pas très souvent des femmes jeunes. Même dans les âges un peu plus avancés, on a qu’en même un pourcentage plus petit que les hommes. Je ne sais pas pourquoi. Peut-être parce qu’elles aiment la vie à la maison et qu’elles s’occupent un petit peu moins d’elle. Je ne sais pas. Et il y a aussi le fait que les femmes aient des symptômes un peu différents des traditionnels quand elles font un infarctus. Et très souvent, on arrive à les récupérer un peu tard. Donc, ça, c’est un facteur aussi qui fait que on est moins de femmes.

Juliette: C’est à dire qu’elles arrivent en post accident un peu plus blessées ?

Marisa: Oui. Et puis ça se peut qu’elle fasse un arrêt cardiaque parce que on n’a pas détecté le problème cardiaque à temps.

Juliette: Il y a aussi le fait que les femmes ont tendance à être moins plaintives. Je pense que tout le monde sera d’accord là dessus. Mais en même temps, dans notre éducation, l’infarctus, la douleur à la poitrine, etc…, c’est surtout les hommes. Les hommes, on pense directement infarctus, alors que la femme pas forcément. C’est peut être un a priori de ma part, mais c’est le sentiment que j’ai. Donc peut être aussi qu’elles font moins de prévention, qu’elles se préoccupent moins et qu’au final elles appellent peut être trop tard.

Marisa: Oui, mais tu sais, Juliette, les femmes, elles ont vraiment des symptômes très atypiques souvent. J’ai eu le cas, je me souviens, il y a quelques années, d’une patiente qui est venue aux urgences parce qu’elle avait des douleurs affreuses à l’estomac. Elle est restée, je ne sais pas combien de temps à l’hôpital pour ça. Et au final, c’était un infarctus qu’elle était en train de faire.

Juliette: Elle avait quel âge ?

Marisa: Je me souviens plus, mais elle était, je crois, 50/60 par là autour.

Juliette: On cherchait autre chose.

Marisa: On cherchait autre chose qu’un problème cardiaque.

Juliette: Et puis, l’ECG n’était peut être pas si flagrant que ça. Mais comme quoi, souvent, au niveau médical, on peut passer à côté de choses sans forcément s’en rendre compte. ça c’est encore un autre débat sur le tri. Faire le tri aux urgences, je pense que ce n’est pas facile ! Après, c’est aussi la problématique des gens d’être trop plaintif ou pas assez plaintif. Des fois, il faut savoir insister, mais certains insistent trop. Et après au niveau médical, on ne sait plus si c’est du sérieux ou pas.

Les facteurs de risques cardio-vasculaires

Juliette: Est-ce que tu peux nous citer les facteurs de risque cardio vasculaires? A quoi on doit faire attention ?

Les facteurs de risques sur lesquels on peut agir

Marisa: La sédentarité, on peut on peut corriger ça, tout le monde pour corriger ça. Le tabac. Ceux qui fument, je sais que c’est difficile d’arrêter de fumer, mais chercher de l’aide. C’est tellement important. Il n’y a pas que les problèmes cardiaques qui surviennent du tabac, il y en a plein d’autres.

Juliette: Je rappelle que le sevrage à la nicotine, c’est 15 jours, sauf erreur. Donc, ce n’est pas si énorme que ça. Après, c’est facile à dire quand on le vit pas. Et par la suite, c’est vraiment psychologique, avec une notion de perte d’habitudes.

Marisa: Mais c’est pour ça que je dis il faut demander de l’aide.

Juliette: Il faut demander de l’aide. Et pour moi, étant une ancienne fumeuse, je pense qu’il faut aussi se préparer. Il y a des gens qui ont peur d’arrêter de fumer parce qu’ils ont peur de grossir. Et c’est vrai qu’en général, le métabolisme de base est plus élevé quand vous fumez. Donc, lors de l’arrêt du tabac, en général, vous prenez 5 kilos. Mais ça peut être aussi une motivation pour regarder son alimentation. Et puis, les bienfaits de l’arrêt du tabac sont clairement démontrés.

Marisa: Tu te sens mieux maintenant que tu as arrêté ?

Juliette: Ah oui ! Pour rappel, quand on arrête avant 40 ans, on récupère la courbe de survie de quelqu’un qui n’a pas fumé. Cela ne veut pas dire que votre système respiratoire n’a pas souffert et qu’on ne voit pas de conséquences. On en voit, on peut en voir. Mais il faut garder en tête que l’arrêt du tabac avant 40 ans vous ramène à une courbe de survie classique. Et qu’en même temps, cela peut être que du bien pour beaucoup de choses. Et peut être pour le portefeuille aussi. Donc, il y a le tabac …

Marisa: Il y a le tabac. Le cholestérol, l’hypertension, ça c’est des choses qu’il faut contrôler chez le médecin et un autre …

Juliette: Le stress …

Marisa: Et oui le stress. Et oui, il y a plein d’infarctus qui se font sous stress. Le stress surtout, le stress cumulé. Il faut vraiment essayer de contrôler ça et encore une fois, chercher de l’aide si besoin.

Juliette: Surtout à l’époque actuelle. Parler, parler et éviter d’accumuler de la surcharge mentale qui fait qu’à un moment ça ne va plus.

Les facteurs de risques sur lesquels on peut agir : La sédentarité, le tabac, l’hypercholestérolémie, la tension artérielle, l’alimentation, le surpoids, le diabète, l’alcool, et le stress.

Les facteurs de risques sur lesquels on ne peut pas agir

Juliette: Par contre, il y a des facteurs aussi sur lesquels on ne peut pas forcément agir. Il y a de l’hérédité, à ma connaissance ?

Marisa: Oui, il y a l’âge aussi. On ne peut pas le changer. Les facteurs génétiques, tu viens de le dire.

Juliette: Le fait d’être un homme, c’est un facteur un peu plus important que celui d’être une femme, sachant qu’on est protégé avant la ménopause. Après la ménopause de souvenirs, il y a aussi la cholestérolémie qui a tendance à augmenter. Donc, c’est pour ça qu’on a peut-être tendance à prendre un peu de poids. D’où l’intérêt de l’alimentation avec l’âge qui avance. L’intérêt du mouvement avec l’âge qui commence.

Marisa: Plus l’âge avance, plus on a besoin de bouger !

Juliette: Et de prendre soin de soi.

Les facteurs de risques sur lesquels on ne peut pas agir : Hérédité, âge, sexe masculin.

Juliette: Est ce que il y avait d’autres choses que tu voulais nous partager par rapport à la réadaptation cardiaque?

On a compris qu’il y avait trois phases. Qu’on commençait le mouvement dès la phase 1, dès le lit de l’hôpital, que ce soit un petit mouvement ou un grand mouvement.

On a compris aussi qu’il faut éviter le stress, éviter les facteurs de risques externes du type le tabac par exemple. Qu’il existe des centres, que vous êtes là aussi pour aider les patients.

Comment intégrer un groupe de réadaptation cardiaque

Juliette: Tous les patients peuvent-ils venir vous voir ? Alors je ne parle pas forcément en phase 1. Imaginons qu’on ait un problème cardiaque, qu’on est suivi par notre cardiologue, et qu’on sente que l’âge avance, qu’on commence a avoir du mal à souffler, à respirer à la montée des escaliers. Est ce qu’on peut rentrer dans un cadre de réadaptation cardiaque?

Marisa: Oui. Il faut que le cardiologue soit d’accord, parce que tant que le cardiologue n’est pas d’accord, on ne peut pas le faire. On ne peut pas prendre l’autonomie de dire vous, vous venez en réadaptation cardiaque. On a besoin d’un bilan et on a besoin d’être sûr que la patient a tous les médicaments qu’il faut pour qu’il puisse faire des efforts contrôlés.

Juliette: Etre sûr que tout est bien stabilisé.

Marisa: Oui bien stabilisé, exactement. Si des choses ne sont pas contrôlées, on ne commence pas.

Centre spécialisé, physiothérapeute, coach ou fitness ?

Juliette: A partir du moment où le patient est stable et que les choses vont bien, il peut toujours se tourner vers les physio pour l’amener à être autonome dans sa réhabilitation à l’effort. Est-ce qu’un patient cardiaque qui est stabilisé, qui a eu son problème cardiaque il y a plusieurs années, qui est suivi par son cardiologue et qui voit qu’avec le temps sa capacité diminue, qu’il a des difficultés à monter les escaliers et qui a entendu parler de cette réadaptation cardiaque ; Est ce qu’il peut venir vous voir, vous? Ou est ce qu’il peut aussi aller voir des physio en cabinet privé ou dans des centres ?

Marisa: Oui. Alors oui, tout à fait. Il faut juste qu’il refasse un bilan chez le médecin, ou le cardiologue, et qu’il soit suivi par des professionnels de la santé dans un premier temps.

Juliette: A partir du moment où on est sûr qu’au niveau médical, les choses sont stables, il peut faire une réadaptation, une rééducation comme tout le monde. En poussant un petit peu, arrivé à un certain stade d’autonomie, puisqu’en fait, c’est ce qu’on cherche à leur apprendre avec la réadaptation cardiaque, est ce que par la suite, on les incite à aller au fitness tout seul ou à s’aider d’un coach, d’un Personal Trainer?

Marisa: Soit l’un, soit l’autre. Moi, ce que je leur dis : ils ont le choix, ils peuvent choisir l’activité qu’ils veulent faire par la suite puisque ils savent maintenant jusqu’où ils peuvent aller en termes d’effort. Fitness ou un coach ? Moi, je préfère toujours qu’il y ait une surveillance. Mais s’ils veulent allez en fitness, ils sont libres de le faire. S’ils veulent être suivis par un coach, ça me va aussi.

Juliette: Oui, le principal, c’est de continuer à bouger, de faire une activité physique. Et d’utiliser les coachs ou les personal trainer pour se motiver si besoin. Mais en contrepartie, il faut aussi prévenir. Parfois, les gens oublient, une fois qu’ils ont l’impression d’être en bonne santé. C’est toujours intéressant de prévenir de ses antécédents cardiaques qu’on soit au fitness ou autre.

Ne pas oublier de prévenir de ses antécédents cardiaques !

Marisa: Ce n’est pas la période où ils ont eu la réadaptation cardiaque qui va faire toute la différence, c’est le après. Donc, c’est du long terme.

Juliette: C’est ce qu’on disait sur le sport. Faire une fois par mois, ça sert à rien. C’est la même chose. C’est un nouveau départ. Il y a eu un accident, et on fait un nouveau départ en mettant toutes les chances de notre côté : du mouvement, de la nutrition, et no stress … Et puis, on essaye de profiter. Est ce que tu aurais un autre message à faire passer, à part le mouvement?

Marisa: Moi, comme physio, je dis à tout le monde il faut bouger, tout le monde est capable de le faire pour votre santé. Et maintenant que vous avez entendu les facteurs de risque, si vous en avez un ou plusieurs d’entre eux, chercher de l’aide. Et puis, ayez une vie saine, une hygiène de vie saine, c’est tellement facile. Il faut juste la mettre en route et c’est simple.

Juliette: La mettre en route. Ça devient une habitude et on se rend compte que ça fait du bien.

Juliette: Merci Marisa pour toutes ces informations. Et puis pour nous à bientôt sur le podcast de CapRol.

L’initiative d’un APA de l’HRC pour faire bouger les patients en chambre durant la crise du COVID

CapRol a voulu interviewer Gabriel Duchemin pour qu’il nous explique l’initiative qu’il a mis en place au sein de l’HRC durant la crise du COVID. Voilà ses réponse à nos questions.

Bonjour Gabriel peux-tu te présenter rapidement ?

Je m’appelle Gabriel Duchemin, j’ai 26 ans et j’ai grandi à Rivaz, au bord du lac Léman dans le canton de Vaud.

Je travaille à l’Hôpital Riviera-Chablais (HRC) en tant que moniteur en activités physiques adaptées et suis dans le service de physiothérapie.

Je suis un mordu de sport, ce qui m’a amené à faire des études en sciences du sport à l’Université de Lausanne durant 5 ans. Ce cursus m’a permis d’acquérir des compétences pratiques et théoriques dans le domaine de la santé. 

Passionné de sport, je touche à tout, que ce soit le triathlon, la gymnastique, l’athlétisme, les sports nautiques, les sports d’hiver, les sports de balles, le trekking, les sports de montagne et j’en passe. 

En somme, j’adore bouger et transmettre cette passion. Je suis également animé par le fait de mener des projets et des initiatives dans le domaine de la santé. 

En tant que titulaire d’un master APAS (activité physique adaptée) comment se fait-il que tu te sois retrouvé à travailler en soins aigus à l’HRC ?

Depuis des années, j’avais à cœur d’apporter l’activité physique et le mouvement en milieu hospitalier. Cela me motive d’autant plus lorsque je vois des patients se remettre à bouger. 

Je pense par exemple aux personnes suivant un programme de rééducation cardiaque qui ne se pensaient plus capables de faire des efforts intenses. Cela leur redonne confiance et leur offre de nouvelles possibilités de faire de l’activité physique à leur niveau, et de façon adaptée. 

Je considère que l’activité physique est un très bon médicament, pour ne pas dire le meilleur.

J’ai par ailleurs longtemps hésité à faire des études en médecine du sport. Ma mère et mon médecin de famille m’y encourageaient fortement. C’est au final ma passion pour le sport qui a fait que j’ai suivi un cursus en sciences du sport et en psychologie. J’ai donc fait un bachelor suivi d’un master, où j’ai pu étudier l’anatomie, la physiologie, la biomécanique, la biologie, la psychologie du sport et autres branches en lien avec la santé humaine.  

Je tenais vraiment à trouver une façon de concilier les domaines du médical et du sport. Le cursus APAS me paraissait être le plus adéquat pour atteindre cet objectif.

La profession est récente en Suisse, le master APAS existant depuis un peu plus de 10 ans. Cela en fait une profession en pleine définition. Il faut savoir se valoriser et monter qu’on a des compétences et un savoir-faire à apporter. 

Durant toutes mes études, l’armée cherchait à me convoquer. Je me suis dit qu’il fallait que je trouve un moyen pour allier l’obligation de servir mon pays avec quelque-chose d’utile d’un point de vue professionnel. C’est pour cela que j’ai choisi de faire un service civil et d’envoyer une demande spontanée à l’HRC. Je leur ai dit que j’avais tels diplômes, telles expériences, des projets à proposer et que j’avais un service civil de 365 jours à accomplir. Ils n’avaient donc pas besoin de me rémunérer. 

J’ai envoyé ma demande à deux hôpitaux et les deux m’ont envoyé des réponses positives, l’hôpital de Lavaux et l’HRC.

On a estimé que mon activité se rapprochait de celle d’un physiothérapeute et j’ai eu des entretiens. Suite à ces entretiens, j’ai immédiatement choisi l’HRC. J’ai fait ce choix par instinct, car j’ai rencontré les responsables physio, des personnes incroyables avec de belles idées. Je suis heureux chaque jour d’aller travailler à l’hôpital et très fier de faire partie de cette équipe extraordinaire que je remercie du fond du cœur. 

Voilà donc comment je me suis retrouvé en soins aigus pour accomplir mon service civil. Comme cela s’est bien passé, j’ai reçu une proposition pour un poste à 100% et c’est top !

Avec quels types de patients travailles-tu au sein de l’HRC ?

La population de patients avec laquelle je travaille est assez variée. Il y a des patients en gériatrie, oncologie, neurologie, pédiatrie, chirurgie, cardiologie, soins palliatifs ou en situation psychosociale difficile. 

La rééducation cardiovasculaire occupe par ailleurs une grande place dans mon emploi du temps. J’ai également des expériences et des futurs projets en santé au travail. 

C’est assez marrant de se dire qu’indirectement, je travaille un peu partout dans l’hôpital. En effet, nous avons créé, en collaboration avec mes supérieurs et le service informatique, deux vidéos d’exercices qui passent chaque heure dans les chambres de l’hôpital. Cela motive bien les personnes à bouger en chambre. Je suis comblé ! 

J’ai la chance de communiquer avec les physiothérapeutes travaillant dans différentes unités. Ils me confient des patients qui ont besoin de travailler spécifiquement sur certains aspects, notamment le renforcement, l’endurance, la relaxation ou certaines modalités de la coordination comme l’équilibre. Il m’arrive de proposer du ludique ou des séances en groupe lorsque j’en ai la possibilité. J’utilise mon imagination pour trouver des exercices stimulant les personnes à faire de l’activité physique. 

Comment est venue l’idée de mettre en place des vidéos pour les patients COVID ?

Durant la période du COVID, j’ai eu la chance de continuer à travailler. C’était important pour moi de lutter contre cette crise à mon échelle en apportant ce que je pouvais. C’est justement de là qu’est parti l’idée de diffuser des vidéos en chambre. Les visites n’étaient pas autorisées et les patients étaient isolés en chambre. Mon rôle fut essentiellement de lutter contre le déconditionnement et d’apporter du soutien moral lorsque le pronostic était mauvais. 

Les personnes hospitalisées bougent fatalement moins à l’hôpital qu’à domicile. Il y a toutes les activités de la vie quotidienne en moins et ils passent facilement 20-22 heures couchés au lit. Perte de force et diminution des capacités cardiovasculaires sont donc des choses fréquentes. La condition physique est susceptible de se dégrader et il est capital que la personne à risque continue de se mobiliser au cours de son hospitalisation.  

Au final, le corps c’est un peu comme de l’eau car tant qu’il y a du mouvement ça va mais lorsque l’immobilité s’installe, ça commence à sentir mauvais. On parle d’eau stagnante qui risque de croupir et c’est pareil pour le corps !

Avant le confinement, on avait émis l’idée, avec mes responsables, d’utiliser les téléviseurs. Il faut savoir que chaque lit dispose d’un écran. On s’est dit qu’il serait judicieux de s’appuyer sur la technologie pour promouvoir le mouvement et l’activité physique. Comme je l’ai dit avant, les personnes hospitalisées sont à risque de se déconditionner. Tu ajoutes à ça l’isolement en chambre et l’impossibilité de recevoir des visites et tu obtiens le parfait cocktail pour ruiner ta santé physique et ton moral. Il fallait agir rapidement et nous avons sorti la vidéo en à peine 10 jours. On s’est très bien coordonnés et on était sur la même longueur d’onde.

Lorsque le COVID est arrivé en tant que soignant as-tu eu des appréhensions, as-tu eu peur du virus ?

Du virus en lui-même pas plus que ça. Bien sûr il faut avoir peur car cela permet d’adopter des comportements adéquats et rationnels pour protéger autrui et soi-même. Sans peur ou à l’inverse en paniquant on fait n’importe quoi et on représente un danger. Il y avait des directives claires et il s’agissait de les respecter.

Personne n’avait vécu ça avant et on parlait de ce virus depuis des semaines. Avec du recul, je me sentais plus en sécurité à l’hôpital qu’à l’extérieur car au moins j’étais face à une personne diagnostiquée donc je prenais des précautions lors des prises en charge. À l’extérieur c’était plus incertain et ce semi-confinement rendait la chose un peu délicate je trouve.

Comment cette initiative a-t-elle été accueillie par tes collègues de l’hôpital et les patients ?

Cette initiative a été très bien accueillie. Les collègues en font régulièrement la promotion en chambre. On a eu les félicitations de quelques médecins qui voient leurs patients faire de la gymnastique au lit. 

Ça me fait toujours plaisir d’aller voir les patients en chambre pour faire la vidéo avec eux. J’ai parfois l’occasion de le faire avec des patients qui sont deux en chambre et on se retrouve à trois à faire des mouvements. Certains patients demandent s’il existe un support pour pouvoir continuer à faire ces exercices à la maison. Je vais donc m’organiser pour les proposer en format papier. Je sais par ailleurs que les exercices sont sur YouTube sur la chaîne « Hôpital Riviera-Chablais ». 

Nous avons finalement sorti une seconde vidéo d’exercices qui fut tout aussi bien accueillie. Je suis ravi de voir l’engouement qu’il y a eu autour de ce projet. Cela me motive à trouver d’autres moyens pour encourager les personnes à bouger !

Que tires-tu de cette expérience ?

Que du positif ! J’ai été très touché par la confiance de mes collègues, je me sens valorisé dans mon travail. Je suis infiniment reconnaissant envers l’hôpital et envers l’ensemble du personnel qui y travaille. Donc à refaire !

Comment as-tu vécu personnellement cette période de COVID ?

Cette période ne fut pas terrible pour moi. J’ai eu la chance de continuer à travailler en apportant tout ce que je pouvais. Mon chef m’a d’ailleurs demandé si je voulais ne pas travailler pendant cette période. J’avais à cœur d’apporter mon aide donc je suis naturellement resté. 

En tant que thérapeute physique, mon activité consiste principalement à agir sur des paramètres qui sont liés à l’aspect moteur, mais il faut savoir que tout un pan de ma formation porte sur les facteurs psychosociaux. Cette période de crise m’a permis de valoriser ces compétences en apportant du soutien aux personnes qui étaient en situation de vulnérabilité sur un plan plus émotionnel.

As-tu d’autres projets à nous partager ?

Oui quelques projets, entre autres développer d’avantage l’activité cardiaque, notamment l’activité ambulatoire. Nous avons d’ailleurs, le 2 septembre 2020, lancé le projet « Benefit » à l’espace santé Valerette (pôle de physiothérapie et d’ergothérapie de l’HRC). C’est un programme de rééducation phase III pour les personnes ayant vécu un évènement cardiaque.

J’aimerais aussi aller plus loin dans un protocole destiné aux patients de 65 ans et plus en proposant des programmes d’activité physique adaptée pour valoriser les capacités de ces personnes dans leur vie de tous les jours. 

J’aimerais encore mener une étude et proposer des initiatives en santé au travail. 

J’ai encore d’autres idées donc je dois continuer à bosser dur. « Un jour en vaut trois pour qui fait chaque chose en son temps ».

Ecoutez votre corps, le sens de l’intéroception

L’intéroception est la perception des signaux du corps : faim, soif, température, douleur, rythme cardiaque…

Je m’appelle Cristina, je suis physiothérapeute, ostéopathe, et formée entre autres en physioyoga.

En raison de la situation actuelle, je pense qu’il est temps de regarder à l’intérieur de soi et d’essayer de se connaître. Cette connaissance nous donnera ainsi un certain contrôle de la situation et du pouvoir. 

Le corps est un canal pour contrôler le mental. L’utilisation de ce canal peut avoir beaucoup de bénéfices.

Par ce texte je souhaite vous expliquer la relation entre le corps et le mental. C’est aussi l’occasion de vous proposer des vidéos pour améliorer votre condition physique.

Intelligence émotionnelle et intelligence cognitive

Depuis petite, j’ai toujours été intéressée par l’intelligence émotionnelle, cette relation magique entre le corps et l’esprit !

Nous vivons dans un monde tourné vers l’extérieur. Nous sommes éduqués dans un système où, écouter et comprendre notre corps est placé au deuxième rang. C’est l’intelligence cognitive que nous privilégions.  

Nous avons besoin à la fois de notre intelligence émotionnelle et de notre intelligence cognitive pour avancer dans la vie, dans la bonne direction .

En tant que thérapeute, une partie de mes patients ont des blessures mécaniques. Mais beaucoup (et j’ose dire une grande partie) correspondent à des problèmes non résolus qui ont été somatisés par notre corps. Notre corps nous murmure, mais nous n’avons l’habitude de l’entendre que lorsqu’il crie !

« Les sensations du corps sont les émotions qui guident la prise de décision » Antonio Damasio

Si nous ne savons pas écouter nos sensations corporelles, nous ne pouvons pas comprendre nos émotions. Nous nous trompons alors dans la prise de décision.

En tant que physiothérapeute, je vais vous parler du corps, de la posture et de la façon dont la science a montré l’importance de prendre soin d’eux.

En 2010, Carney et al, ont démontré dans une étude que lorsque des personnes étaient placées dans des postures dominantes (par exemple sur une chaise de bureau avec la poitrine sortie) ou dans des positions de soumission (repliées), le système endocrinien changeait. Il sécrétait plus de testostérone et de cortisol (les hormones du stress) lorsque les personnes étaient en position dominante.

En 2014 une étude de Michalak et al, a comparé un premier groupe qui avait un ordinateur placé à hauteur des yeux et un deuxième groupe où l’ordinateur était placé plus bas (forçant ainsi à plier le dos). L’étude a montré que le deuxième groupe se souvenait beaucoup plus des mots négatifs que le premier groupe.
Permettez-moi de faire une réflexion en un seul mot : téléphone portable.

En 2015, Lee et al ont étudié que le système Glymphatique. Système qui lorsque nous dormons, nous aide à faire un « nettoyage » de notre cerveau. D’après cette étude ce système fonctionne mieux lorsque nous dormons sur le côté.

Relation entre le corps, la posture et a biochimique, êtes-vous convaincu ?

Si ces exemples de neuroscience corporelle, ne vous ont pas encore convaincus, je vous invite à essayer sur vous-même un ou plusieurs changements et d’en ressentir les biens-faits. Esssayez par exemple :

  • de vous écouter
  • d’améliorer votre posture
  • de travailler votre conscience corporelle
  • de faire des exercices
  • ou simplement de bouger

Soyons intelligents et agissons en prévention, dans le murmure du corps, en nous écoutant avant qu’il ne soit trop tard.

En tant que physiothérapeute, je le fais à travers le travail de la conscience corporelle, du mouvement et du physioyoga. Il existe cependant de nombreuses techniques ! Je vous encourage donc à rechercher la technique qui vous permet cette connexion.

L’intéroception est importante, car votre corps sait ce que votre esprit n’a pas encore réalisé.

Les réseaux comme aide et soutien thérapeutique

Je vous invite à un programme gratuit du sport thérapeutique d’un mois pour les débutants  qui veulent améliorer leur tonus musculaire et leur posture avec physiotrainingvevey. 

En cas d’intérêt pour le physioyoga, je vous invite à visiter la page Facebook qui contient de nombreuses vidéos.

Merci beaucoup de votre lecture, j’espère que cet article vous a intéressé. Je vous encourage à bouger !!