Et si on développait la boxe thaï en Suisse romande ? CapRol
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Podcast Santé Sport de CapRol avec Jérôme Pittet No Limit Squad Boxe Thaï

 | 2023

Et si on développait la boxe thaï en Suisse romande ?

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Les intervenants

Jérôme Pittet : Coach et fondateur de No Limit Squad

Juliette Corgnet : Physiothérapeute

Les titres de Jérôme :

  • Ancien combattant pro MMA
  • 1er Open combat grappling
  • Champion Swiss fighting league
  • 1er Open grappling submission only
  • Vice champion suisse shoot

Transcription du Podcast

Juliette : Bonjour et bienvenue sur le podcast Santé Sport de CapRol. Aujourd’hui, on est avec Jérôme Pittet à Montreux. Bonjour, Jérôme. Peux-tu te présenter stp? 

Jérôme : Je m’appelle Jérôme Pittet, j’ai 37 ans. Cela fait trois ans que j’ai ouvert No Limit Squad ici à Montreux. En parallèle, je travaille comme électricien. 

Que signifie No Limit Squad ?

Juliette : Peux-tu nous expliquer le logo ? Comment tu l’as trouvé, est-ce qu’il signifie quelque chose de particulier ? 

Jérôme Pitter coach et fondateur de No Limit Squad à Montreux nous partage sa passion pour la boxe thaï.

Jérôme : Le logo, c’est toute une histoire, comme un peu tout le début de No Limit Squad. Ça s’est fait avec ma copine, avec les moyens du bord. On voulait quelque chose qui mettait en avant tout ce qui était MMA. Donc à la base c’était la cage de MMA avec No Limit Squad en Word, et on s’est lancé comme ça. Le logo a été assez simple à trouver et au fur et à mesure on a paufiné.

Juliette : Vous avez trouvé le nom après ou au début ? 

Jérôme : Un petit peu en même temps, je voulais me diversifier par rapport à tout ce qui est fight, boxing, pour changer un petit peu. Et ne pas me restreindre dans une discipline. Au début de la salle, il y avait du MMA, du grappling, de la boxe thaï. Ce n’était donc pas seulement de la boxe Thaï ou de la boxe. On voulait ouvrir au maximum. 

Juliette : D’où le No Limit au départ ?

Jérôme : D’où le No Limit, on n’a pas de limite, on peut se dépasser. Et le squad, c’est l’équipe. Vu que je suis assez militaire sur les côtés, … , c’est quelque chose de carré. 

Juliette : Donc ça te représente. Tu as vraiment trouvé ton identité dans cette salle.

Jérôme : Le but c’était vraiment comme sur toute la salle, quelque chose d’assez simple et épuré. Du noir, et du blanc. Pas trop de fioritures. 

Juliette : On voit que c’est assez joli.

Jérôme : Je ne suis pas trop fan des couleurs flashy de base. 

Le parcours sportif de Jérôme

Juliette : Est ce que tu peux nous raconter un petit peu ton parcours au niveau sportif? 

Jérôme : J’ai commencé les arts martiaux assez tard. À 18 ans, quand la majorité m’a permis de faire ce que je voulais. Comme j’étais un peu bagarreur quand j’étais jeune, mes parents ne voulaient pas que je fasse d’arts martiaux. Ils avaient peur que cela empire.

Juliette : Ils avaient peur que ça accentue, alors que souvent on dit que c’est l’inverse ?! 

Jérôme : C’est vrai qu’ils ne connaissaient pas les arts martiaux. Donc ils avaient un petit peu peur de ça. J’ai donc commencé à 18 ans dans un petit club de Kick-boxing à La Tour-De-Peilz. J’ai fait 2-3 ans là-bas. Et puis j’ai voulu partir en Thaïlande parce que mon truc c’était vraiment la boxe thaï. À mes 20 ans, je suis parti trois mois en Thaïlande, pour voir comment ça se passait. C’était intéressant. C’était rude. Et ça c’est plus ou moins bien passé.

Juliette : C’était combien d’entraînement, c’était toute la journée ?

Jérôme : C’était un peu plus de 4h d’entraînement par jour. Le matin, on allait courir à 5h30, pour 10 km. Après, on faisait 1h de sac, de la musculation et des fois un petit peu de Pao. C’est-à-dire, frapper dans le Pad. L’après-midi, on repartait à 15h faire 10 km. Ensuite on faisait des rounds de sparring, donc des combats d’entraînement, 5 rounds de 3min. Après du sac et à la fin du clinch, c’est du corps à corps avec des coups de genoux. 

Juliette : Tous les jours ?

Jérôme : Tous les jours, sauf le dimanche. Le dimanche, c’était repos. 

Juliette : Tu as eu des blessures ? 

Jérôme : Rien de grave. 

Juliette : Des bleus ?! 

Jérôme : Des bleus, des petites ouvertures, des chaos. Le seul endroit où je me suis fait mettre KO, c’était en entraînement en Thaïlande. C’était intense. 

Juliette : Et tu es resté trois mois, quand tu es rentré, qu’est-ce que t’as fait ? Tu t’es dit: « tiens j’ai atteint un certain niveau » …

Jérôme : Quand je suis rentré, je voulais au début vivre de ça. Je suis un petit peu un rêveur. Je me disais que c’était génial, et que j’allais vivre de la boxe thaï. Et puis quand j’ai vu qu’avec un combat on gagnait, à l’époque, pour un étranger 50 francs, sans compter qu’une partie va au club. C’est vrai que j’avais fini mon apprentissage quand je suis parti, avec quand même un salaire un peu plus correct. Et se faire casser la gueule tous les jours pour 50 francs par toutes les deux semaines … Ça m’a remis les idées en place. En plus, j’avais l’armée quand je rentrais. Donc je me suis dit : on va faire ça, et puis on verra après. 

Juliette : On fait le cursus « normal » et puis on verra. Mais tu as continué la boxe. 

Jérôme : Après l’armée, oui j’ai continué la boxe. J’ai eu quelque fois des petites blessures, mais j’ai toujours continué jusqu’à ce que je parte dans le MMA.

Juliette : Donc après tu as fait du MMA.

Jérôme : Dans le club où j’étais il n’y avait pas vraiment de compétiteurs ou de façon de pousser. Il fallait aller sur Genève. Ce n’était donc pas toujours facile à concilier avec le travail. Mon beau-frère à l’époque, avait ouvert avec un autre entraîneur un club de MMA. Je n’étais pas spécialement fan de cette discipline. Pour moi à l’époque, c’était des gens qui se faisaient des câlins au sol. Mais je me suis dit que j’allais essayer. Et au final, j’ai bien accroché ! C’était surtout un club de compétiteurs, donc c’était ce que je recherchais. Après j’ai allié les deux, boxe thaï et MMA. J’ai surtout combattu en MMA, mais j’ai encore fait quelques combats en thaï et en kickboxing.

Origine de la boxe thaï

Juliette : Est ce que tu peux nous expliquer d’où vient la boxe thaï, son origine ? 

Jérôme : Le Royaume du Siam. Je crois que c’est au XVᵉ siècle, que ça a été pris par l’armée thaï pour former les militaires. Vraiment dans le but militaire. Et au fur et à mesure, c’est devenu un sport vu que tout le monde le pratiquait. Puis ça s’est codifié. Ça a même été interdit dans les années 20 parce que c’était trop violent. Ce n’était pas sans règles, mais un petit peu. Il n’y avait pas de limite de temps, pas de catégorie poids, rien du tout. Ça a été interdit. Puis c’est revenu, je crois, 15 ou 20 ans plus tard, avec des règles plus ou moins actuelles : un ring, des catégories, etc… 

Juliette : Comment tu expliques que la boxe thaï, soit « à la mode » ou aussi « connue ». Tout au moins en tant que nom, parce que les gens ne connaissent pas forcément les spécificités. 

Jérôme : Certainement parce que c’est un sport « impressionnant ». Ça fait beaucoup le show. Maintenant, il y a aussi la MMA qui a pris un petit peu d’ampleur. Mais c’était un peu le premier sport vraiment très dur. Avant, il y avait le karaté qui au début des années 70-80, était à la mode. Le karaté kyokushin, que tout le monde voulait faire, c’était le sport le plus violent. Par la suite, la boxe thaïlandaise s’est fait connaître, et c’est devenu le sport numéro un que tout le monde voulait faire, un peu par effet de mode. C’est vrai que c’est un sport qui a aussi beaucoup de bonnes valeurs : la discipline, le respect, … Il n’y a pas juste que le côté combat, il y a aussi tout ce qu’il y a à côté. 

Juliette : Tout ce que ça véhicule derrière.

Les différentes boxes

Juliette : Quelle est la différence entre les différentes boxes, boxe anglaise, boxe française, boxe thaï ?

Jérôme : Boxe thaï, Muay thaï, c’est l’art des huit membres. Donc c’est les coudes, les poings, les genoux, pieds. Plus tout ce qui est corps à corps, clinch. Donc c’est amené au sol, mais ce n’est pas de la lutte. On peut frapper, balayer, et quand on est au sol on se relève et on recommence.

Juliette : On ne peut frapper que lorsqu’on est debout. 

Jérôme : La boxe anglaise, c’est seulement avec les poings. La boxe française, c’est avec les poings et les pieds. 

Juliette : Il y a un mouvement qui est différent, entre les différentes boxes, ou une dynamique différente ? 

Jérôme : Clairement, vu que chaque sport a sa spécificité. En boxe anglaise, on a que les mains, on ne va pas se tenir de la même façon. Même chose, même si le kickboxing et la boxe thaï ont de grosses similitudes, rien que le fait de pouvoir agripper les jambes, ça change beaucoup la dynamique. 

Juliette : Visuellement on est pas dans la même chose.

Jérôme : C’est vrai que pour les non-initiés c’est la même chose, ils voient des gens qui se tapent dessus, c’est pareil. Mais il y a énormément de règles différentes et du coup ça change beaucoup le style. 

Les règles de la boxe thaï

Juliette : Quelles sont les règles de la boxe thaï?  C’est peut être compliqué à expliquer sans pouvoir prendre un exemple visuel.

Jérôme : En gros, on a le droit de frapper sur toutes les parties du corps. A part ce qui est, l’arrière du crâne, le dos, les parties génitales ou la gorge, etc… On a le droit de frapper avec les coudes, les mains, de faire des projections … c’est assez libre dans la pratique. Après c’est comme tout, il a des règles, si quelqu’un est compté au sol, il y a des points, …, mais ça reste assez libre sur la façon de boxer.

Juliette : Il y a beaucoup de KO ? 

Jérôme : Plus on va dans les professionnels, plus a de KO. La taille du rembourrage du gant c’est du 10. Et là ça frappe quand même fort. Les jambes et les coudes, il n’y a pas de protections. Donc ça ouvre vite le risque de blessures. 

Juliette : Les coudes et les jambes, il n’y a pas de protection du tout ?! Les protections, ce n’est qu’à l’entraînement.

Jérôme : En professionnel il n’y a pas. En amateur, il y en a. En Thaïlande, Les combats amateurs, ce n’est pas ce qu’il y a de plus connu, sachant qu’ils commencent dès l’âge de huit ans les combats, même des fois plus jeune. 

Juliette : Mais là-bas, quand ils s’entraînent, ils s’entraînent avec des protections ?

Jérôme : Oui ils s’entraînent avec des protections. En Thaïlande, ils combattent une fois par mois ou même des fois un petit peu moins, le but ce n’est pas de se blesser en dehors. Le sport est déjà tellement violent. Souvent ils sont plus intelligents que nous, ils s’entraînent de façon plus légère. Ils tapent fort dans les paos, dans les sacs. Mais en sparring ils sont plus softs, plus techniques. Ici, des fois, c’est compliqué de faire comprendre aux élèves que cela ne sert à rien de se taper comme des sauvages à l’entraînement. 

Juliette : C’est peut-être une notion de quantité. Peut-être que là bas, ils ont tellement plus de quantité qu’ils ont moins besoin de se défouler ?! 

Jérôme : Clairement. Les Thaïlandais qui combattent, à mon âge, ils ont 300 combats. Ici, si quelqu’un a déjà 100 combats, c’est énorme. C’est plutôt entre 40-50. 

L’âge de tes élèves

Juliette : Au niveau de tes élèves, quelle est la moyenne d’âge ?

Jérôme : Je pense que si on fait la moyenne c’est environ 25 ans. Chez moi les cours adultes commencent à partir de 14 ans. Le plus âgés à 50 ans. 

Juliette : On peut commencer à tout âge ? 

Jérôme : Oui. Moi je commence avec les enfants à partir de 7 ans. Après, c’était un choix. Parce que je trouve qu’à 7 ans, c’est là où ça commence à devenir intéressant. En dessous, pour moi, je trouvais ça plus compliqué. Mais à des endroits ils commencent à 4 ans. NLS a deux groupes, 7 à 10 ans et 10 à 14 ans et après, ils peuvent intégrer les adultes. 

Les petits et la boxe thaï

Juliette : Est ce que ça canalise les enfants ? Par rapport aux appréhension des parents par exemple.

Jérôme : Maintenant, j’ai l’impression que c’est l’inverse. Les parent les envoient à la boxe parce qu’ils en ont marre qu’ils soient trop turbulents à la maison. Ils veulent les cadrer. Mais cela dépend de l’enfant. Avec certains on ne peut pas faire grand chose, ce n’est pas de notre ressort. Pour les petits, ça reste beaucoup du jeu, de la connaissance de son corps, de la coordination, ce genre de choses. Mais y a aussi les notions de respect, de discipline. Et les parents sont contents qu’il y ait cette partie là. 

Juliette : Qu’ils se défoulent et en même temps tu vas les cadrer. Parce qu’à chaque fois qu’il y en a un qui est au sol, on s’arrête, … 

Jérôme : Oui et le fait qu’ils aient des tâches bien précises, ça permet de cadrer les choses. Je suis assez stricte, même avec les enfants. Et ça se passe bien. Mercredi, c’était la rentrée scolaire, j’avais 18 enfants de 7 à 10 ans. C’était sport, mais ça a été.

Juliette : Garçons, filles ?

Jérôme : Majoritairement, c’est des garçons. Après ça dépend. Mais c’est vrai que les garçons aiment un peu plus la bagarre.  

Juliette : A cet âge là, les filles, c’est peut être un peu plus rare.

La mixité du sport

Juliette : Dans la boxe thaï de façon générale, en Thaïlande, il y avait beaucoup de femmes qui pratiquaient ce sport ?  

Jérôme : Oui. Du moment qu’on est chez les adultes. Au clubs, il n’y a pas la parité. Mais on a certainement 65% d’hommes et à 35% de femmes. Peut être des fois un peu plus. Ça s’est beaucoup démocratisé.

Juliette : Culturellement, ou ça a toujours été mixte ?

Jérôme : Dans tous les sports de combat, ça reste un milieu assez masculin. Mais ça change au fur et à mesure. Et puis c’est bien, ça apport du sang neuf. Moi, je suis content quand j’ai des filles. Si j’ai des compétitrices, c’est bien parce que vu qu’elles sont aussi moins nombreuses, si elles crochent, … Et puis souvent les filles sont un peu plus déterminées que les garçons. Quand elles veulent quelque chose, elles y vont, les garçons c’est plus en dents de scie. 

Organisation de camps d’entraînement en Thaïlande

Juliette : Tu as organisé pour la première fois, cette année 2023, un camp d’entraînement en Thaïlande. Pourquoi et comment ça s’est passé ? 

Jérôme : Depuis mon premier voyage, j’ai toujours voulu faire partager cela aux gens. Maintenant que j’ai mon club, c’était le moment de se lancer. La première fois en Thaïlande, … C’était assez compliqué, parce que le propriétaire du club n’avait pas la pédagogie que j’espérais. Je me faisais insulter tout le temps. Déjà que c’était dur physiquement, psychologiquement, c’était assez éprouvant. C’est le côté qui ne m’a pas plu. 

Juliette :Tu te faisais insulter parce que tu étais l’étranger qui arrivait ?

Jérôme : C’était la personne qui n’était pas très intelligente. Et moi j’étais tout jeune. Pas pour eux car ils commencent bien avant. Vu que je travaillais et que je n’avais que deux ans de pratique; Je donnais beaucoup mais voilà, je ramassais beaucoup surtout.

Juliette : Comment as-tu trouvé le club ? 

Jérôme : A l’époque j’avais aussi trouvé avec internet. Il y a 15 ans en arrière, ce n’était pas la même chose qu’aujourd’hui. On n’avait pas les réseaux sociaux, les retours et tout ça. Donc je suis un peu parti comme ça.

Juliette : Grand rêveur, je veux partir, je regarde et j’y vais.

Savoir encaisser la douleur

Jérôme : Oui, c’est ça. J’avais vu un film à l’époque, Chok Dee. C’est un film avec un combattant français qui était justement parti en Thaïlande. Je me suis dit : merveilleux, je veux être la même chose. Mais c’est ce que je dis aux jeunes, quand ils voient certains films, et qui viennent en me disant : je veux être champion du monde. Je leur dis : oui c’est bien mais à travers l’écran on ne sent pas la douleur. Il y a d’autres choses derrière, allez-ci tranquille.

Juliette : Oui, parce que la douleur il faut quand même pouvoir l’encaisser. Il y a quand même un aspect terriblement mental !

Jérôme : Oui, c’est ça. Le physique ça se travaille. C’est dur mais c’est plutôt le côté psychologique qui est difficile. Surtout quand on s’attend à quelque chose et qu’on se ramasse une grosse claque.

Juliette : Et qu’on se dit le départ ce n’est pas bientôt.

Un camp sur l’île de Puket

Jérôme : Oui c’est ça. Donc, je voulais éviter ce retour de bâton pour les gens. On a regardé plusieurs endroits. J’avais fait mes derniers camps d’entraînement sur Phuket. Vu que les gens prennent des vacances pour ça, il fallait quand même que ce ne soit pas juste de l’entraînement au milieu de la jungle pendant deux semaines intensives. Je ne suis pas sûr que ça aurait eu énormément de succès. Du coup, l’île de Phuket, c’est facile, il y a un peu de tout. On est allé du côté de Chalong, ça reste très touristique, mais il y a moins le mauvais côté de la Thaïlande, les bars, etc… Et puis, j’ai testé un club là-bas l’année passée, en repérage. J’ai vraiment eu un super feeling avec les coachs. Un club pure thaï. Pas un gros centre, avec toutes les disciplines. Ce n’était que de la boxe thaï, des coachs thaï, et la façon de thaï de faire.

Juliette : La volonté de partager.

Jérôme : Oui vraiment un super feeling. Quand j’y suis allée l’année passée, ils avaient l’anniversaire du club. Ils nous ont invités alors qu’on ne les avait vu qu’une fois. J’ai pu faire bénir mon mongkon. C’est comme une amulette qu’on met autour de la tête pour les combats en boxe thaï. Il y avait un moine qui venait, c’était une chouette expérience. On leur a donc demandé si on pouvait organiser un camp avec eux. Ils étaient contents, parce que ça reste aussi de business.

Juliette : Oui, je pense bien.

Jérôme : Donc, on a organisé ça, on est parti avec quatorze élèves. Franchement, c’était cool ! Une première fois où on découvre les joies des voyages organisés. Mais pour tout le monde, ça a été vraiment une chouette expérience avec des grands retours. Même, je pense, au-delà de mes attentes. Les gens m’ont dit : je me rappellerai toute ma vie, c’était génial … Pour moi, c’est normal d’aller m’entraîner en Thaïlande, c’est un truc que je faisais régulièrement. C’était vraiment cool !

Juliette: Il y a aussi cette notion de culture. L’atmosphère est différente. S’entraîner à Montreux et s’entraîner en Thaïlande, je pense que ce n’est pas tout à fait pareil.

Jérôme: Non, clairement. Rien que la chaleur, ça change pas mal. Surtout sur la façon de donner un cours, ce n’est vraiment pas la même chose. C’est pour ça que je voulais qu’ils découvrent.

Juliette : Ils parlaient anglais ?

Jérome : Ils parlent tous anglais. C’est l’anglais que moi, je connais. L’anglais thaï, c’est un mot, je, le verbe et puis ça s’arrête. Moi, je les comprends très bien. Les gens qui parlent parfaitement l’anglais ont parfois de la peine.

Juliette : Mais il n’y a pas eu tellement de soucis, parce qu’à partir moment où on est dans une certaine dynamique, on arrive à communiquer, à partager. Parfois, il n’y a pas besoin de parler.

Jérôme : Oui et puis c’est assez simple. En plus ils sont très ouverts.

La nutrition

Juliette : Au niveau de la nourriture, ça a été ?

Jérôme : Oui, je pense que ça dépend aussi de la fragilité des estomacs. Il y en a quand même eu quelques uns qui ont passé un ou deux jours aux toilettes. Mais ils n’ont pas mal mangé. La nourriture thaï reste très saine.

Juliette : A la limite elle est même plus saine que chez nous !

Jérôme : Vu la chaleur, le nombre d’entraînement par jour, les gens n’ont pas forcément envie de manger gras ou autre. C’est des shakes de fruits. Le matin, des omelettes, du riz, des nouilles de riz, …

Juliette : Est-ce que tes élèves ont eu l’impression de manger plus sainement?

Jérôme : Ils étaient tous heureux de la nourriture, surtout des shakes de fruits. C’est le premier truc qui leur manque. La nourriture thaï est trop bonne ! C’est ma nourriture préférée.

Juliette : Est-ce que tu fais partie de ces sportifs qui considèrent que la nutrition a un impact sur ton sport ?

Jérôme : Oui, énorme ! Moi, je suis un gros mangeur et j’adore la malbouffe. Ça a toujours été difficile à gérer pendant les préparations pour les combats, la perte de poids. Donc, c’est vrai que maintenant que je ne combat plus j’essaye de faire attention, mais c’est pas évident.

Juliette : Pas toujours évident de trouver le juste milieu entre plaisir et santé.

Jérôme : Quand on n’a pas d’objectif de poids à tenir, c’est un peu plus difficile.

Les catégories

Juliette : Il y a des catégories de poids, mais est-ce que les combats sont mixtes ?

Jérôme : Pour les enfants, les tout petits, vu qu’il n’y a pas vraiment de différence de force, ça peut être mixte. Dès l’âge de 14 ans voir même un peu en dessous, c’est vraiment séparé. Même au même poids, les hommes ont quand même plus de force, donc ça serait un peu dangereux, donc c’est toujours séparé.

Juliette : Quand vous vous entraînez, par contre, vous mélangez tout le monde, ou chacun reste dans sa catégorie ?

Jérôme : À des endroits, certains ont des cours seulement pour les femmes. Moi ici tous les cours sont mixtes. Ça permet à tout le monde d’apprendre, à vivre ensemble, à s’entraîner ensemble, à se dépasser. Pour moi, il n’y a pas de différence homme, femme.

Juliette : On apprend à s’adapter au partenaire.

Jérôme : C’est ça. Vu que c’est à partir de 14 ans, jusqu’à pas d’âge, ça change aussi pas mal. Un(e) jeune de 14 ans n’a pas la même force qu’une personne de 30 ans. Chacun s’adapte à la personne la moins avancé ou la moins forte. Comme ça tout le monde progresse et puis ça fait du bien à tout le monde.

Juliette : L’objectif c’est toujours pareil, c’est d’essayer de progresser et pas forcément de se défouler.

Jérôme : C’est ça, c’est vraiment important que tout le monde puisse avancer. Et puis, grâce à ça, tout le monde évolue, tout le monde devenir meilleur, et c’est parfait.

Le renforcement musculaire

Juliette : Comme tu l’as dit, quand tu faisais tes entraînements en Thaïlande, il y avait de la course à pied. Je ne vais pas prôner la course à pied. Tout le monde sait que j’aime beaucoup la course à pied. Par contre, le renforcement musculaire. Est-ce que toi, tu l’inculques à tes élèves ?

Jérôme : Oui, c’est pour ça que lorsque j’ai ouvert le club, j’ai fait deux parties. Une partie pour tout ce qui est arts martiaux, très axé sur la technique. Il y a toujours un petit peu de pompes, des abos, un petit peu de choses, mais c’est principalement de la technique. Et, une partie pour tout ce qui est cross training, préparation physique, renforcement. Parce qu’on ne peut pas être, un combattant ou même faire un art martial sans faire de conditionnement physique. Et pour les compétiteurs, c’est indispensable.

On ne peut pas être un combattant ou même faire un art martial sans faire de conditionnement physique.

Juliette : Les gens ont tendance à l’oublier.

Jérôme : C’est clair que, pour eux, ils viennent faire du sport, donc c’est inclus dedans. Bien sûr qu’on travaille, qu’on va gagner en masse musculaire, mais ce n’est pas spécifique.

Juliette : Comme je dis souvent, il faut pouvoir encaisser. Le problème, pour moi, des sports de combat de façon générale, c’est que la technique évidemment que c’est hyper important, mais les gens y vont pour se défouler, travailler la technique, mais oublient de travailler le physique. Après, ils se blessent, et vont dire: mais pourtant j’ai un bon physique. Oui tu as un physique de combattant, mais il faut entraîner sa musculature pour pouvoir encaisser les coups.

Jérôme : C’est sûr, c’est indispensable. Pour les gens qui viennent juste faire du sport comme ça, je ne peux pas les obliger à faire du renforcement, et du conditionnement physique. Mais pour les combattants, ils n’ont pas le choix. C’est tous les jours, c’est obligatoire et puis, de toute façon, ils le sentent bien.

Les combattants du club

Juliette : Il y a beaucoup de combattants, par rapport à tes clients à l’heure actuelle ?

Jérôme : Non, ça reste quand même la plus petite partie. Actuellement, qui combattent, j’en ai trois ou quatre. Le club est aussi assez jeune, c’est vrai que ça prend du temps. On va faire la troisième année, avec Covid. On va dire, deux années pleines.

Juliette : Le club est très très jeune.

Jérôme : Mais ça va, je suis content. J’ai eu un champion Suisse en box thaï. Les deux qui ont fait tout le championnat Suisse en kickboxing, sont tous les deux premiers de leur catégorie. Pour l’instant je suis content.

Juliette : Les résultats sont plutôt pas mal. Après, tu vas avoir l’émulision de ces champions qui sont dans le club, et qui vont partager avec les autres.

Jérôme : Ce qui est toujours difficile, c’est de ne pas perdre ces combattants, qu’ils n’aient pas envie d’arrêter ou autre. Après, c’est le jeu. Mais c’est vrai qu’on passe énormément de temps. Pour les combattants, j’ai quasiment une heure chaque soir spécifique avec eux. Plus le reste du temps qu’on prend pour eux, pour les combats. C’est un gros investissement sur les combattants, donc ça fait toujours mal au coeur quand on les voit partir. Mais c’est le jeux.

Juliette : Après, des fois, c’est la vie aussi.

Jérôme : C’est toujours bien d’avoir des combattants. Rien que pour le club, les gens savent qu’il y a la possibilité de combattre, et qu’il y a des résultats.

Juliette : Quand un combattant extérieur passe devant le club, peut-il rentrer et venir s’entraîner ?

Jérôme : Oui, on a eu le cas avec un ancien combattant de l’UFC, qui était de passage à Montreux. L’UFC, c’est une grosse organisation de MMa. Il était sur Montreux, avec son manager, et il a demandé s’il pouvait venir s’entraîner. Ils sont passés, on a fait quelques petits rounds de sparring légers. Et puis c’était génial. Ils ont partagé un petit peu. Les élèvent étaient super impressionnés de voir quelqu’un, et ils étaient très gentils.

Juliette : C’est le principe du partage des sports de combat. Ce n’est pas que combattre.

Jérôme : Non, clairement. Après, des fois, on doit aussi mettre des limites. Quand les gens nous disent : on veut venir juste pour faire des combats d’entraînement. Si je ne connais pas la personne, .. je veux aussi protéger mes membres. On ne sait jamais, on ne connaît pas les gens. Le but, ce n’est pas de faire venir n’importe qui pour qu’ils se fassent taper dessus. Moi, ce n’est pas ma pédagogie. Les gens qui veulent se taper dessus, et bien ils s’entraînent dur. Et après, quand ils sont prêts, on va faire des combats.

Les blessures

Juliette : Il y a beaucoup de blessures ?

Jérôme : Non, … il y en a quelques unes, mais ça reste assez rare. Après, c’est des petits bobos, des bleus. C’est arrivé un nez cassé une fois à l’entraînement. Beaucoup plus à l’époque en MMA. Moi, je me suis luxé une épaule. Les gens se retournent un peu, le genou ce genre de chose, car il y a des clés. Mais en boxe thaï, c’est assez rare. C’est plutôt du choc.

Juliette : Surtout si vous avez des protections et que vous dosez l’impact, il n’y a pas de raison.

Jérôme : Ça arrive toujours. J’ai eu un élève une fois que c’est pris un KO à l’entraînement, c’est le coup de pied qui passe au moment où, … ça arrive. C’est un sport de contact, mais en 3 ans, sur les centaines de sparring qu’on a fait, …

Juliette : Il n’y a pas eu grand chose

Jérôme : Non, franchement

Le sparring chez les enfants

Juliette : chez les petits, comment ça se passe?

Jérôme : Pour les sparring ?

Juliette : Oui.

Jérôme : Alors avec les tout petits, déjà ils ne sont pas tout le temps réguliers, c’est donc assez difficile de les préparer pour ça. Il y a quand même l’aspect sécurité qui rentre en compte. Si je les ramène avec des cocards aux parents, je ne suis pas sûr qu’à 8 ans les parents apprécient. Donc chez les petits ça reste vraiment ludique sur la technique. Chez les plus grands, ce n’est jamais obligatoire. Certains n’ont pas envie parce qu’ils viennent juste se défouler, taper dans le sac, faire un peu de technique. D’autres ont envie. De toute façon, il y a toujours les protections, le casque, et c’est toujours dosé. Je suis toujours là pour éviter l’accident. Le but, ça reste la technique. D’autant plus qu’à cet âge entre 10 et et 14, il y a des différences assez flagrantes au niveau du poids, et de la force.

Le travail de la technique

Juliette : Quand vous travaillez la technique, vous la travaillez à deux ou au sac?

Jérôme : Ça dépend du nombre d’élèves, et de l’avancement des élèves. Si je vois qu’ils sont vraiment tous débutants, je vais les mettre tous au sac pour que ce soit un peu plus facile. J’essaye toujours un peu de varier. Au début, un petit échauffement, un peu de technique, après un peu de sac, se défouler aussi à la fin, parce qu’il faut qu’ils s’amusent aussi, et que je les ramène aux parents tranquilles.

Juliette: Les enfants, ça dure combien de temps?

Jérôme: C’est une heure.

Juliette: Ok et les adultes ?

Jérôme: C’est aussi des cours d’une heure. Sauf que les adultes ont jusqu’à trois cours à la suite s’ils veulent faire tous les cours. En règle générale, à part le lundi ou le vendredi, où j’ai des cours un peu plus tôt, je commence à 18h30, puis le dernier cours 20h30. Et s’ils veulent les enchaîner, ils les enchaînent.

Les activités du club

Juliette : Actuellement, dans le club, il y a la boxe thaï, le cross training, …

Jérôme : Et la boxe anglaise.

Juliette : Dans l’avenir il y aura d’autres choses où, pour l’instant on en reste là.

Jérôme : Vu qu’avant j’avais d’autres disciplines et que j’ai un petit peu réorganiser le club. Pour l’instant je reste sur les disciplines que moi je donne.

Juliette : Ton centre particulier, c’est la boxe thaï, et puis, autour, il y a des choses satellites qui se mettront en place ou non.

Jérôme : Mon premier amour, c’est la boxe thaï. Il y a un à deux cours par jour. La boxe anglaise s’est aussi rajoutée. Même si ce n’est pas le même sport, c’est important aussi de travailler spécifiquement.

Boxe thaï et boxe anglaise

Juliette : J’ai l’impression que les deux boxes se regroupent, sauf dans le rythme. Est-ce que la boxe thaï ne serait pas plus rapide ? C’est probablement un préjugé.

Jérôme : Non, la boxe pieds points, sans les saisis, c’est un rythme très rapide, car justement il n’y a pas les saisis. La boxe thaï, surtout à l’époque c’était en 5 rounds, maintenant ça a diminué en trois, ça s’est assez occidentalisée ; mais vu qu’il y a les saisis, c’est un rythme plus tranquille. Après, ça monte au à mesure, mais la boxe anglaise, c’est un rythme particulier.

Juliette : Et ce serait la boxe anglaise qui serait plus rapide.

Jérôme : Oui. Et puis c’est très technique vu qu’il n’y a pas beaucoup de coups.

Un camp d’entraînement en Thaïlande tous les ans

Juliette : Les camps en Thaïlande, tu aimerais organiser ça tous les ans ?

Jérôme : Vu que l’année passée, ça s’est super bien passé. On a relancé les inscriptions pour cette année. Il faut qu’on ait un minimum d’inscrit pour que ça vaille la peine de partir. Qu’on puisse essayer de négocier un peu les prix. Les prix des billets d’avion augmentent, mais ça on ne peut pas trop négocier. Donc si on est 5 cela n’en vaut pas la peine. Personnellement, si je peux partir toutes les années en Thaïlande, je suis heureux.

Juliette : Ça peut être pas mal ! Y-a-t-il une limite d’âge ?

Jérôme : 18 ans. Parce qu’on part à l’autre bout du monde pour boxer. Il y a les transports. Souvent les gens louent des scooters … On ne veut pas prendre le risque de prendre des mineurs.

Juliette : Oui, ne pas avoir des mineurs sous votre responsabilité dans un pays étranger, c’est compréhensible !

Jérôme : Déjà qu’avec les majeurs, on n’est pas toujours sûr. On met bien les choses au clair avant de partir, on fait le speech. Ils savent que ce ne sont pas des vacances, c’est un camp entraînement. C’est chouette, il fait beau, il y a la plage, mais c’est 4h par jour.

Juliette : C’est le matin ou l’après-midi ?

Jérôme : Les deux. Chaque club a ses horaires. Mais là, c’est 8h-10h et 16h-18h. Ça va, ça laisse un peu de temps l’après midi pour faire des activités, et le soir pour aller manger tranquillement, et sortir un peu.

Juliette : Ça crée un rythme. Ils n’y vont pas pour forcément pour visiter. Ils y vont pour découvrir la culture et s’entraîner.

Jérôme : Clairement ! Moi qui connais un peu ce rythme, j’avais l’habitude. Je vais m’entraîner, après l’entraînement je prends mes affaires, je vais manger, et puis je pars, je vais tourner, je vais visiter. Certains ont eu un peu ce choc. Le premier jour, c’est une chose, mais après, ah oui, on a l’entraînement puis après on a de nouveau l’entraînement puis après, c’est encore et encore … Du coup, beaucoup ont fait aussi un peu hôtel-piscine-dormir.

Juliette : On n’a pas forcément l’habitude de s’entraîner le matin, d’avoir un énorme laps de temps et ensuite de revenir.

Jérôme : Non, c’est vraiment un rythme bien spécifique.

Juliette : Les thaïlandais s’entraînent comme ça de toute façon ?

Jérôme : Il y a beaucoup d’européens, d’occidentaux, qui vont en Thaïlande pour s’entraîner. C’est très réputé, et il y a plein de clubs. Eux, ils font la même chose, entraînement le matin et l’après midi. Et ils ont des sessions spécifiques pour les combattants. La course est aussi obligatoire pour eux. Pour les gens comme nous, … moi je leur ai imposé une petite course le matin pour qu’ils comprennent quand même. Mais je ne leur ai pas fait faire les 10km matin, 10km après-midi, sinon ça aura été compliqué.

Juliette : Tes élèves pouvaient se mélanger aux locaux ?

Jérôme : Ce que j’ai aimé dans ce club, c’est qu’on est tous ensemble. En gros, tous les entraînements se passent un peu de la même façon. On commence avec 20 min de corde à sauter, ensuite une quinzaine de minutes de stretching. Ensuite du shadow, c’est-à-dire de la boxe dans le vide. Et après, c’est séparé en trois zones : des personnes au sac, qui font 3 rounds de 3 min au sac. Du sparring, obligatoire pour tout le monde. Mais vu que c’est super-léger, il n’y a pas de problème. J’ai beaucoup d’élèves qui n’avaient jamais vraiment fait de sparring, qui étaient un petit peu stressés. Au premier, ils n’étaient pas très chauds. Mais au final ça c’est très bien passé. Ils ont boxé contre des pros. Une, je crois, était numéro une aux États-Unis, à la WBA. Elle boxe dans le plus gros stadium de Thaïlande. Et d’autres très bons boxeurs.Ils travaillent tranquille avec les autres, ils s’adaptent aux autres. Et puis après, du pao, trois rang. Et ça tourne.

Juliette : Ils se mettent dans le mood.

Jérôme : On a bien été intégré.

Juliette : Ils sont revenus vachement plus motivés, ou plus investis peut-être ?

Jérôme : Oui pour certains. Après, il y a eu la période de vacances d’été donc c’est vite parti. Mais oui, au retour, ils disaient que c’est trop facile, qu’il fallait mettre le chauffage. Que 5min de corde, ce n’est n’était pas assez, il faut qu’on fasse plus. Ils était contents.

Projets futurs du club : des galas en Suisse romande

Juliette : Un petit camp, tous les ans, pour rebooster un peu tout le monde, ça peut être pas mal. Il y a des projets futurs par rapport au club ?

Jérôme : Alors les camps en Thaïlande c’est quelque chose que j’aimerais bien continuer.

Juliette : Donc inscrivez-vous !

Jérôme : Par contre, ce n’est que pour les membres du club.

Juliette : Inscrivez-vous au club et ensuite au camp.

Jérôme : J’aime bien avoir un suivi.

Juliette : Oui, savoir qui tu amènes.

Jérôme : Oui et puis il faut que les gens puisent tenir un minimum le rythme. Pour le club, j’aimerais bien organiser des combats. À l’époque il y avait des combats au casino de Montreux, et ça ne s’est plus vraiment fait. Commencer à organiser de jolis galas en Suisse romande, c’est quelque chose qui me plairait. J’attends un peu que mes combattants aient un petit peu plus de bouteille pour pouvoir les mettre dedans.

Juliette : Pour qu’ils gagnent, c’est ça ?

Jérôme : Non pas forcément pour qu’ils gagnent. Pour l’instant ils sont tous en amateur et le but de faire un gala, c’est quand même de faire le show, donc il faudrait qu’ils n’aient pas forcément besoin d’un casque, des protège-tibia ou autre, pour faire un bel événement. Actuellement tous les combats sont la plupart du temps en Suisse allemande. Même si ce n’est pas le bout du monde, ça demande du temps. Et les gens, les proches ne se déplacent pas forcément.

Juliette : Comment cela se fait-il que ce soit principalement en Suisse allemande ?

Jérôme : Comme tout, en Suisse romande, on est en retard par rapport à la Suisse allemande. Et la plupart des fédérations sont basées en Suisse allemande. Ils sont chez eux. C’est pour ça que j’aimerais bien faire quelque chose ici. Et puis ça permettrait aux boxers de chez nous, d’avoir leurs proches qui viennent les voir. C’est important de pouvoir boxer devant ses amis et sa famille.

Juliette : Oui, et puis, Montreux, …

Jérôme : Je pense qu’il y a beaucoup de potentiel.

Juliette : Il y a beaucoup de choses qui se passent à Montreux. Montreux commence à être connu pour plein d’évènements.

Jérôme : Surtout que c’est une ville sportive. Ça, c’est un peu le projet futur. Là, je commence gentiment a m’implanter à Montreux. Après, il faudra aller voir les autorités pour essayer de discuter de projets. Mais oui, ça, c’est vraiment, un des plus gros projets que j’ai envie de faire.

Et pourquoi ne pas venir essayer la boxe thaï ?

Juliette : Est-ce qu’il y a un message que t’aimerais faire passer par rapport, soit au club, soit par rapport à la boxe thaï ?

Jérome : Dans quel sens ?

Juliette : Par rapport aux parents par exemple ? Le fait que ça peut être intéressant d’amener les enfants. Ou le fait que les gens ont souvent peur des sports de combat. Comme tu la dis, ce n’est pas si violent que ça.

Jérôme : Il faut que les gens sautent le pas. On a toujours des cours d’essais offerts. Les gens viennent, ils essayent. Si ça leur plait on discute. Et puis si ça ne leur plait pas, ça ne peut pas plaire à tout le monde. Mais vraiment il ne faut pas avoir peur. Oui, c’est un art Martial, c’est un sport de combat, mais on ne vient pas pour se taper. Après, tout dépend du club. Moi, ce que je veux amener, c’est le respect, la discipline, et l’amour du sport. Et après chacun a ses objectifs.

Juliette : Si on vient tester, tu ne vas pas nous faire faire un sparring ?!

Jérôme : Non, non. Même ceux qui sont inscrits, certains sont pleins de bonne volonté, mais ils n’ont pas encore les bases techniques. Mais moi, le but, ce n’est pas qu’ils finissent blessés, et dégoûtés ou autre. Chaque chose s’apprend au fur et à mesure. Si ils ont envie de faire des petits combats d’entraînement, il faut être un minimum discipliné, et ne pas s’entraîner une fois toutes les deux semaines.

A quel âge peut-on combattre ?

Juliette : Les combats, quand ils atteignent un certain niveau, ils peuvent commencer à quel âge, chez-toi, par exemple ?

Jérôme : Moi, je commencerai à partir de 14 ans. En dessous, on peut. Même plus jeune, il y a le light contact, ce genre de choses. Je préfère les entraîner vraiment bien, et puis après, qu’ils découvrent vraiment ce que c’est. Pour les plus jeunes, il y a un plastron, et ce genre de choses. Ils sont beaucoup plus protégés. Faire du light, ce n’est pas forcément ce qui me plaît. Et vu que je suis tout seul à m’occuper des combattants, et qu’à côté je travaille, j’ai n’est pas forcément le temps de me déplacer pour tout. Le but, c’est un peu de les regrouper. Et là, j’ai de la chance. Il y a une organisation où ils font la boxe anglaise, la boxe thaï et du K1. Ainsi je peux prendre tous mes combattants, et vu que ce sont des amateurs, cela fait déjà une bonne expérience.

Juliette: Et puis ça leur permet d’acquérir une certaine discipline, pour dire à 14 ans si tu es assez discipliné tu pourras …

Jérôme: Actuellement, sur la totalité des jeunes que j’ai avant 14 ans, il y en a peut être un qui est vraiment motivé. Sinon les autres, je pense qu’ils auraient tous envie d’être boxeur, mais ils viennent une fois de temps en temps. Chacun ses objectifs. Je pense que c’est beaucoup les parents qui poussent un peu leurs enfants. Aujourd’hui il y a beaucoup cet aspect sécuritaire. Les parents ont peur que leurs enfants se fassent agresser. Ils veulent qu’ils apprennent à se défendre. Je leur explique bien que ce n’est pas de la self défense, je ne leur apprend pas à se battre. Ils savent que j’ai une charte lors de l’inscription qui est quand même assez costaud. J’indique bien il y a le respect, que je ne veux pas qu’ils aillent se battre. On a le droit de se défendre, mais ils savent que si j’entends qu’ils vont se battre, qu’ils vont taper sur des gens, je les mets loin et puis c’est fini.

Juliette: Ce que tu veux dégager, c’est aussi de dire qu’on apprend à combattre, mais ce n’est pas du combat gratuit à l’extérieur de l’établissement.

Jérôme: Si les gens veulent se battre, je peux comprendre. Moi, j’étais le premier à vouloir faire ça. On s’entraîne dur et on va se battre avec quelqu’un qui sait se battre, qui sait se défendre, avec des règles.

Juliette: On vient dans la salle…

Jérôme: Et puis, on s’entraîne dur. Et advienne que pourra, ils seront combattants ou pas.

Juliette: Et, au fur et à mesure. Après, c’est vraiment cette notion, toujours la même chose, de partage. Comme tu le disais aussi, la coordination, le respect, la gestion dans l’espace. Savoir combattre, mais de façon intelligente. Ça reste des vraies valeurs !

Jérôme: Oui, clairement, et puis, c’est important aujourd’hui, qu’il y ait encore ces valeurs. Malheureusement, il y a beaucoup de choses qui se perdent. Moi, c’est quelque chose qui me tient à cœur. Il y a plein de bonnes choses à prendre là-dedans. Personnellement, ça m’a fait énormément évoluer dans ma vie privée, le fait de faire des arts martiaux.

Comment es-tu venu aux arts martiaux ?

Juliette: Comment es-tu venu aux arts martiaux ? Le hasard ?

Jérôme: J’ai essayé plein de choses, étant petit. Mes parents ont essayé de me mettre au karaté. J’ai fait un entraînement, j’ai fait une compétition. Mais ce n’était pas ça que je voulais faire. Sans manquer de respect à la discipline. Ça ne me convenait pas. Je voulais vraiment faire, à l’époque je ne connaissais pas la boxe thaï, mais la boxe anglaise. C’est un sport violent. En plein dans l’air Mike Tyson, donc ce n’est pas la meilleure source d’inspiration pour les parents. J’ai essayé l’escrime, … enfin vraiment tout. J’ai fait du foot, à défaut de trouver quelque chose qui me plaisait. Mais je me battais plus sur le terrain que jouer, c’était pas terrible.

Juliette: Comme quoi, quand on a un garçon, ou une fille d’ailleurs, un petit peu bagarreur, je pense que ça reste intéressant de les mettre au sport de combat pour canaliser cette énergie. Et, chez les ados, cette agressivité qui je pense est naturelle et parfois un peu saine.

Jérôme: C’est une bonne chose. Oui, je pense, que ça fait du bien de se libérer, de frapper. Que ce soit pour les enfants, ou pour les adultes. À la fin d’une mauvaise journée on vient, on se libère, on tape, on se défoule, et puis on peut enfin se libérer.

Juliette: Évacuer l’énergie autrement que sur l’entourage.

Jérôme: Exactement, ou dans de mauvaises addictions. Le sport, c’est une bonne addiction. Ça fait aussi mal partout et c’est fatiguant, mais ça apporte plein de bonnes choses.

Juliette: La douleur au sport !

Jérôme: Vraiment ça !

Juliette: J’ai mal, je me suis bien entraîné hier.

Jérôme: Exact. Je pense qu’il en faut pour toutes et tous. Les gens reviennent un petit peu au sport. Je pense que c’est aussi beaucoup mis en avant avec la société. Il faut faire du sport, c’est bien pour le corps. J’ai l’impression que ces 5-10 dernières années, c’est plus mis en avant.

Juliette: Disons qu’on est devenu tellement sédentaire qu’on a compris aussi que si on veut être en santé il faut bouger.

Jérôme: Le sport de compétition, ce n’est pas la meilleure des choses pour être en bonne forme. Clairement, je pense que ça ne m’a pas trop réussi. Parce je n’ai pas appliqué les choses correctement. Mais faire du sport régulièrement, c’est bien !

Juliette: Et puis, dans un club, on peut aussi faire de la compétition et devenir un vrai combattant, sans aller dans les extrêmes. On peut aussi le faire avec plaisir, sans chercher des podiums.

Le combat une expérience exceptionnelle

Jérôme: Clairement, oui. J’ai des élèves qui veulent faire juste un combat, une fois. J’en ai un qui voulait combattre. Il a fait son combat, ça s’est bien passé, il a gagné. Et puis il m’a dit, pour l’instant je n’ai pas envie de refaire, j’ai mon apprentissage. Il ne faut pas forcer les gens a le faire. Ceux qui veulent, il y a un combat par mois, donc ça demande un rythme assez soutenu. Puis les autres, s’il veut le faire une fois dans leur vie, c’est bien. Au début, j’encourageais énormément parce que je trouve que c’est une chose exceptionnelle. C’est une expérience assez unique que de monter dans un ring, une cage ou autre, et de faire un combat.

Juliette: Est-ce que tu organises parfois ce genre de choses entre tes élèves ou, pour l’instant ils sont encore trop novices ?

Jérôme: D’entraînement, on fait. Après, je ne vais pas faire de vrais combats entre mes élèves, parce que ce ne serait pas très cool de vouloir qu’ils se mettent KO entre eux. Ce serait un peu contre productif. Mais des sparring ça on en fait tous les vendredis. Pour les plus avancés, je fais plusieurs fois par semaine. Mais ce n’est pas de la très haute intensité. Le but, ce n’est pas de se taper dessus tous les jours.

Juliette: Oui, il découvre quand même cette sensation.

Jérôme: Oui, clairement. Le but, c’est comme pour tous les sports ou le foot, faire l’entraînement c’est une chose, faire le match c’est bien. Là, c’est des petits matchs, de la mise en pratique. Ça reste bon enfant. Je leur demande toujours de ne pas mettre plus de 60-70% de la force. Vitesse ou autre ils peuvent y aller, mais le but c’est de progresser et d’apprendre.

Juliette: Je pense que c’est dur de gérer sa force, c’est un apprentissage !

Jérôme: Clairement oui, ça, c’est sûr. Le plus difficile, c’est quand je mets un avancé avec un débutant. J’ai plutôt peur pour l’avancé. Car le débutant ne va pas savoir comment gérer, il va mettre des coups un peu bizarre, et il risque de blesser l’autre. Après il faut juste prendre le temps, être patient, et expliquer.

Juliette : Ça permet de découvrir la force qu’on peut avoir et réussir a la gérer et la canaliser, c’est bien !

Jérome : C’est pour ça que je n’autorise pas a faire tout de suite des sparring. À part ceux qui ont déjà de l’expérience. Pour les gens qui commencent, il n’y a pas de temps minimum, mais il faut un minimum d’acquis, et de gestion de ses émotions. Car on va se prendre des coups. Ce n’est pas impossible de ne pas en prendre, mais il faut déjà être bon. Et si je prends un coup , je dois avoir assez de self contrôle, de lucidité pour ne pas vriller et faire n’importe quoi. C’est pour cela que chaque premier sparring doit être fait avec moi. Comme ça je gère. Je touche une ou deux fois, juste pour voir le comportement. Si la personne vrille, on se rend compte que c’est trop tôt.

Juliette : C’est vrai que je n’avais pas pensé à ça. Le fait de recevoir un coup, ton système d’auto-défense peut se déclencher, tu peux t’énerver, et y aller à fond. Et donc ne plus être dans le sport, mais être dans l’agression.

Jérôme : Oui, c’est ça. Pour moi ça n’a aucun sens d’être là dedans. Car on n’est pas dans la rue, on ne combat pas pour notre vie, donc ça doit rester sportif. Même si les gens veulent faire de la compétition. Une personne qui ne gère plus ses émotions ne peut pas gérer un combat. C’est important, même avant la technique, de se gérer. C’est complexe.

Juliette : Ça dégage passablement de valeurs.

Jérôme : Oui clairement. Les gens voient qu’on se tape dessus mais derrière il y a plein de belles valeurs pour arriver à se taper dessus.

Juliette : Merci beaucoup. Bonne suite. On va rester connecté, car il va se passer plein de choses, et à bientôt.

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Jérôme Pittet
Coach et fondateur de No Limit Squad

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