L'apnée, un sport déclencheur de bien-être. CapRol
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Podcast Santé Sport de CapRol L'apnée Phil Simha

 | 2022

L’apnée, un sport déclencheur de bien-être.

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Les intervenants

– Phil Simha : Fondateur de l’école d’apnée et de plongée Scubashop, Professeur de yoga et intervenant en clinique

– Juliette Corgnet : Physiothérapeute

Transcription du Podcast

Juliette: Bonjour et bienvenue sur le podcast santé sport de CapRol. Aujourd’hui, nous allons parler de l’apnée avec Phil. Bonjour Phil.

Phil: Bonjour Juliette.

Juliette: Peux-tu te présenter s’il te plaît?

Phil: Alors oui, je suis d’origine grecque, mais j’ai eu la chance de grandir de l’autre côté du Léman, du côté de Genève. J’ai grandi dans une famille extrêmement cosmopolite, avec une vision du monde que j’ai commencé à explorer très tôt. Notamment au travers d’aventures verticales. J’ai passé pas mal de temps au Népal avec une attraction pour les hautes montagnes. J’ai commencé à y découvrir le côté méditation de la vie. J’ai appris assez rapidement que la respiration peut jouer un rôle déterminant. Autant dans des choses qui vont vers le paisible total, que dans des choses qui semblent un peu plus extrêmes.

Portrait de Phil Simha, apnéiste. ©Chris Blaser.

Phil: Ensuite, mon parcours est passé par, la plongée sous marine à titre professionnel, dans l’enseignement, comme photographe sous marin également. J’ai passé à peu près une bonne dizaine d’années à voyager intensément comme photographe sous marin. Par la suite, un peu fatigué de cette vie, certes privilégiée, mais néanmoins fatigante, et avec le sentiment que l’économie de la photographie était quelque chose qui était en train de gentiment s’écrouler ; Il y a quelques années, j’ai créé mon école à Villeneuve, au sein d’un établissement qui s’appelle le Scuba Shop. C’est un très gros magasin spécialisé plongée, apnée, natation, … l’école de plongée et d’apnée du Scuba Shop. Ce qui m’intéressait, c’était la démarche du développement de l’apnée, ce qui était quelque chose que personne dans la région ne faisait, avec une offre qui s’adresse au grand public.

Les clubs en Suisse

Villeneuve – Portrait de Phil Simha, apnéiste. ©Chris Blaser.

Juliette: A l’heure actuelle, il y a très peu de clubs d’apnée en Suisse ?

Phil: Il y en a un à Genève qui est assez important. Il y en a à Lausanne, il y a nous à Villeneuve. Et puis il y a un peu d’activité en Valais, Neuchâtel, mais dans des structures un peu plus confidentielles. Je pense que la différence que nous avons fait, c’est un peu comparable à ce qui s’est passé avec les salles d’escalade, c’est-à-dire que pendant longtemps, les salles d’escalade étaient fabriquées par des grimpeurs pour des grimpeurs. C’était un peu ce qui existait aussi dans les clubs d’apnée. Puis, petit à petit, il y a des gens qui ont dit, ayons plutôt une vision tout public, même les enfants … De la même manière qu’on a vu les salles d’escalade évoluer vers un public plus général et pas que pour des gens qui étaient déjà bons. Et bien l’apnée, au travers des stages d’initiation, des stages plus avancés dans le lac – nous on a pratiquement chaque année des champions du monde, des athlètes de très haut niveau qui viennent proposer des stages chez nous – devient aussi une activité beaucoup plus grand public. Ainsi les gens commencent à percevoir que, au delà du côté sportif, au delà du côté de dépassement de soi, c’est en fait une activité qui induit un bien-être extraordinaire. Et que peu de sports, peut être, peuvent amener en complément du côté sport lui même, ce côté style de vie, qui peut aussi avoir un impact extrêmement positif sur le bien-être et la santé des gens.

Juliette: Et qui t’amène une hygiène de vie de façon un peu innée, contrairement à d’autres sports. Où lorsque tu veux être performant, tu améliores ton hygiène de vie pour pouvoir être performant ?!

Phil: Oui, oui.

Définition de l’apnée

letemps.ch

Juliette: Est ce que tu pourrais nous définir l’apnée?

Phil: Alors par définition, ça vient du grec « apnoos », qui veut dire ne pas respirer. Par définition, l’apnée consiste à, dans notre cas volontairement à interrompre notre respiration, on n’est pas dans l’apnée du sommeil. En sachant que nous sommes de tout le règne animal, terrestre ou marin, les seuls animaux qui avons la capacité de contrôler notre respiration, voire de décider de l’interrompre temporairement. Le dauphin, par exemple, n’a pas la capacité de décision par rapport à cela. À partir du moment où son évent, le trou qui lui sert à respirer, est immergé, le dauphin suspend naturellement sa respiration. Mais il n’a pas une conscience du fait qu’il se met en apnée. Et nous sommes le seul animal qui a cette capacité de ralentir son rythme respiratoire, voire même de le suspendre complètement pendant des temps qui peuvent varier en fonction et du talent et du niveau de pratique

Temps maximale en apnée

Juliette: Au maximum, on peut rester combien de temps en apnée?

Phil: Alors, le record du monde en apnée statique est aujourd’hui à 11,35 min sur une ventilation normale et avec une préparation où on aurait respiré que de l’oxygène pur avant une apnée statique. C’est-à-dire des apnée où on s’allonge en surface, on ne fait rien. On est déjà arrivé à 29 minutes.

Juliette: C’est pas mal.

Phil: Ça fait beaucoup!

La plus grande distance horizontale parcourue en apnée

Juliette: Et en distance horizontale, quelle est la plus grande distance parcourue?

Phil: C’est une bonne question. Pendant longtemps, dans ce qu’on appelle l’apnée dynamique, donc les longueurs sous l’eau en piscine. L’approche consistait à essayer d’aller relativement vite, donc en étant beaucoup plus dans le côté acide lactique que dans le côté besoin de respirer en pensant que plus on allait vite, plus on allait faire une grande distance. Puis cette approche a été un peu chamboulée justement par la personne qui avait fait le record du monde d’apnée en statique. Elle s’est dit: « mais si je peux faire 11,35 min quand je ne fais rien. Si j’effectuai une apnée dynamique, où j’irai le plus lentement possible avec le moins de consommation possible. Peut être que j’arrive à faire des distances plus importantes ». Et là, il était parti sur une apnée qui a duré quasiment 4 min, mais dans laquelle son taux de mouvement était tellement réduit qu’au final, sur la durée, il a battu ce qui était le record du monde à l’époque. Aujourd’hui, la plus grande distance en apnée dynamique parcourue à l’aide d’une monopalmes, qui est l’engin de propulsion le plus efficace dans notre activité est de 316 m.

Phil: Chez les femmes, on n’est plus très loin. On est à 296 m, si j’ai bon souvenir chez les filles. Et sans palmes, donc avec uniquement une brasse sous marine, on est dans les 260 m chez les messieurs et autour des 240 m chez les filles. Je n’ai pas les chiffres exacts en tête. Je croire qu’on est une des disciplines sportives où les records sont souvent bouleversés. Pratiquement à chaque championnat du monde, il y a des nouveaux records qui s’établissent.

Profondeur et apnée

Arnaud Jerald – lequipe.fr

Juliette: Et en profondeur, on arrive à descendre à combien de mètres?

Phil: Alors, dans les disciplines classiques, comme de nouveau par exemple la descente avec une monopalme on est à 130 m de profondeur. Sans palmes on est à 101 m de profondeur. Et puis on voit qu’avec deux palmes, donc bipalmes, ça se rapproche gentiment puisqu’on est à 120 m depuis une quinzaine de jours. C’est notre ami Arnaud Jerald, un apnéiste français, qui est en train de faire une montée fulgurante, qui est descendu à 120 m.

Phil: Ce qui est extrêmement intéressant. C’est que les filles sont en train de rattraper les garçons, mais d’une manière vraiment impressionnante Puisque la femme la plus profonde du monde Alenka Artnik , qui était chez nous l’année passée pour un stage, est à l’heure actuelle à 122 m, officiellement. Elle en a déjà fait 124 m en entraînement. Donc on voit que l’écart de 30 m entre hommes et femmes qu’on avait, il y a encore quelque temps, est en train de se grignoter petit à petit.

Alenka Artrik – edition.cnn.com

L’apnée, un sport mixte

Juliette: Comment expliques tu qu’il y ait un écart entre l’homme et la femme ?

Phil: Il y a automatiquement une partie qui va être liée à la capacité inspiratoire et à la capacité pulmonaire totale. La cage thoracique d’un homme et la cage thoracique d’une femme ne sont pas exactement les mêmes. Les volumes disponibles à l’intérieur du corps, particulièrement au niveau du bas du tronc, sont plus importants chez les messieurs que chez les femmes. Parce que les femmes ont des organes que nous les messieurs n’avont pas besoin. Et puis le diaphragme n’a pas exactement la même élasticité ou le même positionnement chez la femme que chez l’homme. C’est vraisemblablement ces différences là, et la capacité pulmonaire un peu plus importante chez les messieurs qui explique en partie la différence.

Phil: Mais d’un autre côté, de plus en plus, on comprend à quel point c’est une activité passe par le mental. Et c’est probablement là que les femmes prennent de plus en plus confiance en elles et comprennent qu’elles sont tout aussi capables. Et que, contrairement aux stéréotypes ancrés, on est peut-être vraiment dans une discipline où l’écart n’est pas si important que ça.

Juliette: Il y avait peut être moins de femmes aussi ?

Phil: Alors, contrairement à d’autres sports où, contrairement à la plongée bouteille qui a un côté plus masculin peut être, l’apnée est beaucoup plus mixtes. Dans nos statistiques, par exemple, on est sans problème à 50 % de participantes. C’est donc une activité qui est beaucoup plus mixte en ce sens là.

Morphologie et performance

Alexey Molchanov www.lequipe.fr

Juliette: Au final, la morphologie de l’individu rentre en compte dans la performance sportive?!

Phil: Théoriquement oui. Si on prend un Alexey Molchanov, l’homme le plus profond du monde, il va avoir une capacité pulmonaire qui arrive à un total de dix litres ou davantage. Ce qui veut dire plus du double de la moyenne d’un homme adulte déjà entraîné. Et en comparaison, vous avez une petite Italienne, Alenka Artnik, qui a aussi fait plusieurs records du monde, qui semble ne pas avoir de cage thoracique du tout et qui pourtant descend à 118 m de profondeur. Donc elle est à 12 m de là où va Alexey. Alexey a des cuisses similaires à celles d’Alberto Tomba à l’époque. C’est à dire deux ou trois fois le diamètre de ma cuisse. Et Alenka, elle est montée sur des cures dents. Et puis là, on est dans des disciplines où il y a un gros investissement physique aussi, au sens lactique. Donc l’effort musculaire fourni est extrêmement important.

Phil: Par contre, la plongée la plus profonde de tous les temps, qui a été réalisée par Herbert Nitsch, qui est incontestablement le plus grand apnéiste de tous les temps. Le seul à avoir eu des records dans toutes les disciplines, indifféremment de profondeur ou piscine dynamique ou piscine statique, il a été à 250 m de profondeur.

300 m une profondeur limite

Herbert Nitsh – scuba-people.com

Phil: Physiologiquement, Herbert a toujours revendiqué que l’homme pouvait aller à 300 m de profondeur. Mais là, en terme d’effort, on n’est pas dans la même catégorie parce que c’est une descente qui est assistée par une gueuse et une remontée qui est assistée par, dans le Grand bleu on voyait des systèmes de ballon. Dans les dernières tentatives que Herbert a fait, il avait mis au point des systèmes de treuils ultra rapides pour assurer sa remontée. Donc, physiologiquement, on sait que 250 m et davantage sont possibles au niveau des possibilités du corps humain.

Juliette: Mais quand tu descends aussi bas, quand tu remonte, tu remonte avec des stops ?

Phil: Alors déjà il n’y a pas de généralités parce que Herbert a été le seul à faire cela . Depuis le milieu des années 2000, il n’y avait plus que lui qui faisait ça. Avec le dernier record du monde en 2012. J’avais le privilège d’être son photographe et son bloggeur à l’époque, donc j’ai vécu ça vraiment de l’intérieur. Herbert, lui, avait une gestion de sa plongée dans laquelle la gueuse commençait à ralentir à 40 m de la surface, pour s’arrêter à 20 m sous la surface. Là, il faisait encore un pallier de décompression, mais toujours en apnée. Avant de finir sa remontée à la brasse. Et une fois qu’il avait validé le protocole, la petite séquence qui doit être réalisée devant un juge en surface pour valider le record, il redescendait faire un peu de paliers à l’oxygène pur. Parce que sur ce type de plongée à des profondeurs extrêmes, avec des remontées extrêmement rapides, on peut se trouver confronté à des pathologies un tout petit peu similaires à l’accident de décompression.

Les réactions physiologiques durant l’apnée

  • Bradycardie
  • Vasoconstriction périphérique
  • Hyper-activation de la rate
  • Erection pulmonaire

Juliette: Est-ce que tu t’y arriverais simplement, je sais que ce n’est pas forcément simple à expliquer, ce qui se passe au niveau physiologique, lorsqu’on se met en apnée?

Phil: Alors oui. C’est quelque chose qui est assez amusant parce que parfois, les médecins généralistes sont prêts à donner sans réflexion autres un certificat médical pour de la plongée bouteille parce qu’ils disent: « Tu n’es pas cardiaque, tu n’as pas de problème pneumologique, tu n’as pas de problème d’asthme … Donc tu peux faire de la plongée en bouteille ». Et lorsqu’on évoque la plongée en apnée, ouh là là! Mais alors là, c’est autre chose. Et en fait, ce qui est étonnant, c’est que nous n’avons jamais été conçu pour respirer sous l’eau alors que l’apnée est inscrite dans notre patrimoine génétique. On partage avec les mammifères marins une physiologie dans laquelle le fait de suspendre notre respiration amène le cerveau à enclencher des mécanismes d’urgence.

Jacques Mayol – scaphander.com

Phil: La première chose qu’il va faire, c’est la bradycardie. Donc on ralentit le rythme cardiaque parce que ça va ralentir la diffusion du sang à travers l’organisme, donc cela va ralentir la consommation de l’oxygène.

Phil: Dans un deuxième temps, il va enclencher une vasoconstriction périphérique « Blood shift » en anglais, un transfert sanguin. C’est-à-dire qu’il va identifier toutes les parties du corps qui n’ont pas besoin du sang et de l’oxygène. Les extrémités en particulier. Et il va rapatrier ce sang en direction des organes nobles.

Phil: Dans un troisième temps, il va y avoir une hyper-activation de la rate qui contribue à la production des globules rouges, de l’hémoglobine et donc au transport de l’oxygène à travers le flux sanguin. Ce produit également, ce qu’on appelle une érection pulmonaire. C’est à dire qu’en fait, avec l’apnée, on va créer une surpression sanguine qui fait que les alvéoles pulmonaires vont aussi se dilater. Ce qui va améliorer le transfert et l’échange gazeux qui se réalise dans l’organisme.

Phil: Et cela se produit déjà à sec. Quand on va dans l’eau des micro-récepteurs qui sont sur le visage, transmettre l’information au cerveau : Attention, non seulement on ne respire pas, mais en plus, même si on voulait respirer là tout de suite, on ne pourrait pas parce qu’on est immergé. C’est ce qu’on appelle le réflexe du mammifère marin ou réflexe d’immersion. Et là, tous les phénomènes physiologiques dont on vient de parler vont encore être intensifiés par le fait que le cerveau est conscient du fait qu’il n’a pas accès à l’air libre.

Les contre-indications à l’apnée

Juliette: Y-a-t-il des contre-indications à l’apnée ?

Phil: Pas réellement, parce qu’en fait, au travers du travail respiratoire qu’on fait pour l’apnée, il n’y a aucun organe, cerveau comprit qui ne sont pas bénéficiaires du travail qu’on réalise. C’est-à-dire que même sur des pathologies d’asthme, même sur des pathologies post Covid, comme je traite beaucoup aujourd’hui, il n’y a aucune contre-indication. Il n’y a rien qui dit « non, l’apnée serait mauvaise pour vous ».

Juliette: Après, j’aurais tendance à dire que le travail de l’apnée est de toute façon adaptatif. Souvent le commun des mortels voit l’apnée comme : « Je bloque tout et je reste le plus longtemps possible ». Alors que c’est beaucoup plus complexe que ça. Comme tu l’as dit, il y a le statique, il y a le dynamique, il y a la profondeur. Donc on adapte, si on ne peut pas subir la pression et bien on reste en statique. On se rend compte si quelque-chose ne va pas, si on doit faire des adaptations …

Phil: On le voit au travers des disciplines, que ce soit dans les compétitions mais aussi dans la pratique de vous et moi. On voit très bien qu’il y a des gens qui vont avoir un plus grand talent pour l’apnée statique. Ce sont des gens chez qui ce côté méditatif, ce côté mode avion du cerveau va s’enclencher plus rapidement. Puis, par exemple, des gens qui viennent de la nage ou qui viennent du triathlon, qui viennent de la pratique de la haute montagne, qui sont très habitués à un effort musculaire, mais en situation hypoxique et lactique; eux ils vont davantage se retrouver dans le côté dynamique. Le côté où il y a un mouvement, il y a une technique, il y a une concentration sur ce que fait le corps. Qui fait que là, je suis plus à l’aise que dans cette immobilité.

Phil: Et puis la profondeur, c’est ce qui amène le plus de contraintes, notamment par la problématique de l’équilibrage. La pression augmentant, on doit équilibrer le poids de l’eau qui va exercer une pression sur les oreilles. On doit le compenser avec des techniques d’équilibrage qui, en gros, consistent à envoyer de l’air par l’intermédiaire des trompes d’Eustache dans l’oreille interne pour rééquilibrer la membrane du tympan. Il y a des gens chez qui ces problématiques là les limites en profondeur. Et il y a même des gens qui parfois, après 4 ou 5 m, ça ne passe pas. Il n’y arrive pas. Mais, ça aussi, ça peut se travailler parce qu’il y a aussi des exercices spécifiques qui vont permettre un élargissement, voire un relâchement des trompes d’Eustache. Et qui, avec le temps, font que même ceux qui avaient des blocages là-dessus vont pouvoir y arriver.

Débuter par un encadrement et ne jamais pratiquer seul

Juliette: Tout ce travail doit se faire de façon encadrée! En fait, il faut être encadré pour pouvoir connaître les exercices, y aller progressivement et ne pas se retrouver dans une situation délicate.

Phil: Alors déjà, on a une règle de base dans l’apnée et de toute façon, c’est notre mantra, c’est qu’on ne pratique jamais l’apnée seul dans l’eau. C’est vraiment la règle de base. On a vu des gens qui étaient plus que des athlètes de pointe, on a vu des gens qui détenaient des records du monde, mourir parce qu’ils étaient seuls dans l’eau, ce qui n’a pas énormément de sens. Donc déjà, on est toujours au minimum deux.

La pratique de l’apnée se réalise minimum à deux !

Phil: Après, c’est un peu, je dirais, comme énormément d’activités aujourd’hui, on peut avoir le sentiment que Ah mais j’ai vu une vidéo sur YouTube et ils font ça, et puis ils font ça, … Je pense que c’est une école qui peut être intéressante une fois qu’on a acquis les bases de l’activité. Mais au début, c’est indispensable à mon sens de passer par un encadrement, de poser les bases de la bonne manière. Aussi parce que cela va contribuer à la motivation. Parce que si on part sans quelqu’un qui nous aide à maîtriser les bases, on risque de rapidement heurter des murs et cela va nuire à la motivation. Alors qu’avec le bon encadrement, on se rend compte dès une initiation que l’on peut avoir des capacités largement supérieures à ce qu’on pensait. Et, ainsi avec l’encadrement, progresser, se développer.

Phil: Il y a un autre côté aussi dans le rapport à l’encadrement. Ce matin, par exemple, j’étais à l’entraînement, à la piscine. On est un groupe d’une douzaine de personnes, il y a donc aussi un côté communautaire, le rapport humain. C’est vrai qu’en apnée, un peu comme en escalade par exemple, au moment où je suis dans mon exercice, je suis foncièrement individualiste. Mais je ne peux réaliser mon exercice que parce que je sais qu’il y a quelqu’un qui assure ma sécurité, et qui veille sur moi. Donc moi, j’aime bien dire que l’apnée, c’est probablement le sport individuel le plus collectif au monde. Il y a donc dans l’apnée, tout le côté humain et rapport humain. Et comme très vite, ça va s’associer à un style de vie, on se retrouve dans une communauté de gens avec qui on a des affinités et cela permet aussi de déconner, de faire la fête, d’être bien.

L’apnée, le sport individuel le plus collectif au monde.

Juliette: Et de partager !

Juliette: Moi, ce que j’aime bien aussi, c’est toujours de dire OK, YouTube, c’est intéressant, ça doit donner des idées. Mais comme tu le dis, il faut qu’il y ait un encadrement à la base pour aussi se connaître, se découvrir. Et savoir sentir au niveau de la sécurité: où est-ce que je peux aller, où est-ce que je ne peux pas aller. Et ça, je ne pense pas qu’on puisse le découvrir si on n’a pas été encadré, et ce pour n’importe quel sport au départ. Apprendre a ressentir les choses, a ressentir le sport, et comment les choses doivent se passer. Donc il y a l’aspect communauté et l’aspect sécuritaire.

Phil: Oui, après YouTube, c’était quelque part le premier grand acteur de l’Internet où tout le monde peut avoir accès gratuitement, qui est devenu par extension les réseaux sociaux. Sur YouTube comme sur les réseaux sociaux, il y a des choses très très bien. Et puis on a pu le voir ces dernières années, qu’est-ce qu’on nous disait au mois de février? C’est que tous les experts du Covid qui sont au chômage, vont devenir des experts de la guerre en Ukraine. Donc voilà, il y a aussi ce côté là. Effectivement je pense qu’il est plus intéressant de rejoindre des groupes de discussion qui ont un peu pris la place de ce qu’étaient les forums sur Internet à un certain moment. Mais dans ces groupes, on voit aussi toujours qu’il y a des voix dominantes. Alors il y a des voix dominantes, crédibles parce qu’elles ont quelque chose à leur actif. Et puis il y a juste les voix dominantes qui sont les mêmes que sur les terrasses de bistrots. C’est juste ceux qui parlent plus fort que les autres.

Phil: Donc oui, l’accompagnement est d’autant plus essentiel que, typiquement, sur un stage d’initiation, je ne vais pas avoir plus de six participants alors que la demande est plus importante. Mais je limite à six, parce que cela va me permettre d’accorder à chacun une attention individuelle. J’enseigne aussi le yoga et ça rejoint un peu à la même chose. Tu peux avoir une salle avec quinze personnes qui suivent un cours, mais ma proposition, elle, n’est pas formulée d’une manière unique et chaque posture qu’on va réaliser, comme chaque exercice que l’on va réaliser, va être adaptée en conséquence à la personne. Et dans un groupe d’apnée, on peut avoir des gens qui recherchent davantage la performance. On va les pousser davantage. Et on peut avoir des gens qui sont beaucoup plus là pour le côté bien-être. On peut formuler la même proposition, mais de manière différente, pour répondre à différentes envies.

Juliette: En fait, tout le monde peut faire de l’apnée. A-t-on besoin d’une capacité particulière?

Phil: Absolument aucune.

Les enfants et la pratique de l’apnée

Juliette: Il y a des précautions particulières par contre, pour les enfants ou pas du tout?

Phil: Alors la particularité avec les enfants, médicalement, ce à quoi on va être attentifs déjà, c’est qu’il n’y ait pas d’asthme infantile. Souvent, il y a des formes d’asthme qui se résorbent à l’adolescence. Auquel cas on y sera attentif. Et peut être qu’on intègrera la notion de l’asthme au moment où on réfléchit à la proposition qu’on va formuler.

Phil: L’autre côté chez les enfants … On a une fille, Kim, dans notre groupe qui a douze ans. Alors c’est vrai que physiquement, elle en paraît bien davantage. Mais c’est la première fois que je vois une enfant de douze ans qui demande à faire de l’apnée statique. Et c’est vrai que d’habitude, on va éviter le mélange adultes enfants. Parce que l’enfant va davantage se réaliser dans quelque chose qui est ludique, où il y aura beaucoup plus de mouvements.

Phil: Il y a aussi ce qu’on appelle le « mermaiding », « mermaid » la sirène avec les petits collants en queue de poisson. Ça, ça rencontre aussi un grand succès aujourd’hui. C’est une autre manière d’aller vers l’apnée, mais qui peut correspondre beaucoup mieux justement au besoin de jeux des enfants. Alors que notre public d’adultes, il a ce côté, recherche de la pratique méditative ou recherche de l’effort. Mais un enfant, à mon sens, ne devrait pas forcément être poussé dans cette recherche là. L’avantage peut-être, c’est que si on pousse un enfant dans une activité qui se déroule dans l’eau, au moins il n’y aura pas d’impact sur le corps, comme il peut y en avoir dans d’autres sports dans lesquels on pousse les enfants.

La syncope en apnée

Juliette: Quand tu fais de l’apnée, et que tu restes un petit peu trop longtemps. On peut observer parfois des malaises. Comment on les explique? Est-ce que c’est grave? Qu’est-ce qu’on doit faire à ce moment là?

Phil: Alors il y a tout un chemin qui va se produire dans une apnée. Si on prend un peu l’apnée statique comme référence, parce-que c’est quand même la discipline dans laquelle on apprend à maîtriser le phénomène. Donc, on a d’abord une phase qui est dite de bien-être. Habituellement, l’être humain respire une quinzaine de fois par minute, voire une vingtaine de fois par minute, ce qui veut dire toutes les 3 à 4 secondes. A partir du moment où on interrompt notre respiration 20 ou 30 secondes, on n’est pas du tout dans la performance. Mais le Cerveau s’interroge. 30 secondes, tout le monde les fait facilement. Mais on est déjà dans une envie de respirer, c’est-à-dire que le cerveau se dit ?

Juliette: Mais qu’est-ce qui se passe?

Phil: Et puis, au fur et à mesure qu’on reste dans l’apnée, on va consommer l’oxygène qui est présent dans notre organisme. On ne renouvelle pas le stock d’oxygène. On génère du CO2, du dioxyde de carbone. Et en fait, le dioxyde de carbone va être pour notre cerveau l’indicateur d’un problème. C’est-à-dire que ce n’est pas la défaillance en oxygène qui va amener le besoin de respirer, c’est la saturation en dioxyde de carbone qui va amener ce besoin.

Ce n’est pas la défaillance en oxygène qui amène le besoin de respirer, mais la saturation en CO2.

Phil: Un parallèle avec la jauge à essence de la voiture. Le voyant s’allume, on n’est pas en panne. Si on accélère, on a moins de kilomètres à disposition. Si on lève le pied, on a plus de kilomètres à disposition. Donc chez nous, quand on reste un certain temps, les taux de dioxyde de carbone augmentent pendant que les taux d’oxygène diminuent. Et cela fait résonner cette alarme dans le cerveau. Là, on va rentrer petit à petit dans une phase qu’on va appeler la phase de lutte. On est dans le fuir ou combattre. Le cerveau va alors envoyer des messages neurologiques, et il va commencer à tirer sur les intercostaux. Il va chercher à nous faire soulever le diaphragme pour expulser ce CO2 qui le perturbe.

Phil: Dans la phase de lutte, on va être confronté à des contractions. Donc vraiment le diaphragme et on bloque tout, y compris la glotte. On est en laryngospasme, donc la glotte est aussi bloquée. On ne laisse rien sortir. Et si on arrive à poursuivre et poursuivre et poursuivre, eh bien, au bout d’un certain temps, puisqu’on a ignoré l’alarme qui s’allumait et qu’on a continué à rouler, à rouler, à rouler, à rouler. Tout d’un coup, on va rentrer en perte de contrôle moteur. Donc le cerveau dit « bon Bah là, moi je déconnecte tout ce qui ne sert à rien ». Le corps va petit à petit, peut-être avoir deux ou trois spasmes … Et derrière on arrive sur la syncope. Donc perte de connaissance hypoxique, défaillance d’oxygène. Il n’y a plus que le cerveau et le cœur qui continuent à tourner. Tout le reste s’arrête. Et c’est une des raisons qui fait qu’il ne faut jamais faire de l’apnée tout seul dans l’eau. Si on est accompagné à ce moment là, la syncope est sans danger. Si on n’est pas accompagné à ce moment là, ça peut très vite devenir une noyade.

franceapnee.com

Juliette: Comment l’accompagnant doit-il réagir?

Phil: Il faut simplement ramener la personne dans une position. Donc si on était en apnée statique, c’est un geste très simple qui consiste simplement à retourner la personne. Retirer le masque ou le pince nez. Donner des petites gifles, souffler en direction des voies respiratoires. Dire à la personne respire, respire. Et en général, au contact de l’air libre, le réflexe respiratoire se rétablit. Dans une syncope très marquée, on fera peut-être juste une insufflation pour relancer la mécanique respiratoire et ça repart sans souci.

Juliette: OK.

Phil: Par contre, la personne qui aura syncopée sera incapable de vous dire ce qui s’est passé. A partir du moment où le cerveau va partir en direction de la perte de contrôle moteur ou de la syncope, déjà à ce moment là, il arrête les disques durs et on n’a pas mémoire du moment où on passe à la syncope. Et c’est là où, par rapport à des pertes de connaissance que l’on peut avoir suite à une chute de tension, sur la fin d’un hyper-effort comme un marathon, la syncope en apnée ne prévient pas. Il n’y a pas un moment où on peut dire « Ah, je vais syncoper. Bon bah, je vais remonter d’abord ». Parce que cela ne prévient pas du tout.

Juliette: D’où l’importance d’être plusieurs. Quel est le temps de récupération après une syncope? La personne qui fait une syncope, peut-elle refaire de l’apnée le lendemain?

Phil: En général, on interdit 24 h. On se dit simplement bon gré mal gré, ce n’est pas grave, ça n’a pas de conséquences. Mais il y a eu un choc physiologique quand même pour que le cerveau dise « attend là moi j’arrête tout ». C’est comme, lorsqu’on a tiré la prise de l’ordinateur. Il faut laisser rebooster un petit peu. Donc là, on dit 24 h, tu ne refais pas d’apnée et après ça, ça va.

Juliette: Il faut prendre conscience de l’importance de la progression dans l’évolution du sport. Ne pas se dire « je force, je force, je force »…

Phil: Il faut apprendre à se connaître. Pendant une partie de ma vie, je pratiquais la haute ou la très haute montagne. J’ai pu aller à 7000 m sans souci. Et puis une autre fois, à 4005 m , on cale et on n’arrive plus à mettre un pied devant l’autre. Parce qu’on est dans une relation tellement intime avec notre corps, dans des activités comme ça, que tout va influencer: l’état de fatigue, l’état de bien-être mental. L’alimentation joue un rôle énorme dans notre pratique également. On peut être capable de 6 min de statique un jour. Et puis la semaine d’après, à 4.30 min, tout devient incroyablement compliqué.

L’alimentation avant la pratique

image représentant les articles traitant de la nutrition dans le blog santé sport de CapRol

Juliette: On évite de manger avant d’aller faire de l’apnée?

Phil: Oui.

Juliette: Combien de temps avant?

Phil: Par exemple, si on a un entrainement comme nous, les entraînements à 8h30 le matin, on va dire: ou pas de repas du tout, surtout de l’hydratation, ou alors typiquement un fruit. Comme une banane, parce que ça ne prend pas beaucoup de place. Ça ne va pas avoir un poids dans l’estomac, qui va compliquer la digestion. Étant donné que la digestion est un très gros consommateur d’énergie. Et que nous, on a besoin d’être vraiment bien dans toute la zone ventre – diaphragme. On a besoin de pouvoir être complètement relâché. Ou certaines barres énergétiques. Pas celles qui sont pleines de sucre et de graisses. Il y en a qui sont très saines ou des fois « do it yourself » avec des dattes, des amandes ou des choses comme ça, si on sent qu’on a vraiment besoin de l’apport calorique. Mais en général, si on a fait un repas correct le soir d’avant, on pourrait même se passer de nourriture toute la journée, ne manger qu’à la fin de la journée. L’hydratation serait importante, notamment pour le côté lactique et pour éviter les crampes.

Les pertes caloriques et hydriques

Juliette: Y-a-t-il des pertes caloriques ou des pertes hydriques importantes durant l’activité?

Phil: Alors il y a les deux. Les pertes caloriques, déjà, parce qu’on porte des combinaisons en général, dès qu’on est dans une eau dont la température n’est pas d’au moins 32-34 degrés. On sait qu’il y a une différence entre la température centrale du corps et le fait qu’on est complètement immergé. On est entouré d’un cocon qui est d’une température différente de la nôtre. La combinaison va nous protéger en partie du froid. Mais c’est quand même une des activités dans laquelle on va avoir une consommation calorique très importante, alors que l’effort, lui, ne semble pas si important que ça.

Phil: Et puis, c’est pour ça qu’on dit aussi de faire attention au niveau de l’hydratation. Boire trois litres d’eau avant d’aller dans l’eau, ça ne sert à rien. On a un réflexe naturel qui s’appelle la diurèse d’immersion. Là aussi, c’est le choc thermique au niveau des organes internes qui fait que si on a bu trois litres avant, on va beaucoup uriner. Il est plus important de se réhydrater ensuite. C’est là que le corps en a le plus besoin. Et éventuellement moi des « bypasse » que j’ai trouvé, c’est de consommer un demi litre avant l’entraînement. Avec un mélange de type de boisson isotonique. Mais au lieu de le prendre en iso, je vais le prendre en hypotonique, c’est-à-dire que je vais ne mettre que la moitié du dosage recommandé. Là c’est aussi pour le côté sucres, acides aminés, pour maintenir les selles et éviter justement de trop uriner ou de trop perdre aussi sur les sels minéraux, et ces choses là.

Les 4 phases respiratoires

Guillaume Nery – ledauphine.com

Juliette: Vous faites beaucoup de travail respiratoire. Il y a différentes techniques, je présume.

Phil: C’est le cœur de ce qu’on fait.

Juliette: Alors on ne va pas faire un cours sur toute la respiration, ça va être trop long. Mais est-ce que tu peux expliquer les différents types globalement de respiration?

Phil: Il y a quatre phases de la respiration pour l’apnée. Il y a une première phase qui est une phase qui vise à aller vers le lâcher prise, le relâchement, le ralentissement du rythme cardiaque. Cette respiration là, elle va se situer dans la partie basse des poumons. On va parler d’une respiration ventrale ou abdominale à mettre entre guillemets parce qu’on respire dans les poumons. On ne respire pas dans le ventre, donc c’est quand même une respiration forcément pulmonaire. Des fois, on utilise le terme respiration diaphragmatique, mais par défaut, la respiration est diaphragmatique. Donc de nouveau… Moi je dis respiration basse simplement. L’idée c’est de dire que si j’ai une main qui se place sur le haut de la poitrine et une main avec le pouce au niveau du nombril, tout simplement, pendant cette ventilation, la main supérieure ne bougera pas et uniquement … (voir vidéo). Et de fait, en restant sous la zone des basses côtes, on évite de créer une stimulation cardiaque. Comme cela se fait systématiquement dans la respiration thoracique normale chez les adultes en position verticale. Du coup, le rythme cardiaque va pouvoir ralentir, se stabiliser, ralentir, se stabiliser… Et comme le cœur est le moteur de l’organisme, si on ralentit le rythme cardiaque, automatiquement, on ralentit tout le métabolisme. On va ainsi vers ce côté calme, méditatif, lâcher prise. Concentration des pensées sur la respiration qui devient déjà une activité de type méditatif.

Juliette: Donc le but principal sur cette respiration là, ce n’est pas de vider l’air, c’est de baisser ton rythme cardiaque et de faire une mise au calme.

Phil: En ayant toujours des expirations prolongées pour favoriser l’expulsion du CO2. Et puis différentes méthodes sont préconisées. Moi, au début, j’essaye toujours de dire, « au début fait le plus simple ». Après, quand tu apprendras à connaître, tu peux voir d’autres manières de faire.

Phil: Avant l’apnée, on va prendre une inspiration finale qui, elle, va chercher à emplir toute la cage thoracique. Donc, si on reprend le même principe des deux mains posées comme cela (voir vidéo). On vide complètement. Et en partant du ventre on inspire. Donc l’inspiration finale, c’est la phase deux.

Juliette: Donc tu es en train de gonfler au départ du ventre pour regonfler vers tout le thorax. OK.

Phil: Il y a vraiment une prise de conscience qui se pratique par le travail d’autres techniques de respiration aussi. Du fait que le volume pulmonaire est beaucoup plus important que ce qu’on soupçonne. Un adulte comme moi, si je n’avais pas l’entraînement que j’ai, j’aurais une capacité pulmonaire de quatre litres en moyenne. Le volume courant… (Bruit des vagues sur le lac en fond sonore)

Juliette: La nature nous parle.

Phil: C’est l’ambiance. Le volume courant, c’est ça. C’est un petit mouvement de 0,2 à 0,3 litre. La capacité pulmonaire totale, si elle est de 4 litres, ça ne sert à rien pour une apnée de jouer… Et c’est là où justement, parfois sur YouTube par exemple, les gens y voient des trucs comme la technique de la carpe. Technique qui est utilisée à très haut niveau. Qui consiste, après avoir fait le plein de la cage thoracique, à faire encore des succions avec la bouche pour encore comprimer, comprimer, comprimer. Herbert dont je vous parlais tout à l’heure, il rajoutait quatre litres en carpant avant une apnée. Mais si on observe le langage corporel, ça ressemble à ça (voir vidéo).

Phil: Et là, le commun des mortels ne peut pas être détendu. C’est impossible. Si on crée une surpression comme ça dans un organisme qui n’est pas entraîné, à peine va-t-on bloquer la respiration, qu’on aura envie de tout laisser sortir. On va donc viser chez les débutants, mais même chez les pratiquants réguliers, 60-65 % de la capacité pulmonaire totale, on peut ainsi être relâché. Et déjà là, on arrive à des performances qui sont surprenantes par rapport à ce que les gens pensent pouvoir faire.

Phil: Donc on a le relâchement, l’inspiration finale, la phase de non respiration et ensuite on a une respiration de récupération à la sortie de l’apnée. Donc, on commence par l’expiration pour éliminer le CO2 et ensuite on va faire trois respirations ou l’inspiration comme l’expiration vont être actifs (voir vidéo). Et après on peut dire « I am ok », tout va bien. Et si on a un oxymètre au bout du doigt, on se rend compte qu’on a pu descendre à une saturation en oxygène de 50-60 %, peut-être pendant une longue apnée statique. Et avec cette respiration de récupération, en trois mouvements respiratoires, on est revenu à 100 %.

La pratique de l’apnée en complément de son sport

Juliette: Qu’est ce que tu penses de la pratique de l’apnée chez les sportifs de plus ou moins haut niveau, mais dans d’autres sports, pour améliorer leur sport? Là, moi, je le vois plus sur cette notion de gain en niveau des capacités physiologiques, et peut-être des capacités mentales aussi.

Phil: Oui, il y a énormément d’aspects qui vont jouer. Enormément d’apnéistes vont se tourner vers des activités comme le yoga. Donc ça veut dire qu’on va travailler sur la souplesse. On va travailler sur une meilleure qualité de fibres musculaires et une meilleure oxygénation des fibres musculaires. On va apprendre à notre corps à mieux exploiter l’oxygène à la disposition. On va augmenter la capacité thoracique parce que finalement, on parle de cage thoracique. Donc vraiment, nos poumons y sont enfermés, protégés aussi, mais enfermés dans cette cage thoracique. En augmentant la capacité thoracique, on augmente la capacité respiratoire totale. Ça, c’est quelque chose qui peut être bénéfique dans de nombreux autres sports.

Phil Simha

Phil: Ensuite, on rajoute le travail mental. C’est-à-dire, tout en nous dit « je ne peux plus » et pourtant je peux encore. Donc ce côté de dépassement de soi et d’interactions avec un cerveau qui nous dit « T’es cuit, tu ne peux plus, arrête ». Et le mental qui va nous dire « cerveau, je sais que tu fais ton job, je sais que tu veux mon bien, je sais que tu es mon ami, mais on sait tous les deux qu’on n’est pas encore complètement au bout. Donc on va continuer encore un petit peu ». Il peut y avoir une interaction entre plusieurs sports comme l’apnée et d’autres sports où on pousse très loin dans l’effort. Je cite très souvent le marathon, le triathlon, la très haute montagne, parce que c’est peut-être là, où on va le plus retrouver ce côté effort hypoxique et dépassement de soi.

Phil: Le mental va jouer un rôle dans tous les sports. Mais quelqu’un qui fait une course, qui est basée sur la vitesse, comme la natation ou le 100 m, il est dans un effort explosif. Son mental, il est déterminant avant le départ. Pendant la course, le mental n’existe plus. Alors que des activités dans lesquelles on est, nous. Le rapport entre le corps et l’esprit, il est déterminant pour poursuivre l’effort. Parce qu’on est dans quelque chose qui va plus vers l’endurance. Même si en apnée, on n’est pas sur les 2 h d’un marathon, on est bien d’accord. Mais on se rapproche beaucoup plus du sport d’endurance. On se rapproche beaucoup plus du conflit de l’alpiniste qui doit faire cinq pas, s’arrêter pour respirer 5 min. Dire « Mon Dieu, je n’en peux plus, je vais redescendre ». Et même sans s’en rendre compte, il est tellement mentalement habitué à cela, qu’il refait les cinq pas suivants et que tout d’un coup il est au sommet.

Les exercices spécifiques aux apnéistes

Juliette: Dans le cadre des apnéistes « purs », est-ce que vous faites des exercices à sec spécifiques? Certainement des exercices respiratoires, ça c’est clair. Mais au niveau physique, le yoga pour la souplesse, … Mais est-ce que vous faites du renforcement musculaire? Est-ce que vous avez un entraînement spécifique pour améliorer vos capacités?

Phil: On a vu petit à petit qu’il y a un peu de deux catégories. Il y a effectivement des gens qui s’entraînent, par exemple avec Alexey Molchanov, vice champion du monde et recordman du monde en profondeur, lui a un bagage qui est la natation. Tout petit, il nageait. Sa mère était nageuse d’élite. Sa mère a été la plus grande apnéiste féminine de tous les temps. Il a pris la relève. Donc lui, c’est piscine, piscine, piscine, piscine et énormément d’entraînement en piscine. D’autant plus qu’en vivant à Moscou, il n’y a pas une mer chaude à côté de la maison.

Phil: Dans d’autres écoles, par exemple, si on prend l’école du sud de la France avec des références comme Guillaume Néry, Morgan Bourc’his, des gens qu’on voit régulièrement aussi dans les médias. Eux se tournent énormément vers CrossFit. Mais essentiellement avec un travail en poids de corps. Parce qu’on ne veut pas augmenter la masse musculaire pour l’apnée. Beaucoup de travail sur le cardio avec le trail, le vélo, la course à pied. En terme de travail musculaire, on va beaucoup travailler sur la qualité des fibres, mais on ne recherche absolument pas la masse. C’est-à-dire qu’on est un peu comme des grimpeurs. On va chercher le meilleur rapport poids-puissance, mais sans augmentation de la masse musculaire. Puisque le muscle est le premier consommateur d’oxygène. Et comme on va déprimer le corps d’oxygène, on ne va pas rajouter des consommateurs.

Morgan Bourc’his

Juliette: Les apnéistes professionnels ont une grosse surveillance de leur poids?

Phil: On porte des combinaisons tellement moulantes que je crois qu’on se rend vite compte. Si la combinaison est plus dure à mettre, c’est un signe. Oui, on surveille tout. On surveille un peu comme dans tous les sports arrivés à un très haut niveau. Il y a aussi un côté être accompagné par les bonnes personnes, qui peut jouer un rôle très important. Beaucoup vont avoir des préparateurs physiques, des contrôles réguliers, peut-être un accompagnement physio, ostéo. On n’a pas tout à fait les mêmes terminologies en France et en Suisse. En France, beaucoup de gens disent j’ai un kiné. Et en fait le kiné, c’est chez nous, le physio. Alors que chez nous, un kinésiologue, c’est quelqu’un qui travaille sur quelque chose de complètement différent. Ça n’a rien à voir avec la gestion, l’entretien du corps.

Phil: Donc oui, on va trouver la présence de ces gens là dans notre sport aussi. Et en plus des préparateurs physiques, pour certains athlètes, le déclic va se faire avec la rencontre avec un préparateur mental, qui va savoir appuyer sur les bons boutons.

La nutrition

Juliette: Et au niveau de la nutrition. L’apnée est quand même proche de la nature, de la concentration sur soi, de la méditation. Donc cela amène forcément à l’aspect nutritionnel. Ou peut être pas?

Phil: Mais si, si ..

Juliette: Qu’est-ce que je mange? Est-ce que c’est sain? Comment je digère?

Phil: Il y a tout ce côté là. Je suis avec mon ami Nik Linder, qui est un multiple recordman du monde, on est auteur de plusieurs ouvrages sur l’apnée. Je suis un mauvais commerçant. J’aurais dû le pitcher avec la couverture. Là, je n’ai pas pensé.

Juliette: On mettera les liens.

Phil: Et le chapitre cinq du livre qu’on a fait, qui s’appelle l’apnée, commence par cet aspect là, la nutrition. C’est déterminant parce que dans certaines classes de la société, les gens disent « tu es ce que tu conduis ». Nous, on va plutôt penser « on est ce qu’on mange ». Dans le lien avec la nature, mais aussi pour la qualité nutritive, énormément d’apnéistes se tournent vers l’alimentation végétarienne. On élimine énormément la viande. Par conscience écologique parfois, mais je dirais presque la plupart du temps, par conscience physiologique. On prend conscience qu’au niveau cardio-vasculaire, la viande n’amène rien du tout. On réalise que malgré ce qu’on essaye de nous inculquer encore maintenant, quand on vote pour le bien être animal ou des choses comme cela, que la protéine animale est indispensable à l’homme. Je dis toujours, mais l’animal que tu manges, lui, c’est nourri d’herbes. Donc ta protéine animale, c’est une protéine végétale qui a été recyclée. Et qui t’est resservie sous une autre forme. Mais, on a dans les lentilles, les pois, les haricots des concentrations de protéines qui sont largement supérieures à celles que l’on va trouver dans la viande. Donc beaucoup de gens s’éloignent aussi de la viande.

Phil: On va chercher dans l’alimentation tout ce qui va favoriser le transit intestinal. Parce que c’est vraiment important pour nous d’avoir un bon transit, de pouvoir aller à selle très régulièrement, de ne pas être encombré au niveau des viscères et des organes internes. On va beaucoup travailler sur la qualité des sels minéraux et des acides aminés. Evitez aussi certains produits comme le lactose, qui ont un impact sur les muqueuses, par exemple au niveau de toute la sphère ORL. Donc qui peuvent être source de problèmes au niveau de l’équilibrage pour les gens qui font de la profondeur. Et en général, s’orienter vers une hygiène de vie qui soit saine à tous les sens.

L’apnée un déclencheur du bien-être

Phil: C’est là où l’apnée peut être un déclencheur très intéressant. Je vois autour de moi énormément de gens qui avaient un certain style de vie et qui, au travers de l’apnée et de leur découverte de cette activité, du bien-être qu’elle procure, rentrent dans cette quête du bien-être.

Phil: Et réalisent que le bien-être passe aussi par l’alimentation, par la qualité du sommeil, par le repos mental, donc la déconnexion aussi. D’ailleurs, dans notre groupe, c’est notre slogan, on dit « l’apnée, ce n’est pas un sport, c’est un style de vie et ça rend les gens heureux ».

L’apnée, ce n’est pas un sport, c’est un style de vie et ça rend les gens heureux.

Juliette: Ça amène le bien-être!

Phil: C’est une source de bien-être étonnante. D’autant plus que typiquement, quand on est dans l’apnée statique, on peut passer par ce que j’appelle une forme de masochisme mental, le fuir ou combattre. Et on décide, et bien non, je vais combattre. Et ce qui est très difficile à décrire, c’est qu’on en ressort avec un bien-être incroyable. On avait l’année passée la RTS qui est venue faire un sujet pendant un stage d’initiation au bout du lac à Villeneuve. Ils ont interviewé des gens qui faisaient ça pour la première fois. Il y avait une participante, je trouvais qu’elle exprimait cela vraiment justement, elle disait « Mais je pensais que j’allais être dans le dur, dans la lutte, dans le combat. Et en fait non. Finalement, c’est hyper apaisant ». Et c’est vrai que ça peut être surprenant dans ce sens là. C’est ce côté, non être, lâcher prise, qui distingue peut-être l’apnée de tout autre activité. Moi, je dis toujours en rigolant, qu’on est les seuls sportifs qui peuvent s’entraîner allongés sur un tapis et rester crédible.

Juliette: Ça donne envie d’essayer!

Phil: Eh bien, il faut essayer!

L’initiation

laliberté.ch

Juliette: L’initiation, en général, elle se fait en piscine ou elle se fait au lac?

Phil: En piscine. Pour poser les bases. Si on n’avait pas de piscine, on pourrait être ici dans un mètre d’eau et on pourrait tout aussi bien le faire. Pour autant qu’on ait une combinaison et qu’on ne soit pas confronté au froid ou au choc thermique, qui peut induire une crispation. Donc on aura plus de mal à aller vers le relâchement.

Phil: On va toujours commencer en général par l’apnée statique, même si ce n’est pas la discipline dans laquelle on se réalise par la suite. Parce que c’est par ce biais là, qu’on va faire le lien entre intellectuellement: je sais ce qui va se passer dans mon corps, et maintenant, je le vis, et il y a ça qui est en train de se passer dans mon corps, je sais pourquoi ça se produit, je choisis d’accepter ces phénomènes. J’insiste toujours énormément dans les initiations, Je dis toujours sans vous faire violence vous allez rester 1.5min, 2 min en apnée. Si vous avez envie d’aller plus loin dans la violence, vous allez rester 3 min, 4 min. J’ai des gens sur une initiation qui dépassent les 4 min, mais sans s’en rendre compte. Ce sont ceux qui vont un peu plus dans le côté combattre. Mais déjà 1.5 min, on est dans l’extraordinaire.

Juliette: C’est la plus grande introspection, en fait!

Phil: Exactement! L’apnée statique, elle a cette valeur que c’est là qu’on fait le lien entre l’intellect, le corps et qu’on éduque le cerveau à accepter une chose sur laquelle il n’a habituellement pas besoin de réfléchir. Puisque dans la respiration on est dans le système sympathique. C’est quelque chose qui est naturel, induit et spontané. Et auquel on ne réfléchit pas. Par le biais du parasympathique, justement, on peut prendre contrôle, ralentir, contrôler, suspendre. C’est là qu’on rentre dans une activité où on ouvre un autre univers de découverte de soi-même.

Juliette: C’est quand même globable, parce que tu as: l’introspection, la mise en place d’un bien-être qui est censé grandir, et puis la maîtrise de soi, et de ton corps. C’est magique!

Une valorisation de soi-même

Phil: Oui, et il y a un autre côté qui est hyper important: c’est une valorisation. C’est une valorisation parce-que si notre ordinaire, c’est 15-20 respirations par minute. Je vois beaucoup de gens avec qui je travaille, hors apnée, spécifiquement des patients en clinique, c’est de 20 à 25 respirations par minute. C’est terrifiant! On ne bénéficie pas de l’apport en oxygène, on ne bénéficie pas de la production de CO2 qui va cumuler tout plein d’autres toxines, même les cellules grasses de l’organisme, et les expulser avec la respiration. On ne bénéficie pas des massages cardiaques, du massage des organes, de tout ce qu’on peut faire avec la respiration.

Phil: C’est une valorisation parce que si tu as pu faire 2 min d’apnée en ayant le sentiment que tu as retenu ta respiration pendant 30 s, que tu n’es pas entré dans une zone de souffrance extrême. Tu as réalisé quelque chose qui est hors de l’ordinaire. Donc on est du domaine de l’extraordinaire. Et on vit dans une société où, que ce soit dans le travail, dans le familial, beaucoup de gens, manque un peu de reconnaissance, de valorisation. Donc oui, il y a aussi un côté valorisation de soi-même, estime de soi, confiance en soi, qui peut être boosté par ce biais là.

Juliette: Valorisation de soi-même par soi-même en plus !

Wim Hof

Wim Hof – countryandtownhouse.com

Juliette: Pour finir, as-tu entendu parler de The Iceman?

Phil: Oui, Wim Hof. Oui, bien sûr.

Juliette: Qu’est-ce que tu penses de cette notion de thérapie par le froid? Il a fait pas mal de records en apnée, immergé dans de l’eau très très froide. As-tu un avis particulier sur ce sujet? On dévie un peu parce qu’on aborde la thérapie par le froid. Mais il utilise beaucoup la respiration et l’apnée.

Phil: On va faire de l’apnée sous glace aussi une fois par année ou des choses comme ça. Beaucoup d’apnéistes, déjà auparavant, pratiquaient le bain en eau froide, ou vont plonger toute l’année en milieu naturel. On a vu que pendant les phases Covid, avec les fermetures des piscines, il y a beaucoup plus de gens qui se sont intéressés à la baignade en eau froide.

Phil: Maintenant, là où on se rejoint, c’est dans l’utilisation de la respiration vers un objectif spécifique. J’ai vu des gens préparer l’Everest, par exemple, en utilisant Wim Hof. Aussi bien pour faire de l’acclimatation thermique que pour le travail sur la respiration, l’apnée, l’augmentation des concentrations d’oxygène dans l’organisme, la maîtrise cardiaque. Mais j’ai aussi vu des gens utiliser le yoga et la méditation dans cet objectif là.

Phil: Ce qu’il y a d’extrêmement différent, c’est que la méthode Wim Hof, ce type d’approche là, se base sur l’hyperventilation. Et pour nous, l’hyperventilation va complètement à l’encontre de ce qu’on fait. Parce qu’elle va induire une accélération du rythme cardiaque. Elle fausse les indicateurs du CO2. Elle active tout le système sanguin et musculaire. Donc elle va davantage utiliser d’oxygène à l’intérieur du corps. Et en ce sens là, même si pendant un temps, on a pu utiliser, je parle des années 70 peut-être encore, à l’époque des fameux duels entre Mayol et Maiorca… Maiorca, c’était vraiment ce côté (voir vidéo) hyperventilation. Vous avez cette scène mythique du Grand Bleu, où le Japonais se ventile de cette façon, et finit par syncopé en surface.

Phil: C’est vrai que lorsque Mayol est arrivé, il a amené, le zen, la méditation. Tout ce qu’on appelle « pranayama », maîtrise de l’énergie vitale. Les techniques respiratoires qui viennent de la science yogi qui est ayurvédique. Et il a clairement montré que c’est cette voie là qui est la bonne pour l’apnée qu’on pratique, nous.

Phil: Le dénominateur commun, c’est de dire que dans les deux cas, on va modifier notre respiration naturelle ou inconsciente avec un objectif spécifique. Par contre, les techniques appliquées ne sont pas du tout les mêmes.

Juliette: Elles sont limite contradictoires?!.

Phil: Elles sont opposées.

Juliette: Donc une personne ne peut pas pratiquer les deux? Ou peut pratiquer les deux, mais à distances l’une de l’autre?!

Phil: On peut tout à fait pratiquer les deux.

Juliette: Mais il faut avoir conscience que c’est opposé.

Phil: Voilà, mais ce sont deux travaux différents. Rien n’empêche un marathonien de faire du sprint. Donc c’est compatible. Le travail hyperventilatoire qui est pratiqué dans la méthode Wim Hof, à long terme, avec une pratique régulière, aura aussi des impacts comme l’assouplissement de la cage thoracique, la conscience des volumes pulmonaires. Puisqu’on est très conscient des volumes antérieurs les plus visibles. Mais on ne se rend pas compte que le volume postérieur est encore plus important. Beaucoup de gens disaient: « mais pourquoi on met les patients Covid à plat ventre pour les aider à respirer? ». Parce qu’en fait, la masse pulmonaire qui peut respirer sans pression de poids du corps est plus importante dans le dos. Donc ça va être plus confortable. Tout ça va aider aussi à une prise de conscience. Mais par contre, l’hyperventilation n’est pas l’amie de l’apnéiste, non.

Juliette: OK. Est-ce qu’il y a des choses que tu voulais rajouter sur l’apnée? J’ai l’impression qu’on a fait le tour.

Phil: On a déjà dit beaucoup de choses.

Juliette: Je pense aussi qu’on a dit beaucoup de choses, rien de plus?

Le message final

Phil: J’ai toujours la volonté, le besoin de rajouter le message final. On peut essayer tout seul. On peut s’entraîner un sec. Il y a même des applis pour les téléphones pour s’entraîner à sec et ainsi de suite. Mais voilà, n’envisagez jamais l’apnée tout seul dans l’eau. Il y a des gens de très, très haut niveau qui y ont laissé leur peau. Et pourquoi rendre morbide une activité qui en fait quelque part, est une célébration de soi, de notre corps, de ce que notre esprit est capable de faire, de ce qu’on est capable de faire dans l’association Corps et esprit? C’est une ode au lâcher prise. Pour moi l’apnée, c’est une forme de poésie du corps humain. Et je crois qu’effectivement, c’est tellement tout public que toute personne dont l’intérêt est titillé par le discours devrait venir essayer. Même ceux qui ne continuent pas dans l’apnée elle même. En général, ça va les amener au yoga ou à la méditation, ou à des prises de conscience de choses dont ils n’avaient pas conscience auparavant.

Juliette: Simplement à la recherche du bien-être.

Phil: Oui.

Juliette: Moi je dirais allez essayer! Merci.

Phil: Avec grand plaisir. Merci à toi.

Juliette: À bientôt

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